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L ’E sprit C réateur François Pfaff. T he C inema of O usm ane S em bene. A P ioneer of A frican F ilm . W estport , CT: Greenwood Press, 1984. Pp. xx + 207. Six ans après sa publication, l’ouvrage de Françoise Pfaff est toujours encore le seul ouvrage consacré entièrement à l’œuvre individuelle d’un cinéaste africain au Sud du Sahara. D’autres ouvrages publiés depuis présentent en général plusieurs cinéastes: c’est le cas, entre autres, de Roy Armes Third World Filmmaking and the West (1987), R. André Gardies et Pierre Haffner Regards sur le cinéma négro-africain (1987), Françoise Pfaff, Twenty-Five Black African Filmmakers (1988). Ousmane Sembene demeure, sans aucun doute, le pionnier du cinéma négro-africain et une figure dominante de ce cinéma. Pfaff consacre la deuxième partie de son étude (83-177) à une présentation de l’histoire et de la thématique générale des films produits par Sembene entre 1963 et 1976: Borom Sarret, Black Girl, Mandabi, Emitaï, Xala et Ceddo. Ces films de Sembene sont une caméra braquée sur la société sénégalaise, microcosme d’une société africaine en proie à des transformations et à ses propres contradictions. Les thèmes évoqués dans les films traitent de toutes sortes de problèmes: l’analphabétisme, la corruption, la nouvelle bourgeoisie et son goût de consommation, la tradition face à la modernité (Xala), l’exploitation des petites gens (Mandabi, La Noire de), la bureaucratie tracassière et inefficace (Mandabi), l’inadaptation à la vie urbaine (Borom Sarret), etc. Comme dans ses romans et ses nouvelles, Sembene met aussi en évidence l’importance des femmes dans la société et la nécessité d’un changement dans les structures sociales afin de leur reconnaître une place dans la vie publique (Ceddo, Emitaï, Borom Sarret). Sur le plan technique Sembene recourt au gros plan et à la vision panoramique. S’il se situe dans la tradition du réalisme social, il a aussi introduit dans son œuvre une dimension symbolique: ainsi dans Emitaï, Ceddo, Xala la femme africaine et le rôle qu’elle joue symbolisent le futur. Le crachat des mendiants sur El Hadji dans Xala est l’élément qui permettra au personnage le retour de sa puissance virile. Mais son impuissance sexuelle n’est-elle pas aussi le symbole d’une Afrique rendue impuissante face aux nombreux problèmes qui l’assaillent de toutes parts? La première partie du livre (pp. 3-82) de Pfaff nous a semblé la plus intéressante. En fait, en présentant le cadre dans lequel se constitue le cinéma de Ousmane Sembene, Pfaff offre une perspective globale sur les conditions de création du cinéma africain. En même temps qu’il se veut critique sociale, le cinéma de Sembene voudrait offrir de l’Afrique une vision de l’intérieur qui puisse contre-balancer la vision exotique et les stéréotypes popularisés par les films européens et surtout américains tels que The King Solomon Mines, The Snows o f Kilimanjaro, Tarzan and the Jungle Boy, etc. La production cinématographique de Sembene (et en Afrique en général) se fait en dehors de toute infrastructure industrielle. Certaines contraintes objectives pèsent encore et toujours sur la production des cinéastes: dépendance en Afrique francophone par exemple, des fonds du Ministère français de la Coopération ou du gouvernement de son pays, manque de techniciens et d’équipements sur place pour le traitement et la conservation de la pellicule. Les rentrées des films sont relativement limitées dans la mesure où ils ne passent pas dans les réseaux de distribution commerciale dont généralement des sociétés étrangères détiennent le monopole. Sembene a cependant trouvé le moyen de réduire le coût de la pro­ duction en privilégiant les prises de vue à l’extérieur et donc, dans un cadre naturel et en utilisant, le plus souvent, des acteurs non professionnels...

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