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Reviewed by:
  • Historiettes by Gédéon Tallemant des Réaux, ed. by Michel Jeanneret
  • Alain Viala
Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes. Choix et présentation de Michel Jeanneret. Édition d’Antoine Adam. Notes d’Antoine Adam et de Michel Jeanneret. (Folio classique.) Paris: Gallimard, 2013. 914pp.

Les Historiettes de Tallemant constituent un ‘classique’ paradoxal de la littérature française du dix-septième siècle. L’oeuvre n’a été publiée qu’à titre posthume, elle ne rentre dans aucun des genres majeurs reconnus, se bornant à côtoyer les formes de l’anecdote et de l’‘ana’, et elle a été longtemps tenue pour un ramassis de commérages plus que pour une oeuvre littéraire. C’est pourtant une oeuvre que tous ceux qui sont curieux du dixseptiè me siècle connaissent peu ou prou. Et c’est bien dans une collection de ‘classiques’ que la voici publiée. Il en existe une version chez le même éditeur, dans la collection de la Pléiade, donnée jadis par les soins d’Antoine Adam. Le pari des éditeurs est ici de toucher, avec cette nouvelle édition, un public plus large. En pratique, Michel Jeanneret a repris non pas l’intégralité du texte, mais environ un tiers de ce qu’avait donné Antoine Adam. Il a repris aussi les notes de ce dernier, et il y a ajouté les siennes ainsi qu’une introduction. Il a également introduit des notes de vocabulaire, indiquées par des appels en lettres minuscules, et incluses en bas de page. Elles contribuent à la lisibilité. Comme y contribue aussi l’introduction, très claire et de ton très allègre. Michel Jeanneret annonce d’emblée la couleur: il propose ces Historiettes comme ‘un vent qui décoiffe les [End Page 393] perruques’. Il insiste sur l’alacrité du style de Tallemant, y compris dans son art de ‘parler turlupinesquement’ (p. 44). Et puisqu’il s’agit d’un choix parmi la totalité des Historiettes, confronté à la nécessité de les réduire au tiers, il a retenu celles qui concernent les personnages les plus illustres de la politique, des ‘illustres’ proprement dits — Henri IV, Louis XIII, Richelieu . . .—et les auteurs, en particulier les plus connus —Malherbe, Scarron, Voiture . . . On y perd sans doute certaines vues sur la bourgeoisie et la noblesse de robe de Paris, mais elles intéressent sans doute davantage les spécialistes que les simples curieux. On ne chipotera donc pas sur ces choix; il fallait en faire. On se réjouira plutôt de voir Tallemant rendu ainsi accessible à un public plus large. Non qu’il s’agisse là d’un ‘classique’ au sens plein, mais parce qu’on ne s’ennuie pas à le lire. Truculent il l’est, en effet. Surtout parce qu’il restitue de l’épaisseur à une période qui, depuis les travaux d’historiens comme Robert Descimon, Christian Jouhaud ou Jean-Pierre Cavaillé, est mieux perçue dans sa diversité et moins engoncée dans l’imagerie convenue d’un ‘classicisme’ raisonnable et compassé. Mais la truculence n’est pas gratuite. Tallemant ne fait pas que des commérages, même s’il les aime: il donne à voir les personnages historiques tels qu’ils ont été, et, lui-même élevé dans la riche bourgeoisie financière et capable de subvenir à ses besoins sans entasser les flatteries, il donne des récits de ‘particularités’, d’histoires individuelles où, par-delà les bons mots et anecdotes plus ou moins controuvées qu’il y glisse, l’épaisseur du réel trouve une place sans embarras. Â lire donc.

Alain Viala
Lady Margaret Hall, Oxford
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