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  • L’école : une bonne affaire ? Institutions éducatives, marché scolaire et entreprises (XVIe–XXe siècle) dir. Jean-François Condette
  • Pierre Caspard
Jean-François Condette (dir.). - L’école : une bonne affaire ? Institutions éducatives, marché scolaire et entreprises (XVIe–XXe siècle). Villeneuve d’Ascq , Revue du Nord , Hors série n°29, 2013 , 394 pages.

Le titre du livre doit se comprendre par référence à un autre volume récemment publié, qui traitait de l’histoire du financement de l’école par l’Église, les communes, les familles et l’État1. C’est en quelque sorte le versant externe de l’économie de l’école qui forme le sujet du présent ouvrage, la question posée étant celle des bénéfices que des entreprises privées ont pu retirer du fonctionnement de l’école publique, que ce soit au niveau local, régional ou national. De ce point de vue, les communications réunies par Jean-François Condette, issues de deux journées d’études tenues à l’université d’Artois en 2011, constituent un ensemble très neuf, qui intéresse de diverses façons l’histoire économique et sociale, au-delà même du Nord de la France, légitimement privilégié avec neuf contributions sur les dix-huit qui composent le recueil.

Est donc évoquée une large gamme d’entreprises, petites ou grandes, qui ont pu tirer profit du fonctionnement des établissements d’enseignement : entreprises du bâtiment (F. Robert, J.-F. Condette, S. Zenouda), fournisseurs de matériel didactique (M. Fontaine, J.-G. Egginger), libraires (P. Moulis, V. Castagnet), auteurs et éditeurs de livres scolaires (F. Marcoin) et, pour la période la plus récente, entreprises de ramassage scolaire (J.-F. Grevet) ou assurant des cours particuliers (D. Glasman). Des établissements d’enseignement privés, catholiques ou non-confessionnels, peuvent eux-mêmes apparaître comme des bénéficiaires collatéraux de l’existence du système d’enseignement public, soit qu’ils aient suppléé à ses insuffisances (J. Krop), soit qu’ils aient plutôt répondu à des demandes spécifiques des familles (P. Marchand).

Toutes ces entreprises font-elles réellement une « bonne affaire » en travaillant pour l’école ? L’expression suggère des profits particulièrement plantureux, mais la réponse donnée par les auteurs est le plus souvent dubitative, faute de sources permettant d’évaluer ces profits. Le négatif semble parfois l’importer sur le positif, en raison des contraintes budgétaires fortes et des rigidités réglementaires que connaissent souvent les établissements ou les autorités qui les financent. En tout cas, l’ouvrage montre que, sur les marges ou à la périphérie d’un enseignement public plus ou moins gratuit, a toujours existé et continue à exister une zone d’intérêts marchands où s’activent des acteurs de toutes tailles.

Par ailleurs, plusieurs des contributions analysent des formes d’investissement qui dépassent largement les intérêts purement financiers ou marchands. Ainsi des fonds accordés à la faculté des sciences de Lille par les compagnies minières de la région, dans l’attente des retombées utilisables des recherches géologiques qui y sont menées (A. Matrion) ; du développement des cours de sténographie et de dactylographie sous la IIIe République, dû à la conjonction d’un lobbying à la fois patronal, associatif et philanthropique (S. Lembré) ; de l’engagement des chambres de commerce dans l’orientation et l’enseignement professionnels, dans le contexte difficile [End Page 134] de l’entre-deux-guerres (J. Martin) ; ou encore de l’histoire de l’école d’apprentissage de Renault (1919–1989), qui permet d’évaluer l’intérêt que l’entreprise a vu à assurer elle-même la formation de ses ouvriers, puis à se satisfaire de celle qu’offraient les lycées techniques (E. Quenson).

Entre les acteurs économiques locaux sollicités par le simple fonctionnement des établissements d’enseignement – il faut bien les construire, puis les entretenir... –, les investissements à moyen ou long terme que les entreprises ou le patronat opèrent, de leur propre initiative, dans la formation...

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