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Reviewed by:
  • Sade: sciences, savoir et invention romanesque ed. by Adrien Paschoud and Alexandre Wenger
  • Jean-Christophe Abramovici
Sade: sciences, savoir et invention romanesque. Sous la direction d’Adrien Paschoud et Alexandre Wenger. (Les Collections de la République des lettres). Paris: Hermann, 2012. viii + 176 pp.

Propos très alléchant que celui de ce collectif qui croise les plumes de jeunes chercheurs et de critiques confirmés. Dans quelle mesure ‘les savoirs contemporains’, et particulièrement scientifiques, servent-ils ‘de ressources narratives à Sade’ (p. 3)? Quels sont les discours et recherches qui ont non pas ‘influencé’ l’auteur de Justine (vieille perspective de la critique des sources), mais que ce dernier a transfigurés en fiction pour mieux séduire et troubler le lecteur, déstabiliser son rapport à l’écrit et aux disciplines? Pour reprendre une autre formule des éditeurs du volume, il s’agissait de décrire chez Sade le ‘travail littéraire d’appropriation de différents savoirs de l’époque’ (p. 5). L’ouvrage achevé laisse cependant le lecteur sur sa faim. Comme c’est la règle du genre, les études ici rassemblées ne présentent pas toutes le même degré de rigueur et de maîtrise d’un corpus sadien très souvent simplement recopié ou paraphrasé. La cohérence du volume n’est cependant pas en question: il souffre plutôt par moments de redondance, quand sont repris (sans être analysés différemment) les mêmes exemples (le projet de dissection par Rodin de sa fille au nom du ‘progrès des sciences’, les expériences du chimiste Almani sur les pentes de l’Etna), les mêmes références critiques — à l’article pionnier de Jean Deprun, ‘Sade et la philosophie biologique de son temps’ (in Le Marquis de Sade: actes du colloque d’Aix-en-Provence, 19–20 février 1966 (Paris: A. Colin, 1968), pp. 189–205), ou à L’Histoire de la douleur de la regrettée Roselyne Rey (Paris: La Découverte, 1993). Plusieurs études nous ont paru ouvrir des perspectives nouvelles, ou proposer d’intéressants prolongements: revenant sur les échos sadiens à la littérature médicale de son temps (motif du chatouillement au centre d’un continuum plaisir–douleur), Alexandre Wenger suggère que Sade envisage la lecture de ses romans comme un procès d’autopsie. Mladen Kozul et Michel Delon développent des travaux antérieurs, le premier sur le motif de la contagion, le second sur l’‘obsession du chiffre’ (p. 97), qui annonce et prend le contre-pied des idéologies contemporaines de la rentabilité. Joël Castonguay-Bélanger enfin revient sur la manière dont Sade a réécrit les premiers ‘anthropologues’ de son temps et dressé une cartographie imaginaire de la sauvagerie superposant espaces africain et américain.

Jean-Christophe Abramovici
Université Paris-Sorbonne
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