In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • La francophonie nord-américaine dir. by Yves Frenette, Étienne Rivard et Marc St-Hilaire
  • Leslie Choquette
Frenette, Yves, Étienne rivard et Marc St-Hilaire (dir.) – La francophonie nord-américaine, Québec, Presses de l’Université Laval, 2012, 304 p.

Les directeurs de ce bel atlas se sont posé un grand défi: celui de retracer tous « les locuteurs du français et l’aire dessinée par leur répartition changeante sur le continent » depuis le XVIIe siècle (p. 1). L’ouvrage, qui fait partie de la collection « Atlas historique du Québec », est ainsi le premier de la série à inscrire la réalité québécoise dans un cadre continental, tout en préservant les qualités pour lesquelles la collection est déjà connue: rigueur et accessibilité de l’analyse pluridisciplinaire, attention à l’aspect visuel sous la forme de nombreuses cartes et illustrations bien choisies.

Il faut dire d’emblée que le concept de la francophonie est anachronique en ce qui concerne la présence française en Amérique du Nord. Le mot « francophonie », inventé par le géographe français Onésime Reclus, date de 1880, ou l’époque du second empire colonial français, et il est courant aujourd’hui grâce à l’Organisation internationale de la Francophonie, fondée en 1970. Il est donc né dans un contexte français colonial et postcolonial. Transférée au contexte nord-américain, l’idée de la francophonie nous encourage rétrospectivement à considérer ensemble toutes les multiples et diverses communautés francophones, aux origines géographiques, socioculturelles et même linguistiques parfois très distinctes, qui ont vu le jour entre le XVIIe et le XXIe siècles. C’est ce que fait, et de façon généralement très compétente, la grande équipe internationale qui a collaboré à cet atlas.

Organisé en cinq chapitres chronologiques, l’ouvrage privilégie les thèmes de la migration, du peuplement et de l’occupation du territoire comme fils conducteurs de la synthèse géohistorique. Les institutions créées par les migrants et leurs représentations identitaires sont moins centrales, sans être négligées pour autant. Chaque chapitre se compose de plusieurs articles axés soit sur un lieu d’accueil, soit sur un groupe migrant ou ses activités. L’échelle d’analyse varie de locale à continentale, ce qui crée parfois une certaine inégalité dans la présentation. [End Page 257]

Le chapitre sur les « premiers foyers du peuplement, 1604-1763 », met l’accent sur la diversité de migrants trop souvent vus comme homogènes. Outre les débuts de l’Acadie et de la colonie laurentienne, les articles racontent l’histoire des Français à Terre-Neuve et dans le golfe, dans la région des Grands Lacs (y compris la formation de communautés métisses bilingues), en Louisiane (dont l’arrivée de 6 000 Wolofs et Bambaras obligés de se franciser) et aux Treize Colonies (4 000 huguenots dont quelques centaines de Wallons et de Suisses) aux XVIIe et XVIIIe siècles. Je n’ai qu’une erreur à relever dans cette excellente synthèse des recherches récentes: Jean de Biencourt de Poutrincourt, nommé gouverneur d’Acadie en 1608, n’était pas huguenot mais catholique.

Le deuxième chapitre, intitulé « La frontière commerciale et agricole, 1763-1860 », souligne l’expansion de l’espace francophone. D’un côté, il y a la tradition de mobilité géographique qui crée un énorme « croissant créole » et franco-métis au milieu du continent. De l’autre, il y a l’apport de courants migratoires nouveaux: Acadiens dispersés par le Grand Dérangement, émigrés fuyant la Révolution française, réfugiés blancs et noirs de la Révolution haïtienne. C’est le prélude à l’époque traitée dans le chapitre central, celle des « grandes migrations », de 1860 à 1920.

Ce troisième chapitre est de loin le plus long, à l’image de l’ampleur des mouvements qu’il décrit. Quelques articles examinent des populations francophones établies, par exemple...

pdf

Share