In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Désirs de toit by Danièle Voldman (dir.)
  • Annie Fourcaut
Danièle Voldman (dir.). - Désirs de toit. Paris, Créaphis, 2010, 204 pages. « Lieux habités –Histoire urbaine ».

Cet ouvrage collectif remarquablement illustré rassemble sous la direction de Danièle Voldman huit contributions de sociologues, d’historiens de l’art, d’architectes et d’historiens autour de la question du logement, à la fois marchandise, objet de désirs individuels ou familiaux, affaire de politique publique et de spéculation privée. Une très dense et courte introduction de la directrice du volume, ainsi que la conclusion, intitulée « Une raison d’agir » (p 199-201) situent les ambitions du recueil : le logement étant à la fois un objet, une image et un mot, il s’agit de mesurer, dans une durée séculaire, les écarts entre les discours et le réel, tout en conservant le désir de se loger comme fil conducteur de l’ouvrage.

Les différents articles s’échelonnent des marges au cœur du sujet. Claire Lévy-Vroelant s’interroge sur « La norme sédentaire, le côté obscur du logement » ; elle trace un panorama rapide de toutes les formes de logement non sédentaire, ou temporaire – foyers de migrants ou résidences sociales ; elle rappelle l’existence de nomades, d’itinérants, d’habitants de logements éphémères et l’empreinte de la norme sédentaire dans la statistique nationale. Cette esquisse des différentes formes de logement temporaire ou fragile, du chemineau à aujourd’hui, s’achève sur le constat peu argumenté de la « mauvaise conscience » de la société (p. 31). Patrice Gourbin traite d’un aspect qu’il peine à rattacher au thème du volume : « Le patrimoine, une vie de château », qui traite du « logement-patrimoine » depuis un siècle. En fait, l’article évoque l’évolution du sentiment patrimonial à partir d’exemples très hétérogènes, du château de province au curetage de l’îlot insalubre 16 à Paris en passant par l’appartement-témoin Perret au Havre ; l’auteur ne peut développer l’idée intéressante du patrimoine comme « puissant facteur d’intégration sociale » (p. 194), avec notamment l’exemple de la transformation en logements sociaux d’édifices patrimoniaux. Nick Bullock reprend le dossier de l’influence du salon des arts ménagers dans « La cuisine au Salon : le rôle des arts ménagers dans la formation de l’idéal domestique moderne » et avance deux conclusions : le nouveau modèle domestique transcende les distinctions de classe – l’auteur note qu’en 1958, l’Union des femmes françaises de Saint-Denis organise une visite du salon pour les femmes de la cité Paul Langevin. En outre, le nouvel idéal domestique se serait réalisé pour la plupart des ménages français à la fin des années 1960, ce qui demanderait à être vérifié à partir des chiffres de l’enquête logement de 1967 : à cette date, sur 14 millions de résidences principales, 1,6 million n’ont pas l’eau courante et 4,3 millions n’ont que l’eau, mais ni WC intérieurs ni salle de bains, ce qui limite l’accès aux idéaux hygiénistes calqués sur le modèle américain. [End Page 155]

Les autres contributions abordent deux des débats majeurs de l’histoire du logement en France : la question de l’habitat individuel puis celle de l’insertion du logement social dans les marchés du logement. L’article d’Hélène Frouard, « De la rue de l’Oasis au chemin de la Caille : un rêve pavillonnaire au début du XXe siècle », renouvelle complètement un débat historiographique ancien, mais abandonné depuis les années 1970 faute de travaux inédits, sur le rapport des classes populaires au logement ; elle reprend, pour les démonter, les arguments classiques sur le désintérêt des ouvriers pour leur espace domestique ; elle s’appuie en outre sur 73 dossiers de bénéficiaires de la loi Ribot (1908) qui se lancent dans l’aventure de l...

pdf

Share