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Reviewed by:
  • Migrants and Migration in Modern North America: Cross-Border Lives, Labor Markets, and Politics by Dirk Hoerder and Nora Faires, eds.
  • Yves Frenett
Migrants and Migration in Modern North America: Cross-Border Lives, Labor Markets, and Politics. Dirk Hoerder and Nora Faires, eds. Durham: Duke University Press, 2011. Pp. 456, US$94.95 cloth, US$24.95 paper

Ce livre marque d’une pierre blanche l’historiographie des migrations en Amérique du Nord. Celle-ci a fait beaucoup de progrès depuis quarante ans, mais l’angle privilégié par les chercheurs a surtout été local, régional ou spécifique à un groupe. C’est particulièrement le cas au Canada où les travaux d’histoire de l’immigration adoptant une perspective globale sont rares. Quant à l’approche comparative, elle est encore moins commune. C’est donc dire l’intérêt à voir réunis dans un même ouvrage des textes qui portent sur différentes périodes de l’histoire de l’Amérique du Nord dans une perspective résolument transnationale, s’intéressent autant aux Caraïbes et au Mexique qu’aux [End Page 270] États-Unis et au Canada, et accordent la même importance au contexte et à l’impact économique, social, politique et culturel des migrations.

Outre l’introduction substantielle de Dirk Hoerder, le livre compte dix-neuf chapitres, répartis dans quatre sections : « Intersocietal Migrations »; « ConnectingBorderlands, Littorals and Regions »; « Complicating Narratives »; « Contemporary and Applied Perspectives ». Àl’exception de cette dernière partie, la structure du livre est quelque peu artificielle. Il faut déplorer également les répétitions, particulièrement dans les chapitres ayant pour sujet la genèse et l’évolution de la région transfrontalière mexicano-étatsusienne.

Il est impossible dans le cadre d’une recension de rendre justice à ce recueil. Je me contenterai de commenter brièvement les textes qui me semblent les plus riches, en commençant par l’introduction d’Hoerder, intitulée « Migration, People’s Lives, Shifting and Permeable Borders : The North American and Caribbean Societies in the Atlantic World ». Le co-directeur de la publication y retrace le peuplement des Caraïbes et du continent nord-américain depuis l’époque précolombienne, en le liant successivement aux ambitions impériales des royaumes européens, à l’avènement des États-nations et l’imposition subséquente de frontières, et à la montée du racisme, tout en réfléchissant aux relations des acteurs historiques avec les structures et procès sociaux. La table est ainsi mise pour des études plus circonscrites comme celle de Lara Putnam sur la sphère migratoire caribéenne entre le milieu du xixe siecle et le milieu du xxe. Géographiquement mobile, la population de la région s’est peu préoccupée des frontières impériales en se mouvant au gré de différentes conjonctures économiques, elles-mêmes redevables à des facteurs endogènes et exogènes. Dans un contexte de déséquilibre démographique entre les sexes, il en est résulté un métissage qui n’a Pas son pareil sur le continent, où, dès le tournant du xxe siècle, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, comme le souligne Angelika Sauer, ont érigé un« périmètre continental » sexué visant à exclure les indésirables. L’auteure montre bien les connections entre les politiques frontalières des trois nations.

La troisième partie, « Complicating Narratives», est la plus stimulante du livre, particulièrement les chapitres respectifs de James Gregory sur la connaissance qu’avaient les Américains des migrations entre 1930 et 1970, de Sarah-Jane Mathieu sur les Noirs du Canada et de Yukari Takai sur les migrations transfrontalières des Asiatiques en période d’exclusion. Gregory étudie comment les historiens et les sociologues ont contribué à faire prendre conscience à la population [End Page 271] américaine de l’ampleur et de l’impact des migrations internes avant 1970, notamment en entretenant des liens étroits avec les médias, fascinés qu’ils étaient par les dislocations sociales censées accompagner la mobilité géographique. En contrepartie, Gregory déplore l’absence...

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