Abstract

The evolution of the organization of feeding constitutes a privileged observatory for thinking the paternalism and its reconfigurations between the mid-nineteenth century and the “Trente Glorieuses”. At Le Creusot, the paternalism of the Schneider family had generally been hostile to the canteen system. Canteens were accepted grudgingly during periods of exceptional crises, such as the two world wars. During peacetime, the firm emphasized the importance of taking meals at home, in support of a family model based on the nurturing role of the housewife. The canteen was mainly for foreign workers and single men. Only when corporate catering was generalized under the auspices of the State, in the context of a contractual economy, did this form of paternalism begin to disappear. The decree of October 5, 1960 made it mandatory for companies with more than 25 employees to provide them with a local restaurant, leading to the generalization of staff canteens.

Abstract

L’évolution des formes prises par l’organisation de l’alimentation constitue un observatoire privilégié pour penser le paternalisme et ses reconfigurations entre le milieu du XIXe siècle et la période dite des « Trente Glorieuses ». Au Creusot, le paternalisme des Schneider s’est globalement montré hostile au dispositif de la cantine qu’il n’a adopté que de mauvaise grâce pendant les périodes de crises exceptionnelles, notamment les deux guerres mondiales. Durant les périodes de paix sociale, l’entreprise privilégie le repas à domicile et un modèle familial fondé sur le rôle nourricier des ménagères. La cantine est surtout destinée aux travailleurs étrangers, aux jeunes célibataires et aux travailleurs situés à la marge. C’est donc au moment même où la restauration collective dans les entreprises tend à se normaliser sous l’égide de l’État dans le cadre d’une économie contractuelle que l’ancien paternalisme commence à disparaître. En France, le décret du 5 octobre 1960 impose en effet aux entreprises de plus de 25 salariés de mettre à leur disposition un local de restauration, ce qui favorise la multiplication des restaurants d’entreprise.

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