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  • Florestas de cimento armado. Os grandes conjuntos residenciais e a Constituição da Metrópole de Lisboa (1955-2005) by João Pedro Silva Nunes
  • Diego Beja Inglez de Souza
João Pedro Silva Nunes. - Florestas de cimento armado. Os grandes conjuntos residenciais e a Constituição da Metrópole de Lisboa (1955-2005). Lisbonne, Fundação Calouste Gulbenkian/Fundação para a Ciência e Tecnologia, 2011, 375 pages.

L’ouvrage du sociologue portugais João Pedro Silva Nunes peut être lu comme une introduction au monde des grands ensembles de la région métropolitaine de Lisbonne, mais aussi comme un élément d’analyse des phénomènes urbains caractéristiques de la seconde moitié du vingtième siècle, dans une perspective transnationale d’histoire urbaine. Certes, le cas portugais a ses particularités. On y trouve un contexte politique assez différent de celui qui a produit des formes urbaines semblables en France, marqué par la fin de la dictature d’Oliveira Salazar et de son projet d’État Nouveau, dans lequel une fonction idéologique essentielle revenait à la cellule familiale et à la mémoire d’un Portugal rural et archaïque. L’auteur tire son titre d’un discours prononcé par le député António Alarcon à l’Assemblée nationale en février 1974, quelques mois avant la révolution pacifique qui a mis fin à ce régime dictatorial. L’orateur parlait de « forêts de béton armé », image poétique reflétant le contraste entre les nouvelles formes urbaines, la ville historique et les modes de vie de leurs habitants. Dans la dernière période de cette dictature, en effet, le logement des familles à faibles revenus a retenu l’attention de l’État, après des décennies de pénurie et de censure face aux mouvements revendicatifs. L’accession à la propriété privée était un point central dans l’idéologie du régime et dans la promotion publique du logement social. Aussi Lisbonne, ville de locataires, est-elle devenue en un temps relativement court une métropole de propriétaires.

Entre 1960 et 1974, le Portugal est passé par un processus d’intense urbanisation et de relative modernisation, dans lequel la construction des grands ensembles de logements sociaux en banlieue a joué un rôle central. Lisbonne et ses alentours sont le territoire où l’on peut visualiser le plus nettement les contradictions que [End Page 152] révèle la transition vers une société urbaine et métropolitaine. Cette mutation de la société et de ses formes urbaines s’est accompagnée de transformations non négligeables dans les conditions d’habitation et de circulation. Comme le dit l’auteur, « ces ensembles de logements […] facilitent l’émergence de territoires qui, dès leur origine et dans leurs rapports avec l’agglomération, sont marqués par un usage du sol fortement spécialisé, un tissu urbain très morcelé et un cadre bâti de faible lisibilité. Ils donnent lieu à une forte ségrégation des usages du sol, parce que le résidentiel est prédominant et a tendance à se concentrer, les rapports entre l’espace et les voies de circulation à être rationalisés et, de manière générale, les commerces et services à y être concentrés. […] En rapport intime avec la différenciation économique, spatiale et sociale, les voies et les moyens de transport favorisent, configurent des accès et influent sur les façons dont l’extension de la ville produit et reproduit des inégalités sociales » (p. 172-173).

À partir des mutations observées dans l’histoire récente de l’Amadora, un village pittoresque converti en banlieue monofonctionnelle, l’ouvrage souligne le rôle des entrepreneurs privés, qui ont exploité la crise du logement en constituant des lotissements précaires, en y construisant des bâtiments et en y proposant des services et des commerces associés à la vie familiale. À travers l’analyse de l’histoire particulière du grand ensemble de la Reboleira, João Pedro Silva Nunes montre le détournement d’une « utopie petite-bourgeoise » vers un grand ensemble populaire...

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