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  • Névrose et folie dans le Corps expéditionnaire canadien (1914–1918). Le cas québécois by Geneviève Allard
  • Isabelle Perreault
Névrose et folie dans le Corps expéditionnaire canadien (1914–1918). Le cas québécois. Geneviève Allard. Montréal: Athéna, 2012. Pp. 239, $24.95

Cet ouvrage publié aux éditions Athéna en 2012 est une version remaniée de la thèse de doctorat de l’historienne et archiviste Geneviève Allard. Publié à titre posthume par son conjoint et ses directeurs de thèse, cette recherche a pour but de « montrer que les réactions des autoritésmédicales et militaires canadiennes résultent d’une approche concertée pour résoudre la tension entre, d’un côté, le contrôle et la gestion [militaire] et, de l’autre, la compréhension et le traitement des troubles nerveux pendant et immédiatement après la Première Guerre mondiale [médical] » (16). C’est à partir des fonds d’archives du ministère des Forces armées outre-mer et du ministère des Anciens combattants que cette recherche prend appui. Intéressée par les traitements in vivo dans les hôpitaux militaires d’ici et en Grande-Bretagne et le suivi post-combat, Allard analyse les dossiers des militaires québécois de la Grande Guerre, tant ceux mobilisés en Europe que ceux de retour au pays.À cela s’ajoute des sources primaires provenant des hôpitaux militaires, les rapports de la Commission royale d’enquête Ralston (1922) et les écrits en médecine mentale de l’époque. Ce corpus de sources d’une grande richesse constitue une base solide pour analyser les changements d’attitudes et d’approches sur les névroses de guerre au cours et après le premier conflit mondial.

Suite à une introduction bien étoffée qui présente les buts de l’étude et la littérature sur les névroses de guerre, Allard structure sa preuve en quatre chapitres qui nous permettent de bien suivre son argumentation sur les troubles mentaux et nerveux des soldats et des vétérans canadiens-français de la Grande Guerre. Le premier chapitre dresse les contours des diverses définitions des névroses de guerre que ce soit le shell shock, la neurasthénie ou d’autre part, les troubles mentaux plus lourds (folie). S’ajoute à cette partie de nombreux tableaux présentant le nombre de soldats diagnostiquésnévrosésou psychotiques. Le deuxième chapitre analyse les écrits militaires en psychiatrie et met en lumière les théories et les pratiques pour mieux comprendre, définir et traiter les troubles nerveux, notamment par le docteur Russel. À cela s’ajoute une recension des patients admis à l’hôpital Granville situé en Angleterre. Le chapitre trois porte, lui, sur la rapide distinction faite entre les soldats curables et incurables de même qu’à établir le profil des soldats hospitalisés pour névroses et [End Page 123] ce, à partir des dossiers des soldats du Corps expéditionnaire canadien. Enfin, le dernier et quatrième chapitre traite des conséquences des troubles nerveux des vétérans au sein de la société civile, de l’émergence d’une psychiatrie transformée par les connaissances acquises lors du conflit de même que de son influence sur le nouveau mouvement d’hygiène mentale qui entend désormais prévenir les troubles nerveux et mentaux.

Le titre laisse d’ore et déjà penser que l’auteure différencie la névrose de la folie, opposant la « maladie mentale » aux « troubles nerveux » engendrés par l’expérience de la guerre. L’auteure justifie cette différenciation en reprenant les propos des médecins de l’époque comme preuve. Elle fait ainsi sienne les définitions des médecins militaires sans toutefois opérer une nécessaire distance entre eux et l’historienne qu’elle est et qui doit (re)penser de manière critique les dits et écrits des acteurs d’alors. Allard aborde certes la question des théories dominantes de l’époque et note à raison que les psychiatres de la Grande...

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