Abstract

Au Québec, le nombre de travailleurs étrangers temporaires a connu une croissance d’environ 40 % de 2000 à 2010, avec 30 307 entrées en 2010. Les travailleurs étrangers saisonniers employés dans le secteur agricole, dont la plupart viennent du Mexique et du Guatemala, contribuent à cette augmentation. Les travaux de recherche portant sur la situation au Québec, ailleurs au Canada et dans d’autres pays montrent la précarité et la vulnérabilité liées au statut de travailleur temporaire peu qualifié. Dans le présent article, nous analysons le point de vue des communautés locales concernant les travailleurs migrants temporaires agricoles sous l’angle des représentations sociales. L’analyse repose sur vingt entretiens menés en 2012, dans une région rurale située près de Québec, auprès d’acteurs clés appartenant à l’une ou l’autre des catégories suivantes : élus municipaux, propriétaires de commerce, prestataires de services (publics ou privés) et les résidents actifs en tant que citoyens sur la scène locale. Les résultats montrent que les migrants sont perçus comme une main-d’œuvre indispensable et essentielle, comme des travailleurs idéaux et de qualité supérieure aux autres travailleurs agricoles, et comme une population «invisible». Les entretiens révèlent que la construction sociale de ces migrants relève d’un processus de racisation positive, de la différentiation culturelle ainsi que de l’exclusion sociale et spatiale. Nous montrons la relation étroite entre la structure des programmes qui régit l’emploi et le séjour de ces migrants, d’une part, et les façons dont les acteurs locaux se représentent ces mêmes migrants, d’autre part.

Abstract

In the province of Québec, the number of foreign temporary workers has increased by 40% between 2000 and 2010, with 30,307 entries in 2010.The foreign seasonal workers employed in the agricultural sector, most of them coming from Mexico and Guatemala, contribute towards this increase. The research on the situation in Quebec, and anywhere else in Canada and in other countries, show the precarious and vulnerable situation connected with the status of the temporary low skill worker. In this article, we analyse the standpoint of local communities on the migrant temporary farm workers in terms of social representations. We base our analysis on twenty interviews conducted in 2012, in a rural area close to Quebec City, with key actors belonging to one or the other of the following categories: municipal elected officials, business owners, service providers (public or private) and residents locally active as citizens. The results show that migrants are seen as vital and essential labour, as ideal workers of higher quality than other farm workers, and as an “invisible” population. The interviews indicate that the social construction of these migrants stem from a process of positive racialization, from cultural differentiation, as well as from social and spatial exclusion. We discuss the close relation between the programs’ structure that manages the employment and the residence of these migrants, on the one hand, and on the other hand, how the local actors view those same migrants.

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