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Reviewed by:
  • Le rituel du vote. Les assemblées romaines du peuple by Virginie Hollard
  • Cyril Courrier
Virginie Hollard
Le rituel du vote. Les assemblées romaines du peuple
Paris, Cnrs Éditions, 2010, 292 p.

Cet ouvrage, issu d’une thèse de doctorat soutenue en 2006, se propose d’étudier les rôles législatif et électoral du peuple sous les principats d’Auguste et Tibère, à travers une analyse du fonctionnement des assemblées romaines – les comices – durant cette période charnière que constituent la fin de la République et le début de l’Empire. L’objectif de ce livre est de mesurer aussi précisément que possible l’impact, sur une institution républicaine, de l’arrivée au pouvoir d’un princeps dont le régime monarchique ne fut officiellement jamais présenté comme tel et, bien au contraire, inscrit dans le prolongement des institutions traditionnelles. L’ambiguïté fondamentale du principat instauré par Auguste constitue ainsi la trame d’un travail dont la problématique peut être présentée en deux questions essentielles, clairement exposées dans l’introduction : le peuple fut-il moins sollicité pour le vote des lois et l’élection des magistrats sous l’Empire que sous la République ? Que cette participation soit ou non aussi fréquente que sous la République, le sens à lui accorder a-t-il toujours la même importance politique ou ne devient-il progressivement qu’un acte formel ?

En trois chapitres globalement équilibrés et accompagnés d’un index des sources, d’une riche bibliographie et d’un glossaire, Virginie Hollard s’efforce de répondre à ces deux interrogations en rassemblant, tout au long de son ouvrage, un certain nombre d’arguments à l’appui d’une thèse fréquemment répétée et solidement étayée : les sollicitations du peuple aux comices ne diminuèrent pas sous l’Empire ; bien au contraire, les deux assemblées continuèrent d’apparaître comme la source de tout pouvoir, notamment de celui du prince. Inversement, cette continuité institutionnelle s’accompagna d’une formalisation de cette participation, d’une « ritualisation » marquée par la mutation d’une pratique, le vote, dont le sens politique premier (l’expression d’une opinion) évolua vers celui d’une légitimation du nouveau pouvoir, l’originalité de la démarche se situant précisément dans la volonté de reconsidérer cette ritualisation, de l’étudier pour elle-même et d’en montrer l’importance.

Pour ce faire, l’auteur ne pouvait s’épargner le détour par une présentation du rôle des assemblées romaines à l’époque républicaine. Dans un premier chapitre qui se veut un [End Page 189] panorama d’ensemble du fonctionnement théorique des institutions, elle expose les principales caractéristiques du vote populaire à Rome. Celui-ci prend place dans deux moments importants de la vie politique : le vote des lois et l’élection des magistrats, au sein de deux assemblées qui conservèrent un rôle jusqu’à la fin de la République, les comices centuriates et tributes, dont elle rappelle, en reprenant pour l’essentiel les travaux de Claude Nicolet, les éléments les plus notables. En dépit de coquilles ou quelques erreurs résiduelles, la clarté de l’exposé est remarquable et sera utile à un public non spécialiste. L’accent est mis sur le formalisme des Romains et l’importance du respect des procédures. Le sens à accorder à la pratique du vote sous la République est également abordé (parfois de manière un peu trop nuancée) : en dépit de garde-fous institutionnels qui empêchent de parler de souveraineté populaire, le vote romain n’en était pas moins, à l’époque républicaine, le moyen d’interroger une opinion politique dont l’expression était, qui plus est, nécessaire à l’existence de la loi et à la creatio des magistrats. On ne peut, de ce point de vue, que regretter la quasi absence de réflexions consacrées à la composition sociologique du peuple de la Ville. De même, une trop succincte prise en compte de la...

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