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Reviewed by:
  • Réinventer la maison individuelle en 1945 : la cité expérimentale de Noisy-le-Sec dir. by Hélène Caroux
  • Danièle Voldman
Hélène Caroux (dir.). - Réinventer la maison individuelle en 1945 : la cité expérimentale de Noisy-le-Sec. Paris, Somogy Éditions d’Art, 2013, 166 pages.

Depuis sa construction en 1945, la cité expérimentale de Noisy-le-Sec, dans la banlieue parisienne, appelée également cité de Merlan, n’a cessée d’être visitée, photographiée, analysée et commentée. Contrairement à d’autres travaux centrés sur son histoire administrative, technique ou architecturale, l’ouvrage dirigé par Hélène Carroux, avec le soutien du service du patrimoine culturel de la Seine-Saint-Denis, met en avant l’importance de sa conservation actuelle pour mieux saisir le moment particulier qu’a représenté, en France, le relèvement des ruines après la Seconde Guerre mondiale. Alors que l’architecture des années 1950-1970 a été longtemps décriée, cet ensemble d’une cinquantaine de maisons individuelles, emblématique de la première phase de la reconstruction, a été inscrit au titre des Monuments historiques en 2000. Cette inscription, accompagnée de travaux de restauration, de réhabilitation et de sensibilisation des habitants à leur patrimoine, a été suivie, en 2011, d’une campagne photographique dans le cadre de la préparation de l’ouvrage.

Celui-ci, abondamment et agréablement illustré de documents anciens et contemporains, contient des notices et des articles qui permettent de comprendre l’intérêt suscité par le tout premier chantier expérimental mené sous l’égide du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, créé en novembre 1944. En effet, avant de se lancer dans leur politique d’édification de grands ensembles, les pouvoirs publics voulurent montrer que les maisons individuelles pouvaient être pensées selon [End Page 159] une modernité urbanistique et architecturale qui corrigerait les défauts de l’habitat pavillonnaire anarchique des années 1930. Sur le modèle des cités-jardins chères à Henri Sellier, les maisons étaient disposées de façon à s’ouvrir d’un côté sur la voie de desserte et de l’autre sur un espace central réservé aux enfants. Par ailleurs, toutes les méthodes constructives nouvelles y étaient représentées, autant pour les matériaux (pierre, bois, plâtre, mais aussi acier, aluminium et béton) que pour les procédés de préfabrication. Conçue comme une cité internationale, elle fut « le seul chantier expérimental en France [qui a fait] la part belle aux procédés étrangers afin d’offrir des éléments de comparaison avec les prototypes hexagonaux » (p. 8). À la fin du chantier, en 1947, la moitié des maisons, livrées « tout équipées » et meublées, était issue de pays étrangers (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, Finlande, Suède, Suisse).

Alors que la Seine-Saint-Denis est souvent perçue comme la terre des grands ensembles bétonnés de barres et de tours, ce travail vient opportunément rappeler que les expérimentations de la fin des années 1940 destinées à trouver des solutions au manque de logements ont été diverses et que, dans l’urgence qu’il y avait à loger les sinistrés, les « chantiers d’expérience » concernaient tous les types d’habitat.

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