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B ook R ev iew s puisque la majorité des articles, ici rassemblés, sont rédigés par des critiques japonais. Au moment de la publication de ce numéro spécial, Un captif amoureux et L ’Ennemi déclaré n ’avaient pas encore été traduits en japonais. Quatre articles portent cependant exclusive­ ment sur les écrits de la période politique de Genet (K. Uno, «Le Temps de Genet», S. Ukai, «Comme des frères, l’amour et la mort, simultanément», T. Umeki, «La Palestine qui rêve», P. Bougon, «Une histoire captivante»). Face à un écrivain si propice à engendrer des mythes, ces critiques se sont avant tout ef­ forcés d’analyser des logiques narratives par lesquelles figurent ensemble poésie et poli­ tique. Umeki et Uno tentent de cerner l’esthétique des derniers textes, tout en essayant de mettre en relief les éléments communs à l’œuvre antérieure. Ukai, à propos de Quatre heures à Chatila, et Bougon, au sujet d’Un captif amoureux élaborent, quant à eux, des lectures attentives au travail des mots. Concernant le récit sur le massacre des réfugiés palestiniens, Ukai cherche une possibilité d ’interprétation “ qui resterait à l’écoute du silence des morts” . C’est la notion de présence qui est ici interrogée, d’un point de vue philosophique. Bougon, pour sa part, analyse les relations entre l’écriture de l’histoire, la fiction et l’autobiographie. A son avis, la référence à l’histoire contemporaine est main­ tenue mais aussi radicalement altérée par la façon dont Genet compose son récit et sollicite une certaine «complaisance linguistique» qui permet un usage de la digression particulier. Chacun à sa manière, ces deux critiques posent aussi la question de l’éthique. On remarquera aussi, dans ce numéro, un texte de H. Hirai (introducteur de l’existen­ tialisme au Japon) qui avance, dans son article «Au-delà d ’Igitur», l’hypothèse selon laquelle Saint Genet, publié par Sartre en 1952, ne serait pas la raison majeure du silence de Genet dans les années cinquante. Au contraire, grâce à la découverte ou plutôt à la relecture de Mallarmé (fortement sollicité par Sartre) Genet aurait alors cherché une nouvelle voie... Selon une toute autre perspective, Hirai note, de plus, l’importance de l’homosexualité dans la littérature française (Verlaine, Rimbaud, Proust, Barthes, Foucault). Le ton académique des commentateurs est équilibré par les témoignages, japonais ou non, anciens comme nouveaux, et par la publication de plusieurs lettres de Genet. H. Shinozawa (universitaire) et Y. Ishii (chanteuse) relatent ainsi des souvenirs brefs mais précieux. L’un des intérêts de ce numéro d ’Eurêka, pour le public japonais, réside aussi dans la traduction inédite de trois textes de Genet: Fragments (1954), Ce qui est resté d ’un Rem­ brandt (...) (1967) et enfin un extrait d’Un captif amoureux (1986). Les relations entre l’oeuvre de Genet et les écrivains japonais sont évoquées par Ukai qui rappelle l’admiration de Mishima pour l’auteur français. On aurait cependant apprécié un article plus systématique afin de mieux percevoir les traces de l’oeuvre de Genet sur la littérature japonaise dans son ensemble. Malgré l’écart politico-culturel entre le Japon et la France, on peut parier sur l’impor­ tance croissante pour les japonais que prendront les écrits esthétiques que Genet consacra à Giacometti et à Rembrandt. On doit rappeler ici que, dans Un captif amoureux, Genet marque son goût pour un pays (le Japon) qui échappe aux valeurs du judéo-christianisme. M a k ik o U e d a Université de Paris IV J e a n G e n e t . Numéro spécial du Magazine Littéraire, n°313 (sept. 1993). Pp. 114. 30 Fr. Sept ans après la mort de Jean Genet, le numéro spécial du Magazine Littéraire rend hommage à l’homme autant qu’à l’écrivain. Divers témoignages, parmi lesquels ceux de Tahar Ben Jelloun, Monique Lange, Jacques Guérin ou Paule Thévenin confirment le por­ VOL. XXXV...

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