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  • Récits marquisiens: récits traditionnels des îles Marquises trans. by Henri Lavondè, ed. by Jean-Marie Privat, Marie-Noëlle Ottino-Garanger
  • Edward Ousselin
Récits marquisiens: récits traditionnels desîles Marquises. Traduction de Henri Lavondès. Coordination et présentation de Jean-Marie Privat. Notes et glossaire de Marie-Noëlle Ottino-Garanger. (Paroles d’ailleurs.)Grenoble: ELLUG, 2013. 218pp.

L’ethnologue Henri Lavondès (1926–1998)aséjourné auxîles Marquises durant les annéessoixanteetapublié deux livres sur les récits traditionnels qu’il a recueillis et traduits. Une dizaine de ces récits sont reproduits dans ce recueil, qui contient également une présentation historique, des références bibliographiques, un glossaire et des cartes. Le choix de la publication de cet ouvrage semble en partie résulter de la volonté de rendre hommageà l’œuvre de Lavondès: ‘C’est son remarquable travail scientifique (transcription, traduction, interprétation) qui nous a servi de guide’ (p. 11). Destinéaux non-spécialistes, Récits marquisiens offre un aperçu de certains aspects de la culture de cet archipel polynésien, [End Page 435] avant les effets destructeurs de la colonisation au dix-neuvième siècle et l’incorporation dans le territoire d’outre-mer de la Polynésie française en 1958. Reflétant une culture orale fort riche mais déjà bien lointaine, les récits appartiennent à des genres narratifs divers, la plupart comportant deséléments religieux ou merveilleux. Comme le signale Jean-Marie Privat dans sa présentation: ‘tous ces récits sont composites et participentàla fois du mythe, de la légende, du conte et parfois de formes narratives spécifiques’ (p. 10). Certaines constantes se retrouvent d’un récità l’autre: la terre et la mer, les animaux et les poissons, le voyage initiatique et les dangers qui l’accompagnent, les luttes entre les hommes et contre leséléments, les ruses des hommes et des dieux, la magie et le destin, l’omniprésence de la mort et la ténacité des vivants, la sexualité et la reproduction. Comme dans desépopées plus célèbres dans le monde occidental, la narration desévénements est parfois accompagnée par des litanies, des images poétiques communément partagées, des invocations ou des formules rituelles. Le premier récit, ‘Histoire de Ati Papa’, inclut un long voyage en pirogue vers uneîle mystérieuse, la quête de précieuses ‘plumes rouges’ provenant d’oiseaux mythiques, ainsi que des épreuves initiatiquesàcaractère sacréqui permettront au nouveau chef d’assurer sa légitimité et son autorité: ‘Toute la population fut très satisfaite de Tehitutaimoana’ (p. 48). Il s’agit donc d’un récit de fondation qui assure un substrat mythique et prestigieuxàl’ancienneémergence de la communauté. D’autres récits font figurer aussi bien des ogres que le danger réel des requins; des animaux merveilleux voisinent avec des cochons bien ordinaires; des cycles de vengeance font placeà ‘l’endocannibalisme rituel’ (p. 17). Les deux versions de la légende de Tāheta (quatrième et cinquième récits), dites par deux conteurs différents, rappellent que ces récits oraux comportent ‘une marge de variation et de liberté inventive’ (p. 11). Dans l’ensemble, l’exotisme de ces récits, l’atmosphère de mystère et de merveilleux qui s’en dégage, suscite un plaisir certain chez le lecteur. Le fait qu’il s’agisse de traces écrites d’une culture orale depuis longtemps ravagée par les colonisateurs—sans lesquels, pourtant, les ethnologues n’auraient sans doute pas pu par la suite accomplir leur travail de conservation partielle d’une mémoire en voie de disparition—provoque des interrogations qui dépassent évidemment les objectifs et la portée de ce court livre.

Edward Ousselin
Western Washington University
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