University of Toronto Press
Abstract

Aujourd’hui, l’émergence des technologies de l’information et de la communication illustrée par les médias et le développement d’Internet s’imposent à nous. On assiste à une société consumériste d’information où les biens d’information se développent au détriment des liens sociaux. Dans ce contexte, nous sommes amenés à nous poser des questions sur la mutation de la société vis-à-vis de l’information notamment dans le domaine médical. Une société de communication centrée sur des valeurs humaines et éthiques telles que le partage et l’échange ne devrait-elle pas remplacer notre société orientée vers la consommation de l’information à tout prix ?

Abstract

The emergence of information and communication technology shown by the media and the development of the Internet is upon us and results in a consumer-oriented society where information assets grow at the expense of social ties. In this context, we are led to ask questions about the transformation of society and the use of information especially in the medical field. We propose that our information-obsessed consumer-oriented society should be replaced by a communication-oriented society focused on human and ethical values such as sharing and exchanging.

Keywords

communication, consommation, information, société, partage, éthique

Keywords

communication, consumption, information, society, sharing, ethics [End Page 253]

Introduction

Aujourd’hui, les technologies très perfectionnées de l’information et de la communication illustrées par les médias occupent une place prépondérante dans notre existence. Désormais, les outils associés à l’Internet et à la numérisation sont des instruments d’échange et de partage incontournables tant du point de vue professionnel que du point de vue personnel et familial. Plus ces Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) s’étendent et plus elles bouleversent notre vision du monde. L’information constitue la sève nourricière de la société. Le progrès technique a transformé le monde et le destin de l’humanité en touchant à tous les secteurs de notre société. Par les opportunités et les possibilités qu’elles proposent, les technologies de l’information et de la communication perturbent les comportements humains en créant un nouvel univers parallèle au réel, aux frontières différentes et aux règles restant souvent à définir. Cette nouvelle capacité engendre de multiples possibilités, mais aussi de nombreux problèmes.

L’Homme n’a pas encore pris la vraie mesure des Systèmes d’information (SI) dans les processus de transformation de la société. D’un point de vue culturel, l’émergence des NTIC contribue à modifier sensiblement les mentalités et les comportements des utilisateurs de SI.

En ce sens les notions d’échange, de partage et de flux qui matérialisent la capacité des parties à interagir se mélangent et se complètent. Dans ces conditions, la « société information » n’est guère qu’un outil de rhétorique mais un instrument qui nous aide à comprendre et à distinguer ce qui est derrière nous de ce qui existe actuellement. La réalité est que nous vivons dans une société où coexistent les NTIC et tout un système de morales, de lois et de droits pour atteindre une certaine légitimité d’information, de marché, de pratiques et de normes (Hosein 2004, 189). Les individus privilégient systématiquement les objets pour d’atteindre le bonheur1, mais également l’information afind’obtenir un certain pouvoir auprès de la société2. Du fait que ces deux concepts de société sont étroitement liés l’un à l’autre, nous emploierons ici le terme de « société consumériste d’information ». À partir de cela, nous devons comprendre, comment cette société se trouve modifiée par les technologies de l’information et de la communication. Cela nous amène naturellement à nous poser des questions d’ordre éthique sur les enjeux et les risques de l’utilisation de l’information entourant le partage et l’échange des données et ses conséquences sur les relations humaines notamment dans le domaine médical.

La mutation d’une société de consommation vers un idéal éthique ?

Le début du xxie siècle est le siège de nombreux bouleversements dont le principal est lié à l’explosion des télécommunications, des systèmes d’information en tout genre, de la numérisation et du multimédia. On assiste donc à une corrélation entre le changement et la technologie. Ces évènements marqueront probablement notre société de manière aussi radicale qu’en leur temps l’imprimerie, l’électricité ou le téléphone (Tiemtore et Mignot-Lefebvre 2008, 32). Ceci était inéluctable et correspond au résultat d’une suite logique d’évènements. Ainsi, ce [End Page 254] mouvement d’innovations dans le domaine de l’information et de la communication allait tôt ou tard tisser des liens et esquisser un système techno-socioéconomique et culturel. Ce qui donna une certaine substance au grand rêve de la société de l’information, de la révolution de l’information, de l’information sociale. Pour Dominique Wolton (1999, 278), comme par le passé, « chaque nouvelle invention, chaque prouesse technologique correspond à des attentes, des rêves et des espoirs » auprès des scientifiques, des chercheurs, des politiques, des utilisateurs ou d’une façon plus générale des citoyens.

La société de consommation représente la civilisation née au cours du xxe siècle, basant son économie non plus sur la production du nécessaire mais sur la production du superflu. Elle est considérée comme une évolution. Le bouleversement apporté par le xxe siècle, amorcé dès la findu xixe avec la révolution industrielle, a été d’inverser les proportions en donnant de plus en plus d’importance au superflu et de moins en moins d’importance à la transcendance. Cette société apportait comme une transformation radicale de l’homme, un passage de l’« homo sapiens » à l’« homo consumens ». Omniprésente, cette consommation créée des nouveaux rapports sociaux entre les personnes de manière artificielle en inventant des symboles, des sigles, ou des codes. Elle constitue donc un élément structurant des relations sociales en prenant la place de la morale, où le corps devient un objet, et la consommation est représentée artificiellement sous forme de signes et de codes sociétaux (Rodrigues Botelho 2008, 2).

Dans ces conditions, l’information fait désormais l’objet d’enjeux commerciaux. Nous pouvons prendre l’exemple de la médecine où les médecins sont soumis à la pression de sociétés commerciales dont ils sont parfois les promoteurs. Ces derniers sont susceptibles de s’aventurer dans des dispositifs de diffusion et d’utilisation des informations qui concernent leurs patients « sans respecter les droits de ces derniers et sans tenir compte de la législation en la matière et de la déontologie médicale dont l’ensemble constitue un corpus complexe » (Dusserre 2000, 87).

Par ailleurs, dans l’industrie pharmaceutique, les informations médicales sont indispensables pour son secteur de la recherche et le développement des produits et également pour leur marketing. De leur côté, assurances et mutuelles veulent proposer à leurs affiliés les meilleurs services et les entreprises sont prêtes à investir dans des enquêtes de prévention, par exemple, pour réduire les risques d’accidents, de maladies et l’absentéisme.

C’est pourquoi, en France et en Europe les informations médicales personnelles sont considérées comme des données sensibles. Le Groupe européen d’éthique estime que ces données de santé sont partie intégrante de la personnalité de l’individu et ne sauraient être considérées exclusivement comme des marchandises. Même si elle devient consumériste, la relation médecin-patient n’est pas encore pleinement codifiée comme telle, sauf en ce qui concerne le droit à l’information auprès de l’usager de soins (Fainzang 2006, 89). Il s’agit d’une nouvelle façon de travailler avec les matières premières que sont les informations dématérialisées. [End Page 255]

Par ailleurs, pendant longtemps, les SI n’ont pas fait l’objet de recherches sur des fondements philosophiques, notamment dans la conceptualisation et l’étude de l’information. Il faudra attendre les études de Luciano Floridi (2004; 2007a; 2007b) sur les NTIC au cœur du fonctionnement des organisations et son concept de l’« infosphère »3 pour mettre en relation les êtres humains, l’information, les technologies de l’information, la société et les intérêts des personnes d’un point de vue éthique.

Une description détaillée du cheminement des données à la connaissance semble essentielle pour développer une compréhension plus profonde de la façon d’évaluer les implications théoriques et pratiques de l’information via les NTIC au sein de la société. C’est à partir de ce constat qu’Edward Spence (2009a; 2009b) réalise son modèle universel d’évaluation normative sur la qualité des informations numériques. Selon lui, les connaissances théoriques et pratiques ont des impacts sur la décision. La diffusion d’information constitue un processus de communication qui implique des éléments épistémologiques4, des valeurs éthiques et des normes universelles nécessaires aux agents d’information. Dans un cadre épistémologique et éthique, on assiste alors à une relation conceptuelle entre l’information et la connaissance de nature vraie (Dretske 1999; Floridi 2005, 2).

Notre éthique s’oriente également vers le courant de pensée de l’éthique télématique instaurée par Luciano Floridi (1998) sur ce que serait l’éthique dans une société de l’information et dont les caractéristiques sont plus en adéquation avec notre sujet d’analyse. En effet, contrairement, au modèle classique intrinsèquement anthropocentrique, individualiste et de nature sociale, l’éthique télématique s’intéresse avant tout à l’environnement où se génère et se propage l’information (appelé aussi « infosphère »), aux protagonistes impliqués dans le SI (que l’on peut désigner comme étant le « principal »). Cette infosphère représente un espace numérique constitué par un patrimoine persistant et volatile dans un espace géographique souvent indéterminé. Elle est par essence un environnement intangible et immatériel, ce qui ne le rend pas pour autant moins réel ou moins primordial. Ce territoire numérique (intellectuel, industriel, personnel, culturel, etc.) appartient à une personne physique ou morale, ou se trouve sous la responsabilité d’une personne ou d’une organisation. À cette infosphère est relié l’ensemble des logiciels et autres outils technologiques gérés par ce responsable (Carley 2000, 325–51) ainsi que l’ensemble de leurs utilisateurs légitimes. Elle comprend également toutes les données appartenant à un individu (ou personne morale) et toutes les données qui le concernent, mais qui sont en dehors de son centre de gravité (sécurité, politique, etc.).

Cette approche est donc considérée comme étant allocentrique. C’est-à-dire qu’elle a tendance à faire d’autrui le centre de l’univers, de ses préoccupations, de ses intérêts. . . et à centrer ses propres activités sur ce que fait un autre. Pour cela, ce philosophe italien se fonde sur la théorie de l’information et plus particulièrement sur le concept d’entropie de l’information introduit par Shannon (1948)5, puis repris respectivement par Andreï Nikolaïevitch Kolmogorov6 vers le milieu des années 1950 pour concevoir l’entropie métrique (ou entropie de [End Page 256] Kolmogorov), et par Mioara Mugur-Schächter7 en 1982 pour élaborer la Méthode de Conceptualisation Relativisée (dite MCR).

Pour Luciano Floridi, l’entropie d’information mesure, par analogie à l’entropie thermodynamique, le degré de désordre d’un système, ou plus exactement la connaissance que nous en avons. En effet, si nous connaissons parfaitement une chose, nous savons y localiser tous les détails, nous pouvons en énumérer la succession dans l’ordre; elle nous apparaît donc ordonnée. Il existe donc une relation directe entre l’organisation d’un système et la connaissance que nous en avons. De la sorte, plus l’entropie est faible, autrement dit plus un système est ordonné, plus il est connu. Et vice-versa, plus l’entropie augmente, moins on le considère comme ordonné et moins il est connu. Une mauvaise information ou des données déjà connues augmenteraient l’entropie en désorganisant l’infosphère. Ainsi, un environnement maitrisé est un environnement plus ordonné avec une entropie plus faible. Dans ces conditions, l’information dite « éthique » ou « info-éthique » (Fessler et Grémy 2001, 359–61) pourra se traduire en connaissance appropriée et saine auprès de l’individu.

L’évolution d’une société d’information utilisant les NTIC

D’une manière générale, les informaticiens emploient plus souvent le terme de « données » (data en anglais) que d’ « informations ». Ceci provient du fait qu’une donnée se définit principalement par son type qui peut être : numérique, alphabétique, temporelle, binaire, alphanumérique, etc. La donnée n’aqu’un contenu et un type, elle n’est pas significative en soi, c’est quelque chose d’objectif, de réel. Alors que de son côté, une information se caractérise plus par son sens dont sa compréhension et son acquis aboutissent naturellement à la connaissance. Cette connaissance est ce qui permet de situer l’information, de la contextualiser et de la globaliser, c’est-à-dire de la placer dans un ensemble.

Cette compréhension de la donnée initiale passe généralement par la connaissance de données connexes constituant un contexte cohérent pour « un mécanisme de déductions successives appelées inférences » (Toureilles 2004, 184). C’est sur la base de cette modélisation hiérarchique que de nombreux outils et méthodes ont été élaborés. À chaque stade de la pyramide correspond une série de moyens qui permettent de capturer, gérer, diffuser et exploiter les éléments (données, informations ou connaissances).

Cette ascension pyramidale partant des données pour aboutir à la connaissance voire la sagesse peut s’illustrer à travers les propos du poète anglais Thomas S. Eliot lorsqu’il posait la question suivante : « Quelle est la connaissance que nous perdons dans l’information et quelle est la sagesse que nous perdons dans la connaissance ? »8. Les éléments traditionnellement présents dans cette hiérarchie sont les données, les informations et les connaissances. La sagesse est parfois située tout en haut de la pyramide, étant considérée comme le stade ultime de l’évolution cognitive. D’après Edward Spence (2011, 261–75), le concept de sagesse est compris comme étant un type de « méta-connaissance et de métavertu ». La sagesse est donc au carrefour de l’épistémologie, l’axiologie et l’eudémonie (le bien-être). Les données sont composées par les faits, les observations, [End Page 257] les éléments bruts. Elles ont peu de signification si elles ne sont pas traitées et sont situées tout en bas de la hiérarchie.

Étymologiquement, l’information apporte un savoir que le destinataire ne possède pas ou ne peut pas prévoir. Elle permet de réduire l’incertitude. Cette définition stipule que la valeur de l’information est liée aux décisions qu’elle permettra de prendre. Elle a ainsi pour finalité de modéliser le cadre des actions futures. Cette information exige d’être intégrée dans un système.

Dans ce contexte d’analyse, la notion globale d’ « information » prend en considération trois dimensions qui interfèrent entre elles : sa forme physique, structurelle et sa présentation; son contenu, nécessairement structuré en fonction du sens qu’il véhicule; et son usage lié à sa communication. Les informations constituent donc le stade intermédiaire de la pyramide.

De son côté, la connaissance répond aux questions du type : Pourquoi ? Comment ? La connaissance est possédée par un individu, ce qui n’est le cas ni pour l’information ni pour les données. Elle est internalisée par la personne qui la formate en fonction de son expérience, de son vécu et de ses perceptions du moment. En ce sens, la connaissance est éminemment subjective et personnelle. Même s’il existe une connaissance collective, celle-ci n’est jamais que la somme des connaissances individuelles.

De plus, une compréhension efficace d’une donnée passe nécessairement par les cinq sens de l’homme. Cette perception doit donc demander le moins possible de traduction intellectuelle. Prenons le cas de la médecine où les données sont transmises naturellement, au fil des consultations par un patient à son médecin, afin de rendre efficace sa prise en charge. Elles peuvent être de nature diverse : médicales, socio-économiques, religieuses, orientations ou comportements sexuels, séropositivité, etc. Il s’agit d’accompagner le patient dans l’appropriation de connaissances particulièrement sensibles, et le médecin doit s’interroger sur ce que le patient souhaite et peut entendre. Il peut exploiter ou filtrer certaines informations, et savoir gérer de son côté ses inquiétudes.

Le SI doit garantir la fiabilité et l’homogénéité des données, ceci doit se traduire concrètement par la mise en place d’un dispositif informatique qui, une fois les données enregistrées, classées et organisées, crée de la valeur ajoutée, en produisant une information fiable, lisible et traitable, c’est-à-dire compréhensible parce qu’elle est apportée à un cadre qui lui donne sens ou choisie dans un cadre contingent et utile dans un tel contexte. Le SI est considéré comme un soussystème de l’établissement, situé à l’interface entre le système opérant qui permet la production et le système de pilotage qui fixe les objectifs et les choix.

Aussi, ce SI donne de l’intelligence au décideur, en ce sens que ce dernier accède non seulement à des données éclairant ses décisions, mais surtout à une compréhension des données recueillies l’invitant à l’action : la donnée brute se transforme successivement en information puis en connaissance. Cette évolution du statut des données vers la connaissance peut s’illustrer par une pyramide dont le socle correspond aux données, le milieu aux informations et le sommet à la connaissance finale. La conception d’un SI impose l’acquisition, le stockage, le [End Page 258] traitement, la diffusion de l’information qui se convertit en connaissance après que celle-ci soit comprise, digérée et maitrisée par l’utilisateur.

Schéma 1. L’évolution d’une société d’information utilisant les NTIC
Click for larger view
View full resolution
Schéma 1.

L’évolution d’une société d’information utilisant les NTIC

En amont, le SI nécessite une certaine négociation au sein de la structure sur la constitution et la gestion des données. On doit trouver un accord entre les différents intervenants sur les informations à recueillir provenant des données et les objectifs poursuivis. Pour y parvenir, il faut notamment prendre en compte le contexte sociologique et culturel de la structure. On constate que la majorité des chercheurs mettent l’accent sur les relations entre les données et les informations mais moins avec les questions portant sur les connaissances (Alavi et Leidner 2001, 107–36). Au regard de ce constat, on peut établir un schéma qui met en relation les données, les informations, les connaissances et la sagesse pratique. Cette illustration retrace la mutation de la société tournée vers un idéal éthique encadrant l’information.

Notre société actuelle correspond à une société de consommation d’information où l’attention est tournée vers l’aspect épistémologique où les données et les informations en tant que telles prédominent. À moyen terme, cette société doit se transformer en une société de communication de l’information centrée sur l’échange et le partage humain. En d’autres termes, elle doit s’appuyer sur les liens et non plus sur les biens d’information auprès des personnes. Cette vision anthropologique est indispensable pour la conversion de l’information en connaissance. Toutefois, la connaissance peut être manipulée à mauvais escient. C’est pourquoi, la réalisation d’une « pensée complexe » conduisant à une éthique de la solidarité et de la non-coercition paraît nécessaire pour atteindre le stade ultime d’une société dite de l’information éthique. La pensée complexe nourrit d’elle-même l’éthique réflexive9 qui a pour mission d’apporter à toute pratique et à toute norme leur « légitimation ». Cette réflexion est orientée par des valeurs éthiques qui servent d’instances à la fois normatives et critiques. En reliant les connaissances, elle oriente vers la « reliance » entre humains et [End Page 259] convertit la connaissance en « sagesse pratique » (Ricœur 1990, 202) fondamen-tale dans l’élaboration d’une décision optimale. Une sagesse pratique où le devoir lui-même doit passer l’épreuve de la décision sage, prudente, face à des situations concrètes singulières. Selon Edgar Morin (2004, 68), « Son principe de nonséparation oriente vers la solidarité. Ainsi, la pensée complexe conduit vers une éthique de responsabilité (reconnaissance du sujet relativement autonome) et de la solidarité (pensée qui relie). Elle conduit vers une éthique de la compréhension qui est une éthique de pacifications des relations humaines. Elle montre que plus grande est la complexité sociale, plus grandes sont les libertés, plus grandes est la nécessité de solidarité pour assurer le lien social ».

Par ailleurs, on peut remarquer que cette évolution de la société reprend les trois niveaux de modélisation de l’Antiquité classique dans le cadre d’une étude des évènements, à savoir :

  • • L’« Être donné » représenté par l’aspect épistémologique. Il constitue l’ensemble de tout ce qui constitue le monde où l’homme a un accès indirect voire partiel à travers ses sens;

  • • Le « monde sensible » illustré par le domaine anthropologique centré sur les relations humaines. Il représente le monde des sensations et de la mesure est la source de données qui permet d’obtenir des informations sur le monde réel (ou « Être donnée »);

  • • La « réalité objective » caractérisée par l’éthique. Elle correspond à un espace entièrement conçu par l’esprit humain. Il consiste à construire des modèles explicatifs qui traduisent les données issues du monde sensible.

En résumé, la pensée complexe lie en boucle épistémologie et anthropologie. L’épistémologie permet de concevoir une anthropologie, laquelle est une condition première de l’éthique, laquelle s’intègre dans une boucle où chaque étape est nécessaire aux autres. En d’autres termes, ces trois étapes macroscopiques de la société peuvent s’illustrer par une approche microscopique d’un système d’information se traduisant par sa conception, sa mise en œuvre et son utilisation.

La future société de communication de l’information : entre échange et partage

Avant de rentrer pleinement dans le vif du sujet sur le débat concernant l’é-change et le partage, il nous a semblé indispensable de faire un rapide rappel sur la notion de « communication » qui constitue le cœur même du sujet traité dans cette partie. « Communiquer » et « communication » apparaissent dans la langue française à partir de la seconde moitié du xvie siècle. Le sens de base, « participer à », est encore plus proche du latin communicare (mettre en commun, en relation). À partir de ce sens général de « partage à deux ou plusieurs » apparaît au xvie siècle le sens de « faire partager » une nouvelle. Dès lors, à la fin du siècle, « communiquer » commence à signifier aussi « transmettre » (Winkin 2000, 84).

Les termes d’ « échange » et de « partage » souvent associés avec des notions comme : le don, la répartition, la mutualisation, la communion, la participation, la transmission, la mise à disposition ou la communication. [End Page 260]

Ainsi, l’information échangée se caractérise comme étant une information transmise mais pas pour autant partagée. Elle correspond à une simple copie par information, dont la conformité avec l’original n’est pas garantie. L’échange d’information permet tout d’abord de satisfaire de nombreux besoins d’information qu’on ne peut pas satisfaire seul. Il est mutuellement avantageux pour les deux parties impliquées dans la relation. Même si les gains de chaque partie peuvent être déséquilibrés.

Dans l’échange d’information, donc immatériel, les personnes ne se dépossèdent pas de ce qu’elles donnent. En effet, un professeur ne perd pas le savoir qu’il enseigne à ses élèves.

Par ailleurs, la notion d’échange social a surtout été développée dans les sciences humaines notamment en anthropologie et dans le secteur médical. Elle correspond à une forme particulière d’interaction et d’interrelation au cours de laquelle deux individus ou groupes agissent dans l’espoir d’obtenir des réponses positives réciproques et perçues comme favorables aux objectifs qu’ils se sont assignés et s’efforcent d’atteindre. Cependant, la complexité des situations d’é-change amène souvent un type de coopération mixte, dans lequel gains et pertes sont mêlés. Les résultats dépendent alors des ressources variables et pertinentes dont disposent les parties.

C’est pourquoi, l’échange social comporte au moins trois opérations fondamentales :

  • • Assurer un gain individuel ou collectif par la mobilisation de l’ensemble des res-sources disponibles10;

  • • Permettre la réciprocité immédiate ou différée autour d’un principe d’équité (équilibre de valeurs entre les informations échangées) qui stabilise pour un temps la relation;

  • • Garantir l’échange autour d’un engagement respectif des parties (notion de contrat).

En ce qui concerne le partage de l’information, cette notion n’est pas nouvelle. En effet, il existe beaucoup de secteurs et d’institutions pour lesquels partager l’information et le savoir, répandre et transmettre des connaissances sont des vocations traditionnelles. Nous pouvons citer pour exemple les domaines de la science, de l’éducation et de la culture qui ne peuvent se penser sans partage car, dans ces secteurs, le savoir est perçu classiquement comme un bien commun, un patrimoine universel, un facteur de progrès et d’évolution, une richesse publique. Par définition, une information partagée est une information mise en commun. La modification de celle-ci par un de ces utilisateurs suscite naturellement sa modification pour tous les autres acteurs.

Le partage équivaut à une mise en commun qui se manifeste par la transmission qui peut être : transgénérationnelle, transnationale, ou transculturelle. Cette mise en commun n’est pas, contrairement au sens courant du mot « partage », une répartition mais au contraire un facteur multiplicateur. Le partage est vécu comme une source de richesse qui s’accroît au fur et à mesure qu’elle se répand. [End Page 261]

Nous constatons donc que l’usage du « partage des savoirs » tend à se répandre. L’expression semble promis à un bel avenir car le terme « partage » véhicule des valeurs d’altruisme, de solidarité et de lien social et permet de garder un flou artistique sur les acteurs et les modalités de l’action de partager. En effet, contrairement à l’échange d’information, le partage se réalise en donnant sans attendre quelque chose en retour. Sa portée éthique est donc considérable. Le transfert de l’information peut se dérouler que dans un sens, sans condition majeur de réciprocité (Henneron, Palermiti et Polity 2003, 4).

Comme nous l’avons vu précédemment, notre société doit désormais se tourner vers la relation entre les personnes et notamment autour de l’échange et du partage d’information comme cela semble le cas avec l’émergence de nombreux sites communautaires et réseaux sociaux11, les plateformes d’échange12, les forums, les blogs, etc. En effet, le rapport de l’homme avec le monde n’est pas une relation de type objectal mais d’échange. Pour Alain B.L. Gérard (1998, 50), « l’homme et le monde ne sont plus en position de juxtaposition mais d’intrication, de fusion, d’interaction. La connaissance n’est plus un face-à-face mais un corps-à-corps ».

Les NTIC ont contribué à développer l’individualisme contemporain hu-main entrainant une diminution dans l’engagement, l’intérêt pour la politique, ou le partage entre les personnes. Nous assistons à une montée de la jouissance et de la consommation à travers les biens. Radio, télévision, cinéma, magnétoscope, Internet, câble, téléphone, minitel, affichage, cassettes, prospectus finissent pour engendrer des habitudes de passivité complète en matière d’information. L’information est un jeu à plusieurs. Pour que l’information existe il ne faut pas seulement qu’elle soit émise, il faut aussi qu’elle soit reçue (Gérard 1998, 50).

Ainsi, toute communication entraîne une situation d’interaction où la distance, les codes de comportements, le groupe social, l’affectivité jouent un rôle capital. D’après G. Lazorthes (1996, 275), « la communication doit être gérée par des facteurs sociaux et culturels apportant les repères nécessaires à l’acquisition d’une information ». Toute communication interindividuelle est dirigée par un ensemble de codes du comportement (facteur socioculturel) liés à une multitude de règles sociales et culturelles mises en jeu en présence d’autrui. Le corps et la gestuelle jouent un rôle fondamental dans les interactions (facteur corporel). Un geste, un silence, une mimique, un habit, peuvent être plus significatif, voire révélateur qu’une parole énoncée. L’affectivité et les émotions sont présentes dans toute relation interpersonnelle (facteur psychologique) et son contrôle n’est pas aisé. L’homme, par son travail, s’insère dans un groupe social, une organisation, une institution. Les informations extérieures apportées par les liens avec ces ensembles modifient comment les structures sociales agissent sur la mentalité des individus, comment l’appartenance à une catégorie professionnelle donnée influence le comportement individuel. L’interaction avec les autres acteurs est donc de rigueur afin de combler ce déficit de cohésion.

La connaissance est construite, ce qui nécessite de fréquentes interactions entre les membres de l’organisation. La connaissance peut être amplifiée et cristallisée au niveau du groupe par le dialogue, la discussion, l’échange d’expériences et [End Page 262] l’observation. Les équipes fournissent le contexte partagé dans lequel les individus peuvent interagir entre eux. D’après Nonaka et Takeuchi (2011), l’individu inter-agit avec l’organisation, au travers des connaissances. Le développement des connaissances se situe à trois niveaux : l’individu, le groupe et l’organisation. La dynamique du développement des connaissances est un processus en spirale dans lequel l’interaction entre la connaissance explicite et la connaissance tacite prend place de façon répétée. Cette dynamique facilite la transformation de la connaissance personnelle en connaissance organisationnelle.

Selon la théorie de l’information et plus particulièrement le concept d’entropie de l’information élaboré par Shannon, ce passage vers la connaissance contribue à diminuer l’entropie, c’est-à-dire le degré de désordre du système informatif. Ces connaissances contribuent à l’acquisition d’une « sagesse pratique » (Ricœur 1990, 202) à travers laquelle la décision médicale se réalisera entrainant des actions sur l’acte thérapeutique auprès du patient.

Enfin, les notions d’échange, de partage et de flux qui matérialisent la capacité des parties à interagir se mélangent et se complètent. En conséquence, certaines informations doivent être partagées, d’autres doivent s’échanger, et d’autres enfin ne demandent aucun transfert, bien qu’elles soient indispensables à la concrétisation d’une décision.

Conclusion

Aujourd’hui, l’interaction de la société avec les nouvelles technologies de l’information représente un système instable voire précaire. La société multiplie les possibilités de choix, souvent contradictoires. Personne ne doit ignorer les bouleversements en cours comme les angoisses suscitées par la capacité destructrice de la technologie réveillant nos exigences éthiques. Cette combinaison de « virtuel » et de « réel »13 a rendu l’équilibre des processus d’échanges et de partage de l’information sensible, complexe et instable. Il est de ce fait devenu également perméable à l’influence des rapports sociaux et culturels, de la désinformation, des rumeurs, des humeurs, des mécanismes d’amplification imprévisibles, etc. Désormais, l’individu doit réfléchir, faire un tri et resituer chaque information dans une échelle de valeur rationnelle dans l’objectif de pouvoir assumer ses choix et ses décisions. L’information prend alors une place importante dans ces nouvelles prérogatives et en devient même une exigence. Le développement du consumérisme d’information médicale associé aux NTIC marque donc une évolution importante dans les relations humaines en agissant en profondeur sur les rapports sociaux, les croyances des hommes et la nature même des connaissances. La communication ne consiste plus seulement à délivrer une information précise mais aussi à évaluer l’ensemble des interactions mises en œuvre dans la société.

À notre sens, la modernisation « technologique » de l’utilisation de l’information médicale doit s’accompagner d’une modernisation « éthique » dessinant un système d’information à visage humain. Ceci passe nécessairement par une éthique tournée vers la quête de sens de l’outil technique, et dont l’objectif majeur est de prendre en considération les enjeux humains afind’en maîtriser les [End Page 263] déviances et les risques éventuels qui peuvent subvenir. Cette préoccupation pour l’éthique se trouve étroitement liée à la crise des valeurs qui semble caractériser ce changement de siècle. Cette quête de sens qui marque cette période de transition entraîne nécessairement un questionnement sur les valeurs qui orientent nos comportements et nos actions tant individuels que collectifs (Saint-Jean 2002, 21–22). C’est pourquoi il est toujours très délicat pour une société de se situer dans une position médiane. Peut-être la réflexion éthique apportera là sa contribution en traitant l’univers des données, de l’information, de la connaissance et de la communication comme un nouvel environnement : celui d’une infosphère éthique.

Dans ces conditions, l’ère de la consommation d’information doit laisser sa place à celle de communication d’information où le partage, l’échange et la connaissance se situent au carrefour des relations humaines. On peut dès lors se poser quelques questions. Quels sont les secteurs d’usage du « partage de l’information » et des pratiques afférentes ? Sont-ils nouveaux ? De quels types de savoirs et d’informations y est-il question ? Peuvent-ils se partager et comment ? Comment rendre accessible la communication de l’information numérique à toute la population et notamment aux personnes illettrées ?

Jérôme Béranger
Chercheur associé / UMR ADÉS 7268 – AMU/EFS/CNRS – Espace
Ethique Méditerranéen / 27, boulevard Jean Moulin 13385 Marseille
Cedex 5 (France)
Directeur adjoint du pôle Scientifique / Keosys / 1, Impasse Augustin
Fresnel 44815 Saint-Herblain (France) / jeromeberanger@hotmail.com
Valéry Ravix
Ingénieur informatique / UMR ADÉS 7268 – AMU/ EFS/CNRS – Espace
Ethique Méditerranéen / 27, boulevard Jean Moulin 13385 Marseille
Cedex 5 (France) / Valery.RAVIX@ap-hm.fr.
Pierre Tervé
Directeur du pôle Scientifique / Keosys / 1, Impasse Augustin Fresnel
44815 Saint-Herblain (France) / pierre.terve@keosys.com.

Notes

1. Principe de la « société de consommation ».

2. Principe de la « société d’information ».

3. Ce mot est inventé par Dan Simmons (1989). Ce terme est repris également par Floridi désignant l’environnement où se développe l’information.

4. Ces critères épistémologiques comprennent l’objectivité, l’indépendance, la fiabilité, l’exactitude des sources qui génèrent l’information.

5. Claude Shannon, ingénieur à la Compagnie des Téléphones Bell, détermine l’information comme grandeur observable et mesurable (1948); celle-ci devient la poutre maîtresse de la théorie de la communication qu’il élabore avec Weaver. Ce concept d’information a été l’objet d’une théorie, appelée « théorie de l’information ». C’était une théorie mathématique appliquée aux techniques de la télécommunication. Cette théorie mathématique, née de préoccupations techniques de la télécommunication, reste à ce jour la base du concept dit scientifique d’information.

6. Kolmogorov démontra comment l’entropie métrique peut être employée pour indiquer si deux systèmes dynamiques ne sont pas conjugués. L’entropie métrique permet une définition qualitative du chaos : une transformation chaotique peut être vue comme une transformation d’entropie non nulle.

7. Mugur-Schächter a élaboré la méthode dite MCR qui est devenue une véritable épistémologie formalisée. Ses travaux constituent une révolution dans la manière de se représenter les dispositifs d’acquisition de la connaissance et par conséquent, le « monde » ou la « réalité » objet de cette connaissance. Ces recherches ont permis d’élucider la place du sens dans la théorie de l’information, notamment dans son ouvrage intitulé : Sur le tissage des connaissances (2006).

8. Dans la pièce de théâtre intitulé « The Rock » (1934).

9. L’éthique est donc sans cesse tenue « de rester en éveil dans sa mission de légitimation, amenée à mobiliser sa capacité réflexive en référence aux valeurs » (Höffe 1991, 40).

10. Homme, Énergie, Matière, Information, etc. [End Page 264]

11. Tels que Facebook, Twitter, Linkedin, Viadeo, etc.

12. YouTube, Google+, Waka, etc.

13. Technologies, diversité de l’offre, des besoins humains et des aspirations et développement des marchés.

Bibliographie

Alavi, Maryam, et Dorothy Leidner. 2001. « Knowledge Management and Knowledge Management Systems ». Management Information Systems Quarterly, 25 (1), 107–36. http://dx.doi.org/10.2307/3250961.
Carley, Kathleen. M. 2000. « Organizational Change and the Digital Economy: A Computational Organization Science Perspective ». In Understanding the Digital Economy: Data Tools, sous la dir. d’Erik Brynjolfsson et Brian Kahin, 325–51, Cambridge (Mass.), MIT Press.
Dretske, Fred I. 1999. Knowledge and the Flow of Information, Stanford (Calif.), CSLI Publications.
Dusserre, Liliane. 2000. « La commercialisation des informations médicales est-elle “déontologiquement correcte” ? », Paris, Ordre National des Médecins, Conseil National de L’Ordre. http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/commercialisation.pdf.
Fainzang, Sylvie. 2006. La relation médecins-malades : Information et mensonge, Paris, Presses universitaires de France.
Fessler, Jean-Marie, et François Grémy. 2001. « Ethical Problems in Health Information Systems ». Methods of Information in Medicine, 40 (4), 359–61.
Floridi, Luciano. 1998. « L’éthique télématique ». Ágora, 5 (4), 19–20.
———. 2004. « Information ». In The Blackwell Guide to the Philosophy of Computing and Information, sous la dir. de Luciano Floridi, 40–46. Oxford: Blackwell. http://dx.doi.org/10.1002/9780470757017.
———. 2005. « Is Semantic Information Meaningful Data? ». Philosophy and Phenomenological Research, 70 (2), 351–70. http://dx.doi.org/10.1111/j.1933-1592.2005.tb00531.x.
———. 2007a. « Global Information Ethics: The Importance of Being Environmentally Earnest ». International Journal of Technology and Human Interaction, 3 (3), 1–11. http://dx.doi.org/10.4018/jthi.2007070101.
———. 2007b. « A Look into the Future Impact of ICT on Our Lives ». Information Society, 23 (1), 59–64. http://dx.doi.org/10.1080/01972240601059094.
Gérard, Alain B.L. 1998. Le cadre d’une nouvelle éthique, Ramonville-Saint-Agne (France), Érès.
Henneron, Gérard, Rosalba Palermiti et Yolla Polity. 2003. « Partage des savoirs ou les nouveaux habits du mythe de la société de l’information », Colloque International « Partage des Savoirs », Lyon, 28 février.
Höffe, Otfried. 1991. La justice politique : Fondement d’une philosophie critique du droit et de l’État, Paris, Presses universitaires de France.
Hosein, Gus. 2004. Politique et société de l’information : Limitation et restriction de la circulation globale de l’information, Paris, UNESCO.
Lazorthes, Guy. 1996. Sciences humaines et sociales : L’homme, la société et la médecine,3e éd., Paris, Masson.
Morin, Edgar. 2004. La Méthode 6 : Éthique, Paris, Seuil.
Nonaka, Ikujiro, et Hirotaka Takeuchi. 2011. « The Wise Leader ». Harvard Business Review, 89 (5), 58–67.
Mugur-Schächter, Mioara. 2006. Sur le tissage des connaissances, Paris, Hermès.
Ricœur, Paul. 1990. Soi-même comme un autre, Paris, Seuil. [End Page 265]
Rodrigues Botelho, Kelly. 2008. « Fiche de lecture sur : La société de consommation de Jean Baudrillard (1970) », Paris, Observatoire du Management Alternatif, HEC Paris.
Saint-Jean, Armande. 2002. Éthique de l’information : Fondements et pratiques au Québec depuis 1960, Montréal, Presses de l’Université de Montréal.
Shannon, Claude. 1948. « A Mathematical Theory of Communication ». Bell System Technical Journal, 27, 379–423 et 623–56.
Spence, Edward H. 2009a. « The Epistemology and Ethics of Internet Information ». In Information Systems: People, Organizations, Institutions and Technologies: ItAIS: The Italian Association for Information Systems, sous la dir. d’Alessandro D’Atri et Domenico Saccà, 305–12, Heidelberg (Allemagne), Physica-Verlag.
———. 2009b. « A Universal Model for the Normative Evaluation of Internet Information ». Ethics and Information Technology, 11 (4), 243–53. http://dx.doi.org/10.1007/s10676-009-9204-z.
———. 2011. « Information, Knowledge and Wisdom: Groundwork for the Normative Evaluation of Digital Information and Its Relation to the Good Life ». Ethics and Information Technology, 13 (3), 261–75. http://dx.doi.org/10.1007/s10676-011-9265-7.
Tiemtore, Zacharia W. et Yvonne Mignot-Lefebvre. 2008. Technologie de l’information et de la communication, éducation et post-développement en Afrique, Paris, L’Harmattan.
Toureilles, Jean–Marc. 2004. SIH : 1, 2, 3 . . . partez, Rennes, Éditions ENSP.
Winkin, Yves. 2000. La nouvelle communication, Paris, Seuil.
Wolton, Dominique. 1999. Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Paris, Flammarion. [End Page 266]

Share