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  • Ce que j’ai vu … Ce que j’ai vécu, 1914–1916 by Honoré-Édouard Légaré, and: Mon journal. France-Belgique, 1915–1916 by Georges-Ulric Francoeur, and: Écrire sa guerre. Témoignage de soldats canadiens-iiançais, 1914–1919 by Michel Litalien, ed.
  • Mourad Djebabla
Ce que j’ai vu … Ce que j’ai vécu, 1914–1916. Honoré-Édouard Légaré. Michel Litalien, ed. Montréal: Athéna, 2013. Pp. 258
Mon journal. France-Belgique, 1915–1916. Georges-Ulric Francoeur. Michel Litalien, ed. Montréal: Athéna, 2011. Pp. 302
Écrire sa guerre. Témoignage de soldats canadiens-français, 1914–1919. Michel Litalien, ed. Montréal: Athéna, 2011. Pp. 305

Témoigner de la guerre. Pour le simple combattant, tenir un journal ou publier ses mémoire après un conflit est un moyen d’ouvrir une [End Page 284] fenêtre sur son expérience du front à ceux qui en demeurèrent éloigner. Éloigné du champ de bataille principal de la Première Guerre mondiale de 1914–1918 par un océan, jamais les civils Canadiens n’entendirent le canon tonner et durant tout le conflit, leur seul rapport au front était celui que la censure et la propagande voulurent bien leur communiquer. Après 1918 et le retour des hommes au pays, des mémoires de combattants parurent pour rendre compte de « leur » guerre, celle qu’ils expérimentèrent dans les tranchées : une vision de la guerre à échelle humaine. Mais au Canada, l’ancien combattant canadien-français se tue. Rare furent ses écrits et seuls quelques noms « osèrent» témoigner de la guerre telle que vue et vécue : c’est que, contrairement à la majorité canadienne-anglaise, l’expérience de guerre des Canadiens français au Canada même fut difficile. Se battre pour l’Empire, la Grande-Bretagne, la « vieille » France, en Europe ou être obligé d’aller outre-mer avec la conscription, sont autant d’éléments qui créèrent des réticences voire des tensions au sein de la communauté canadienne-française. Conscient du manque de « solidarité » avec les leurs, l’ancien combattant canadien-français garda ses souvenirs.

Cette entrée en matière semble nécessaire pour bien mesurer et comprendre le fait que tous ces éléments font en sorte que nous ne pouvons que louer le travail de l’historien Michel Litalien qui, tel un Jean Norton dans l’entre-deux-guerres en France, mène au Québec un travail de révélation et de réhabilitation de la place du combattant canadien-français dans la Grande Guerre. En effet, depuis quelques années, grâce à des recherches dans des fonds d’archives et à l’accès privilégié à des fonds privés jusque-là inconnus, Michel Litalien a entrepris de publier des mémoires de combattants francophones du Québec. Il contribue ainsi à combler bien des manques pour l’histoire militaire canadienne en offrant aux historiens des sources précieuses sur la guerre à hauteur d’hommes dans les tranchées telle que vue, vécue et comprise par le soldat canadien-français. Nous nous démarquons ainsi de la simple interprétation mémorielle et populaire québécoise voulant que l’expérience des Canadiens français de la Première Guerre mondiale se résume à la crise de la conscription. Parmi ses derniers ouvrages publiés, citons Ce que j’ai vu … Ce que j’ai vécu, 1914–1916; Mon journal. France-Belgique, 1915–1916; Écrire sa guerre. Témoignage de soldats canadiens-français, 1914–1919.

Si chacune de ces publications rendent compte de mémoires de guerre de combattants canadiens-français, il convient de les distinguer. Ecrire sa guerre est tout d’abord un recueil de témoignages d’une cinquantaine de combattants, certains publiés dans l’entre-deux guerres, [End Page 285] comme ceux de Claudius Corneloup ou de J.-A. Lapointe, et d’autres inédits. L’ouvrage se divise de manière thématique en brossant les diverses étapes du combattant depuis son enrôlement en 1914 jusqu’à sa démobilisation en...

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