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Reviewed by:
  • Les chemises bleues. Adrien Arcand, journaliste antisémite canadien-français by Hugues Théorêt
  • David Rajotte
Théorêt, Hugues — Les chemises bleues. Adrien Arcand, journaliste antisémite canadien-français, Québec, Septentrion, 2012, 416 p.

Journaliste de profession, Hugues Théorêt est également connu pour être le rédacteur en chef de Hier encore, une revue d’histoire outaouaise, et l’auteur d’une étude sur une autre personnalité de l’antisémitisme du Canada d’avant-guerre (Le docteur Lalanne. Le faiseur d’anges à la croix gammée, 2011). Il signe ici la troisième biographie à avoir été écrite sur Adrien Arcand, cette figure de proue du fascisme canadien. Il s’agit en fait de la deuxième biographie publiée en moins de trois ans. Celle d’Hugues Théorêt a la particularité d’être en partie tirée d’un mémoire de maîtrise qui a été largement remanié et complété par un travail d’envergure. Le mémoire traitait en effet des activités d’Arcand après 1945, alors que le livre couvre l’ensemble de son existence.

Les chemises bleues nous décrit la vie d’Adrien Arcand de manière chronologique et essentiellement factuelle. Arcand est d’abord présenté comme un journaliste actif à La Patrie, puis à La Presse. Suite à un licenciement en 1929, il devient animateur de différents petits périodiques antisémites. Il a également fondé divers mouvements d’inspiration ouvertement fasciste : l’Ordre patriotique des goglus, le Parti national social-chrétien et le Parti de l’unité nationale du Canada (PUNC). La biographie offre un bon résumé de l’idéologie d’Arcand. Celui-ci professait une haine du juif virulente et était un corporatiste à la manière de Mussolini. Il se voulait aussi un impérialiste convaincu, qui détestait les séparatistes et faisait peu de cas des nationalistes canadiens-français. Son activité militante et ses idées ont fini par inquiéter les autorités à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, si bien qu’il a été interné de 1940 à 1945.

Le grand apport de la biographie d’Hugues Théorêt à la connaissance que nous avons d’Adrien Arcand est ce qui provient de ses travaux de maîtrise. L’auteur consacre en effet près du tiers de son livre à l’après-guerre. Plusieurs pages sont alors dédiées à l’analyse des ouvrages publiés par le chef antisémite après 1945, ce que les autres biographes ne font pas. Les idées véhiculées par À bas la haine! – le dernier livre écrit par Arcand – sont ainsi largement expliquées. Malgré la défaite du fascisme en Europe, Arcand est demeuré un antisémite convaincu jusqu’à la fin de sa vie. Il a contribué au discours négationniste, en étant notamment le [End Page 598] mentor d’Ernst Zündel. Le biographe cherche aussi à placer Adrien Arcand dans les réseaux néo-fascistes internationaux actifs durant la guerre froide. Il montre qu’Arcand entretenait une correspondance soutenue avec plusieurs personnalités de l’extrême droite de l’époque. Si une partie de cette correspondance a déjà été mentionnée dans les autres biographies d’Adrien Arcand, Hugues Théorêt explique en détail qui était chacun des correspondants. Plusieurs informations utiles sur l’héritage d’Arcand sont également fournies. L’activité de certains de ses collaborateurs suite à sa mort est ainsi décrite.

L’auteur affirme, dans une note sur l’historiographie en fin de livre, que l’originalité de son ouvrage réside aussi dans l’insistance qu’il porte à l’antisémitisme d’Adrien Arcand plutôt qu’à son fascisme. Le fondement de cette haine du juif est cependant peu expliqué et contextualisé. Hugues Théorêt dresse le portrait du vieil antisémitisme catholique et affirme qu’Arcand était un intégriste religieux dans son idéologie antijuive (p. 164). On aurait cependant aimé comprendre les distinctions entre cet antisémitisme et celui professé par Hitler. C’est d’autant plus important qu’Arcand a été un...

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