Abstract

Cet essai vise à analyser Murambi. Le livre des ossements de Boubacar Boris Diop comme une œuvre de témoignage inspirée du génocide des Tutsi et Hutu modérés du Rwanda en 1994. Après un crime aussi odieux, il est nécessaire de dénoncer le mal et se souvenir des victimes. Cependant un véritable travail de mémoire consécutif à un crime de masse n'est possible qu'à la faveur d'une émotion politique qui désigne sans ambigüité victimes et bourreaux Nous voudrions attirer l'attention sur le contexte socio-politique qui a abouti à la production du roman pour mieux élucider les modalités d'écriture qui s'y déploient. Nous employons à dessein l'expression transfiguration émotive du réel pour parler des dispositions textuelles dont se sert l'œuvre d'art pour rendre compte de l'indicible souffrance des victimes du génocide, ceci dans un contexte socio-historique doublement marqué par les émotions: au plan social et politique. Il s'agit à terme de dire ce qui constitue la singularité de Murambi dans le vaste corpus des témoignages sur le génocide des Tutsi du Rwanda.

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