Abstract

Le Livre d’Emma (2001) de Marie-Célie Agnant soutient et développe la notion de l’opacité d’Édouard Glissant. Pour ce dernier, l’opacité sert à déjouer la réduction à l’uniformité de l’Autre qui fait partie des efforts occidentaux de comprendre l’Autre. L’idéal glissantien d’une coexistence des opacités nécessite l’acceptation de l’Autre sans le réduire aux normes imposées par une culture donnée. La protagoniste du roman d’Agnant, Emma Bratte, une Haïtienne hantée par les horreurs de la traite, nous suggère que cet idéal des opacités puisse être un modèle pour un monde véritablement postcolonial. Or, le roman approfondit cette notion en montrant qu’il faut être l’auteur de sa propre opacité, qu’un désir de se faire comprendre limite l’efficacité de l’opacité d’une façon qui est parfois utile, et, enfin, que le passé et le présent, même s’ils sont opaques l’un vis-à-vis de l’autre, doivent coexister si l’on espère dépasser les horreurs et les effets continus du passé colonial.

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