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  • Bon usage et variation sociolinguistique: perspectives diachroniques et traditions nationales ed. by Wendy Ayres-Bennett, Magali Seijido
  • Deborah Meunier
Bon usage et variation sociolinguistique: perspectives diachroniques et traditions nationales. Sous la direction de Wendy Ayres-Bennett et Magali Seijido. (Langages.)Lyon: ENS Éditions, 2013. 340pp.

Cet ouvrage collectif, issu d’un colloque international organisé en 2009 à l’Université de Cambridge, a pour objectif d’examiner, au prisme de l’étude de différents corpus, dans quelle mesure établir un ‘bon usage’ revient à proscrire les variantes, et si ce concept [End Page 442] ressort exclusivement d’une tradition française. Wendy Ayres-Bennett et Magali Seijido ont opté pour un parcours diachronique de la conception du ‘bon usage’, qui met efficacement en perspective le débat. En effet, si l’on s’accorde pour dire que le bon usage rimait, jusqu’au dix-septième siècle, avec ouverture et évolution — les spécialistes préféraient la description à la proscription, recueillant les variantes sans pour autant les sanctionner — on prête traditionnellement à la fondation de l’Académie française la responsabilité de la fin de l’ouverture et de la tolérance vis-à-vis de la variation linguistique. Or, plusieurs contributeurs adoptent, fort justement, une position plus nuancée. En effet, leur analyse fine de différents textes métalinguistiques montre que ‘bon usage’ et variation n’ont pas toujours été inconciliables. Tantôt normatifs, tantôt tolérants, les grammairiens et remarqueurs oscillaient entre plusieurs postures et figures de l’autorité. Le modèle à suivre passe de l’érudit au mondain, de l’oral à l’écrit, et ne peut donc s’interpre ′ter qu’en fonction du contexte sociohistorique. Cependant, même si le traitement du ‘bon usage’ en France montre une certaine instabilité en matière de prescription — cette dimension va évoluer et s’accentuer au fil du temps, dans un souci d’unification et d’enseignement-apprentissage de la norme —, il présente par contre une continuité à certains égards: les observations ponctuelles des faits de langue et leur présentation peu systématique; la volonté de vulgariser le discours sur la langue; ou encore les questions traitées, comme celle des néologismes, toujours au centre des discussions actuelles, entre intérêt et rejet. Le métalangage, lui aussi, se veut pérenne, privilégiant la subjectivité (la langue sera nette, pure ou douce) et l’imaginaire linguistique. Trois sections organisent chronologiquement le propos. La première partie nous apprend comment a émergé et évolué la notion de ‘bon usage’ en France, du De latinitate d’Henri Estienne (1576) jusqu’au début du dix-huitième siècle, lorsque l’Académie française affirme sa position dominante. Dans un deuxième temps, la tradition du ‘bon usage’ est explorée au travers d’études de cas, de 1700 à aujourd’hui, montrant que la compréhension et l’utilisation de l’expression n’est pas univoque, mais au contraire plurielle et variable selon les contextes. Finalement, la dernière section est consacrée aux expressions nationales de la notion, dès lors que le souci de la correction linguistique ne s’arrête pas aux frontières françaises, mais s’exprime bien au-delà. Les auteurs y montrent des filiations transnationales — comme le partage de certaines idéologies, notamment puriste, sur la qualité ou la clarté de la langue —, même si les traditions varient très fortement d’un contexte historicopolitique à l’autre (moins prescriptive en Allemagne ou en Angleterre, attentive aux variétés populaires en Hongrie, identitaire en Russie) et que les réflexions sur le ‘bon usage’ ne se développent pas simultanément partout.

Deborah Meunier
Université de Liège
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