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Review Essay Lahsen Mouzouni et la réception critique du roman marocain de langue française I. C. Tcheho L e domaine littéraire maghrébin s’affirme de plus en plus comme le lieu d’une grande activité critique. Celle-ci est concrétisée par une publication de plus en plus soutenue de textes analytiques aussi dignes d’intérêt les uns que les autres. Jusqu’à une date récente, les principaux foyers de cette production se situaient exclusivement hors d’Afrique. Mais l’on assiste à un réveil à l’intérieur du Maghreb, grâce auquel les études enterprises sur place n’empruntent plus forcément le chemin de l’émigration pour se faire (re)connaître. Dans cette perspective, le Maroc, entre autres pays du Maghreb, semble avoir pris une option prometteuse. C’est ainsi que les éditions SMER ont assuré la publication de Violence du texte de Marc Gontard (en co-édition avec L’Harmattan) ou du Maghreb pluriel d’Abdelkébir Khatibi (en co-édition avec Denoël). Pour leur part, les éditions Afrique Orient, de création plus récente, ont inauguré à Casablanca leur apport à cette vitalisation de l’activité culturelle avec Crise du sujet, crise d’identité. . . d’Abdallah Bensmaïn. Grâce aux mêmes éditions, l’universitaire marocain Lahsen Mouzouni a proposé au public un livre intitulé: Réception critique d ’Ahmed Séfrioui. Esquisse d’une lecture sémiologique du roman marocain de languefrançaise (1984). La lecture de ce dernier titre a suscité les quelques réflexions qui font l’objet du présent article. Les 223 pages du livre de Mouzouni sont constituées d’analyses denses centrées donc sur les formes de discours critiques inspirées par la littéra­ ture maghrébine de langue française en général, en particulier par le roman marocain. L’originalité de l’enterprise apparaît alors d’emblée: sauf erreur, le problème de la réception critique du texte littéraire maghrébin n’avait pas encore fait l’objet d’une investigation individuelle aussi minutieuse et passionnante'. Certes, Bouraoui et Boureau, entre 1. L’on n’oublie pas, bien sûr, le numéro spécial de Œuvres et Critiques, IV, 2 (1979) con­ sacré à “La littérature maghrébine de langue française devant la critique” . 86 Spring 1986 T cheho autres, s’y sont intéressés avant Mouzouni, Mais dans le cadre étroit des articles (et non pas d’un ouvrage tout entier), ils ne pouvaient pas aller aussi loin que tente de le faire Mouzouni. Tout au plus pouvaient-ils pro­ poser des préliminaires qui ont été fort utiles à Mouzouni, ce que ce dernier reconnaît d’ailleurs dans son ouvrage (pp. 25-27). Le livre nous fournit suffisamment d’éléments de base permettant de mieux saisir la notion de réception critique et d’apprécier son application concrète. Mouzouni définit la réception critique comme étant la “critique de la critique” (p. 16), c’est-à-dire la réévaluation des différentes études consacrées à un corpus littéraire constitué, en l’occur­ rence celui du Maroc réduit éventuellement à l’oeuvre d’Ahmed Séfrioui. Ainsi comprenons-nous que la réception critique fonctionne comme troisième constituant d’un processus de production et de consommation de la littérature. Les explications données par Mouzouni au début de son livre facilitent l’esquisse du schéma conceptuel suivant qui éclaire le travail auquel le critique s’est consacré: 1. Œuvre littéraire — > ■2. Etudes sur cette œuvre —> 3. Analyse de ces études Avec une illustration dans l’univers marocain, le schéma se transforme de la manière suivante: 1. “ Le Passé simple” —> 2. Etudes sur “ Le Passé simple” —> 3. Relecture du “Passé simple” à partir des études 2. Au bout de l’entreprise, l’oeuvre littéraire, point de départ de tout, est supposée mieux comprise parce que les erreurs d’analyse qui ont pu être commises au niveau 2 se trouvent éventuellement corrigées. La réception critique fonctionne donc à la manière d’un projet...

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