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En guise d’avant-propos Richard L. Barnett N OUS SOMMES AU SEUIL d’une époque paratextuelle, au seuil d’un seuil, stationnés à la frontière d’un moment exégétique, “ dispositionnel” qui privilégie les marges, s’y institue, s’en fait partie. Nul moyen dès lors de ne pas interroger cet autre discours— auxiliaire, liminaire, discours à la deuxième puissance et lequel, comme paradoxalement, s’écarte des mêmes textes qu’il accompagne et s’évertue à dire. Autre discours, discours de l’autre: celui qui, en se voulant à part, collabore—en silence, presqu—à la même entité qu’il excède. Plus insidieux encore est ce phénomème d’un appareil d’accom­ pagnement qui, en énonçant l’impossibilité d’aboutir à l’écrit qu’il escorte, se signale comme acte suffisant alors qu’il promène avec ostenta­ tion son objet même; il le présente et se présente du même coup subreptice . A partir d’un tel effet de convergence, le paratexte adopte le statut d’un lieu, mais d’un lieu doublement inauthentique, car l’espace qu’il occupe n’est jamais ni nulle part qu’un ailleurs textuel, une visée loin­ taine, inatteignible—différente. Or la préface, paratexte exemplaire, trouble, elle déconcerte en fait. Préliminaire, avant la lettre, valorisée par son antécédence, par l’acte même de précéder, elle naît de la même méta-fiction qui la constitue et laquelle pourtant ne correspond guère au nom qu’elle s’attribue. Marginale, cette écriture l’est dans tous les sens. A la limite, tel leurre inaugural, qui ne s’abstient point de se regarder, de se commenter, de se dire, commente et dit moins ce que—ostensiblement—il aspire à élucider que ce qu’il est lui-même, indice de son propre être. C’est dans cette optique réflexive donc qu’il porte sur le mensonge, ne porte que lui. Car ici, comme partout, la seule notion de seuil s’avère mensongère; il n’y a pas de début(s). Dire un début, c’est, dès l’abord, mentir, c’est créer un “ ce qui n’est pas” , c’est sémiotiser par sa propre présence l’espace d’une irrémédiable absence. Non que le réel s’en extirpe absolument; il y existe au pluriel, en tant que simulacre, comme la feinte d’une soi-disant antériorité. Ce qui nous amène au présent recueil dont l’inhérence dérive en prin­ cipe de la pluralité qu’il annonce: à ce seul égard peut-être, les essais qui parent ce volume, dans toute leur disparité—et même par elle—n’en sont VOL. XXVII, No. 3 5 L ’E sprit C réateur qu’un. Points de repère expressément élusifs, ils cherchent tous à situer le même “ hors livre” (derridien) que, pourtant, ils re-marginalisent et démontent si différemment. A part leurs approches et leurs approches à part, tous concourrent à transmettre—chacun de sa manière idiosyncrasique —l’altérité des énoncés prélusifs, à les interroger, à transpercer (sans pour autant franchir) les obstacles qui nous séparent d’eux, à faire sentir l’incertitude sur laquelle ils semblent toujours déboucher. Per­ formances critiques qui reflètent et s’acharnent à dire la dimension performative des proèmes, l’enjeu auquel ils donnent naissance, la si tortueuse prescription qu’ils énoncent et subvertissent—à la fois et inces­ samment. Curieuse dynamique, enfin. 6 F a l l 1987 ...

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