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  • Brève histoire des femmes au Québec by Denyse Baillargeon
  • Yolande Cohen
Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec (Montréal: Boréal 2012)

Il faut saluer la parution de ce petit livre bien documenté, relatant l’histoire des femmes depuis quatre siècles. S’inscrivant dans la lignée de l’histoire globale des femmes amorcée par Quatre siècles d’histoire des femmes du Collectif Clio, ce livre nous donne à voir, de façon claire et concise, la place des femmes au sein d’une histoire nationale en train de se faire. L’effort de synthèse y est d’autant plus louable que c’est un exercice peu prisé des historiens, qui préfèrent le style de la monographie pour établir leur science. Mais l’auteure est bien placée pour réaliser cette synthèse, elle qui a publié des études originales dans le domaine.

S’inscrivant dans la tradition de l’histoire sociale, cet ouvrage relate, en huit chapitres concis, les grands et petits évènements de l’histoire des femmes, dans une perspective de genre, où hommes et femmes, micro-histoire et grande histoire nationale se côtoient pour former une chaine qui nous conduit de la Nouvelle-France à nos jours. L’auteure réussit à éviter l’écueil d’une histoire linéaire ou téléologique, dont le féminisme et les droits des femmes seraient l’unique fil conducteur. C’est donc résolument une histoire qui vise à inscrire les femmes dans tous les aspects de la vie sociale et politique du Québec que l’auteure s’est attelée à réaliser, au prix et aux dépens d’une histoire problématisée autour des grands débats qui agitent le champ, désormais étendu, de l’histoire des femmes et du genre, au Québec et au Canada. Mais comme tout choix, celui-ci a ses contraintes. La somme des travaux réalisés depuis une quarantaine d’années pour relater cette histoire, somme toute relativement nouvelle, permet à l’auteure d’alimenter sa réflexion, même si les références aux grands débats historiographiques n’apparaissent qu’en filigrane dans le texte.

Son premier chapitre, « Amérindiennes et Françaises à l’époque coloniale », établit en parallèle la place de ces femmes à l’époque de la colonisation de la vallée du Saint-Laurent au 17e siècle. Les espaces distincts où vivent les nations autochtones qui vont être colonisées par les Français et les missionnaires catholiques traduisent la distance qui sépare leurs modes de vie et leurs façons de faire. Sans aborder l’impact des missions des Ursulines et des [End Page 347] Augustines sur la vie des Autochtones, sur leur santé ou sur leur éducation et en évitant d’entrer dans le débat sur les effets délétères de la colonisation sur les populations amérindiennes, l’auteure se fait ethnographe pour décrire le travail des femmes dans ce contexte pionnier, celui des domestiques comme celui des femmes de l’élite dans les entreprises familiales. Quant à considérer le Régime français comme un âge d’or pour les femmes, l’auteure s’y refuse, préférant considérer toutes ces femmes comme dominées dans cette société patriarcale.

Son second chapitre qui porte sur le Régime britannique (1780 à 1840) nuance les effets de la Conquête et souligne l’importance de la fin de la guerre de l’Indépendance américaine comme élément marquant de la transformation de la composition ethno-linguistique du Québec (40). L’Acte constitutionnel de 1791 permet aux femmes propriétaires de voter, même si elles ne sont pas éligibles, et de travailler, essentiellement selon l’auteure, dans l’univers domestique. De fait, la liste des multiples métiers exercés par des femmes, dressée en 1825 par Jacques Viger, le futur maire de Montréal (46), et qui s’étend encore davantage plus tard (68), témoigne d’une réalité où les femmes occupent des emplois très diversifiés...

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