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  • Bellaud en son temps:À propos des pièces liminaires du Don-Don infernal (1583-1602)1
  • Philippe Gardy

Le Don-Don infernal semble bien être le seul ouvrage poétique de Louis Bellaud de la Bellaudière dont on peut estimer qu’il a été préparé pour l’impression sous le regard de son auteur, et dont celle-ci aurait pu être suivie, de près ou de loin, par ses soins. Un peu moins de dix ans avant la publication posthume de la somme poétique à laquelle le nom de Bellaud devait rester attaché, un unique exemplaire conservé, daté de 1588, l’année même de la mort du poète, nous permet d’accéder à ce que pouvait être sa renommée vers la fin de sa vie, à Aix, sans aucun doute, où il avait passé une partie importante de son existence, et peut-être aussi à Grasse, la cité où il avait vu le jour et où il devait s’éteindre. On ignore, comme nous l’a rappelé François Pic dans son essai de bibliographie, les circonstances matérielles précises dans lesquelles l’impression de 1588 a été réalisée. Et l’on suppose, avec de bons arguments, l’existence d’une impression antérieure de quelques années (1585 ou 1586) de ce même ouvrage, dont celle de 1588 n’aurait alors constitué que la reprise, sans doute à l’identique. Une autre impression, en 1602, témoigne en outre du succès de ce poème auprès d’un lectorat provençal au sein duquel pouvaient figurer ceux qui, de près ou de loin, avaient pu, avant, et surtout, après sa disparition, se revendiquer de la lignée du poète, ses admirateurs, ses disciples ou ses héritiers proches ou plus éloignés.

Quelle que soit l’histoire, aujourd’hui largement inaccessible, de l’élaboration d’une œuvre poétique dont l’aboutissement posthume a assuré la postérité, cette édition de 1588 demeure le seul, ou pratiquement le seul, témoignage de ce qu’a pu être, en son temps, la “gloire” du poète provençal. En dehors des pièces signées ou attribuables à leur auteur, “Louys Bellaud de la Bellaudière, Gentilhomme Provençal,” cet ouvrage se trouve en effet pourvu, dans ses premières pages, comme c’était l’habitude, d’un ensemble de compositions liminaires qui témoignent de ce que représentait, vers le milieu des années 1580, la personne [End Page 50] et la personnalité poétique de son auteur pour quelques-uns de ceux qui constituaient alors son entourage, proche ou plus lointain. Si l’on considère que l’édition de 1588 du Don-Don infernal a bien été surveillée et mise en ordre par le poète,2 ce que l’hypothèse très vraisemblable d’une édition antérieure de quelques années ne ferait que rendre plus probable encore, on doit admettre, contrairement à ce qu’affirmait Robert Lafont dans une analyse par ailleurs très ingénieuse, que ces pièces liminaires ne constituaient pas un tombeau, faisant suite à celui placé en tête de l’édition posthume de 1595 par l’héritier littéraire de Bellaud, le poète marseillais Pierre Paul, mais qu’elles pouvaient—et devaient—être lues comme un accueil public et collectif de Bellaud encore bien vivant dans le monde des poètes de la Provence. Si bien qu’on peut à bon droit estimer que ce sont les pièces liminaires de 1585–1588, sans doute choisies et réunies par le poète lui-même, qui servirent, sinon de modèle, en tout cas d’exemple à celles, plus nombreuses et plus amples, disposées, à une tout autre fin, dans le recueil de 1595.3

En 1588, ces pièces liminaires4 sont, tous genres confondus, au nombre de seize, soit six de plus que dans le volume posthume de 1595–1597, qui n’en comporte que dix. Il s’agit dans tous les cas de suppressions: aucune pièce nouvelle n’a été rajoutée dans l’intervalle. En 1602, on note également...

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