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Le Toussaint d’Aimé Césaire: Réflexions sur le statut d’un texte Gloria Nne Onyeoziri D ANS SON TEXTE, Soundjata ou l’épopée mandingue, Djibril Tamsir Niane déclare par le titre même qu’il ne s’agit pas seule­ ment de faits historiques, mais d’un rassemblement d’éléments historiques et traditionnels; c’est-à-dire d’un savoir qui serait communé­ ment reconnu comme historique et d’un savoir qui serait reconnu comme traditionnel. Niane avertit ainsi (implicitement) ses lecteurs que, bien qu’il s’agisse d’un texte littéraire écrit par un historien, les éléments tradi­ tionnels et les éléments historiques s’articulent pour mieux expliquer l’histoire ou pour produre une sorte d’explication historique. En même temps, cette explication historique fait partie de la littérarité du texte. En ce qui concerne le texte d’Aimé Césaire, ni celui-ci, ni son préfacier, ni les éditeurs de Présence Africaine qui ont cru bon de demander à un historien professionnel d’écrire la préface, ne le reconnaissent comme autre qu’un texte historique: ce n’est surtout pas une “ épopée” . Mais est-ce un document historique? Césaire le prend-il comme tel, tout court? Comment faut-il le lire? Il nous semble que l’une des situations qu’affronte le Toussaint Louverture de Césaire sera qu’au niveau des his­ toriens professionnels, un ouvrage historique écrit par Césaire (le poète, le dramaturge, celui qu’on associe au mouvement de la Négritude) sera difficile à digérer ou à recevoir, même si cet ouvrage ne fausse en rien l’histoire. Thomas Ott, par exemple, dans son histoire de la révolution haïtienne, souligne ce qu’il comprend comme l’arrière-plan politique du livre de Césaire: More consistent to Black Marxism is Aimé Césaire, a Martinique poet and politician. Césaire has extolled the virtues of Africa and may have been the one to originate the term Negritude, a term which emphasizes Negro brotherhood around an African centerpiece. It is significant that Césaire wrote a biography of Toussaint which was published in 1960. In it he attempted to portray Toussaint as more African than Haitian. Thus Césaire subtly appropriated part of the Haitian Revolution to support his ideology.1 Dans ses notes bibliographiques, Ott exprimera sa préférence pour l’his­ toire de Stephen Alexis, puisque celle de Césaire “ although temperate on Vo l . XXXII, No. 1 87 L ’E sprit C réateur most matters, is not well researched” . Nous ne saurions commenter ce jugement, mais il paraît clairement que le fait même que cette histoire soit la création d’Aimé Césaire constitue pour Ott un inconvénient pour ce qui est de la véracité historique. Toutefois, après avoir lu ce texte attentivement, nous sommes d’avis que Césaire ne le prend pas tout simplement comme un document his­ torique; il ne s’arrête pas aux faits et événements historiques, il les commente de façons lyrique, théâtrale, journalistique et rhétorique. A nous les lecteurs de décider s’il faut écarter ce texte du corpus total de l’œuvre de Césaire ou d’essayer, en l’étudiant, de l’intégrer dans la dis­ cussion de la totalité des écrits de Césaire. A commencer par l’objectif que Césaire se propose dans cet ouvrage, afin de le situer au niveau des historiens professionnels. Dans son intro­ duction nous lisons ceci; Je ne dirai pas que les faits ne sont rien. Sans eux il n’y aurait pas d’histoire. Mais le plus important en histoire, ce ne sont pas les faits, ce sont les relations qui les unissent, la loi qui les régit, la dialectique qui les suscite. C’est ce que, dans le cadre de mon sujet, j’ai tâché de saisir. (Toussaint Louverture 24) II est possible qu’aucun historien ne perde de vue, en accomplissant sa tâche, les relations qui unissent les faits historiques, ni les lois qui les régissent...

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