Abstract

La tension entre la liberté de religion et les principes de non-discrimination devient de plus en plus aiguë. Les questions sur la meilleure façon d’équilibrer les deux droits reviennent avec une remarquable régularité. Le statut des femmes dans les politiques de multiculturalisme a fait l’objet de débats, car les questions reliées au genre mettent à l’épreuve les limites de la tolérance dans des pratiques comme le mariage de mineures et le port du voile. Dans les discours politiques, la « crise du multiculturalisme » est de plus en plus liée à l’égalité des sexes et au besoin de contrer l’inégalité des sexes, en particulier dans l’Islam. Les débats sur le genre dans les politiques concernant les différences culturelles servent simultanément à qualifier certains groupes de rétrogrades et de considérer la culture de la majorité comme la norme. Pendant ce temps, on occulte les vraies questions d’inégalité structurelle fondée sur le genre. J’examine ces questions par le biais du projet de loi 94 au Québec, qui cherchait à bannir le niqab de l’espace public. L’interdiction aurait touché pratiquement tous les établissements publics, dont les garderies et les établissements de santé publics. Le gouvernement défendait la loi en invoquant des principes d’égalité des sexes et de laïcité. Je défends une politique de multiculturalisme qui porte sur les inégalités structurelles et non sur les différences culturelles. En passant d’une politique de différence structurelle à une insistance sur les différences culturelles, on a éclipsé la question plus générale des inégalités structurelles: la pauvreté, le chômage et le racisme, tout en amplifiant les problèmes liés à la religion ou à la culture. Le multiculturalisme a encore un rôle important à jouer si l’on veut atteindre une plus grande égalité sociale. Il faut trouver de nouveaux moyens pour affronter les dilemmes que posent les questions de justice et d'égalité dans les sociétés multiculturelles; il faut reformuler le multiculturalisme plutôt que de l’abandonner.

Abstract

The tension between religious freedom and non-discrimination principles is becoming increasingly acute. Questions about the appropriate way to balance the two rights arise with particular regularity. The status of women in multiculturalism policies has been the site for debate as gender issues test the limits of toleration through such practices as under-age marriage and veiling. In policy discourses, the “crisis of multiculturalism” is increasingly tied to gender equality concerns and the need to counter, in particular, the gender inequality in Islam. Debates about gender in the politics of cultural difference serve simultaneously to name certain communities as backward and majority culture as the norm. In the process, the real issues of gendered structural inequality are obscured. I examine these issues through the lens of the Bill 94 in Québec, which seeks to ban the niqab in public places. The ban would encompass nearly every public institution, including childcare centres and public health facilities. The government defended the law by invoking principles of gender equality and secularism. I argue for a multiculturalism policy that focuses on structural inequalities rather than on cultural difference. The shift from a politics of structural difference to an emphasis on cultural difference has obscured the larger issues of structural inequalities—poverty, unemployment, and racism—while simultaneously magnifying issues related to religion or culture. Multiculturalism still has an important role to play in achieving greater social equality. We need new ways of addressing dilemmas of justice and equality in multicultural societies as it is necessary to reformulate multiculturalism rather than to abandon it.

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