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  • Dupaty et l'Italie des voyageurs sensibles ed. by Jan Herman, Kris Peeters and Paul Pelckmans
  • Friedrich Wolfzettel (bio)
Dupaty et l'Italie des voyageurs sensibles, éd. Jan Herman, Kris Peeters et Paul Pelckmans Amsterdam, New York: Rodopi, 2012. 278pp. US$81;€60. ISBN 978-90-420-3524-9.

Même en mettant en doute que les Lettres sur l'Italie du Président Dupaty aient été « quelque peu oubliées » (quatrième de couverture), il est certain que les actes du colloque international Dupaty et l'Italie des voyageurs sensibles, 1788-1887, tenu à l'Academia Belgica (Rome) du 31 mars au 2 avril 2011, consacrés au rayonnement de l'un des grands représentants des Lumières tardives et à la tradition du voyage sensible, viennent à propos. Dans son article final de synthèse, Jan Herman, de l'Université de Leuven, fait valoir « les trois esprits de Dupaty », dont les Lettres sur l'Italie (1788) inaugurent l'individualisme sentimental et la « poétisation » du genre viatique en jalonnant la route des premiers romantiques, tout en gardant l'esprit civique des « philosophes ». Il faudrait toutefois y ajouter que ce soi-disant « modèle » Dupaty (267) marque la grande rupture épistémique qui déplace le « voyage » faisant partie de l'Histoire vers le genre autobiographique et qui dépasse par là le cas particulier d'un auteur qui est loin d'être le premier à privilégier « l'expression des sentiments au profit des commentaires dénués de subjectivité » (270). Quant à « l'enchevêtrement des "esprits" philosophique et magistral » (270) avec l'esprit littéraire, il suffit de penser à l'école de Coppet qui occupe ici une large place. Le modèle civique est étudié d'abord par Laurence Macé dans son article sur les questions de réforme pénale et par Mladen Kozul dans son article sur Dupaty et la politique; curieusement, Macé ne parle pas du Marquis de Beccaria, le lutteur le plus engagé pour des réformes judiciaires, ni Kozul de Montesquieu qui avait pourtant présenté le modèle de l'enquête politique. Le côtoiement des deux traditions épistémiques est étudié dans deux autres articles, celui de Jean-Daniel Candaux qui commente le Voyage en Italie du genevois Jacques le Fort, « voyage d'instruction » dans le sillon de Lalande, « qui reste fidèle aux lignes du plus pur classicisme » (62) et chez qui Candaux fait valoir la distance et le désaccord avec Dupaty, et dans l'article de Cécile Champy. Cette dernière caractérise le récit de voyage du sculpteur renommé Philippe-Laurent Roland, en 1799, récit sans prétention littéraire qui « porte l'empreinte d'une sensibilité propre au tournant des XVIIIe et XIXe siècles », comme un « grand tour interrompu » (69), en ce sens que « l'accent y est mis sur les émotions et le ressenti du narrateur plutôt que sur l'objet de la narration » (81). Dans un article des mieux étoffés sur la tradition du récit de voyage en Italie, Sébastien Chauffour a enfin étudié [End Page 325] le voyage encore inédit d'un architecte, Jean-Jacques Huvé, en relevant surtout les « épisodes d'émoi » (197) garantissant « la prédominance d'une narration subjective » (193). L'article fort bref de Marguerita Breccia Fratadocchi signale, d'ailleurs, avec l'Itinerario italiano, de 1800, le besoin de guides pratiques, pour ainsi dire le revers de la médaille du voyage sensible. Que ce modèle du voyage sensible hésite entre le spontané et l'artificiel et que la notation des « sensations » n'exclut nullement les tendances philanthropiques ni l'intérêt scientifique, c'est ce que montrent deux articles placés à la fin du livre, celui de Sabine Verhulst sur la sensibilité d'un lettré flamand au début du XIXe siècle, dans les Itinéraires d'un Brugeois en Italie et en Sicile (1821-1823), voyage sensible et grand tour éclairé à la fois, et l'article de Giuseppina Tardanico sur les Lettres sur la Sicile écrites pendant l'été 1805 (1821), du Marquis de Foresta, autre exemple de « sensibilité m...

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