Abstract

La résidence pour personnes âgées, un espace hétérotopique retiré du centre de la vie urbaine trépidante du XXIe siècle, devient davantage un site de contestation et de transformation dans la fiction canadienne. Construits principalement comme des espaces féminins, ces sites offrent néanmoins la possibilité de joindre diverses façons de vieillir et de créer un microcosme où les petits actes de rébellions délirants peuvent se produire. Ces actes deviennent de la matière que les écrivains peuvent exploiter sans toutefois ignorer les difficultés indéniables de vieillir à notre ère de jeunisme. Trois romanciers canadiens ont situé leurs romans dans un tel espace : Joan Barfoot offre dans Exit Lines (2008) un portrait impertinent de personnes âgées nouvellement déracinées qui décident de se fabriquer une « dernière identité », Marguerite-A. Primeau dans son manuscrit inédit Et dansent les hirondelles pose un regard également caustique, sobrement ironique sur le monde fermé et secret, parfois invivable, des résidences pour personnes âgées et Jean-Pierre Boucher dans Les vieux ne courent pas les rues (2001) démasque les soins compatissants offerts dans les résidences où les personnes âgées sont isolées et gérées mais rarement aimées. À l’aide d’outils offerts par Michel Foucault, en particulier les espaces hétérotopiques, et de recherches empiriques sur l’habitat des personnes âgées, nous examinons dans cet article la capacité des écrivains de transformer les réalités souvent désespérées des personnes âgées en récits lisibles, palpitants et parfois contestataires.

Abstract

The retirement home, a heterotopic space removed from the centre of fast-paced twenty-first century urban life, is increasingly becoming a site of revolt and transformation in Canadian fiction. Constructed principally as feminine spaces, these sites nevertheless offer the possibility of featuring a kaleidoscope of ways to age and create a microcosm where small acts of delirious rebellions may occur. These acts become fodder for writers who nevertheless acknowledge the undeniable challenges linked to aging in our era of agism. Three Canadian novelists have set their novels in just such a space: Joan Barfoot in Exit Lines (2008) offers an irreverent portrait of uprooted seniors intent on defining their “last identity,” Marguerite-A. Primeau in her still unpublished Et dansent leshirondelles renders an equally caustic, soberly ironic look at the secret, segregated world of the retirement homes, and Jean-Pierre Boucher in Les vieux ne courent pas les rues (2001) satirizes the “compassionate care” provided in nursing homes where seniors are segregated and managed but seldom loved. In this paper, I consider, through the lens of Michel Foucault’s concept of “heterotopic spaces” and empirical research on seniors’ habitats, the magical way novelists are able to transform what is often seen as a desperate situation for seniors into readable, engaging, and sometimes subversive narratives.

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