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Une critique inédite de La Terre et le sang de Mouloud Feraoun Jeanne Adam L E 15 JUILLET 1951, Mouloud Feraoun écrivait à Emmanuel Roblès: “As-tu entendu parler du Prix littéraire de l’Algérie?1 (200.000 F.) Ai-je le droit d’y présenter Le Fils du pauvre?2Me conseilles-tu d’y présenter “La Terre et le sang,” le roman en prépara­ tion qui sera terminé et tapé dans les délais qu’on a fixés? Ce serait une façon de savoir si le livre est bon et il n’y a aucun risque. Je pourrais doubler les chances en envoyant les deux bouquins.”3 La réponse d’E. Roblès dut être affirmative car le nom de M. Feraoun suivi du titre de ses deux premiers romans figure sur la “liste” des candidats au Grand Prix Littéraire de l’Algérie arrêtée au 31 octobre 1951." Le Fonds Pomier contient deux exemplaires dactylographiés de cette liste: l’un, daté, à la main du “ 12 novembre” porte un + devant le nom du romancier; l’autre, sans date, un R. (refusé). Cette année-là, “la première réunion du Jury [devait se tenir] le lundi 12 novembre [pour procéder] à l’examen des candidatures dont la liste de celles qui paraîtraient] devoir être retenues ser[ait] arrêtée.”5Lors d’un premier examen, la candidature de M. Feraoun avait donc été retenue mais au cours d’une sélection ultérieure qui, avant le vote des membres du jury 1. Pour l’historique et les diverses attributions de ce prix, nous renvoyons à l’article de Jean Déjeux, “Le Grand Prix Littéraire de l’Algérie (1921-1961)” , Revue (¡’Histoire Littéraire de la France (janvier-février 1985), pp. 60-71. L’un des deux lauréats de 1942 était Emmanuel Roblès qui avait présenté Travail d ’homme (Alger: Chariot, 1942). 2. (Le Puy: Les Cahiers du Nouvel Humanisme, 1950; rééd. Paris: Seuil, 1954). La question de M. Feraoun s’explique par le fait que son premier roman avait obtenu, en décembre 1950, le Grand Prix Littéraire de la ville d’Alger. En outre, M. Feraoun avait déjà, en 1946, soumis au jury du Grand Prix Littéraire de l’Algérie un manuscrit intitulé “Menrad” qui, remanié et considérablement augmenté, devait devenir en 1950, Le Fils du pauvre. Menrad instituteur kabyle. “Menrad” avait valu au roman­ cier un encouragement du jury. (Voir notre article sur “Les débuts littéraires de Mouloud Feraoun” , Revue d Histoire Littéraire de la France (novembre-décembre 1981), pp. 944-52.) 3. Mouloud Feraoun, Lettres à ses amis (Paris: Seuil, 1969), p. 55. 4. Dossier, “Comité du Grand Prix Littéraire,” Fonds Pomier, Bibliothèque munici­ pale. Toulouse. 5. Lettre du Gouverneur Général de l’Algérie au Président de l’Association des Ecrivains d’Algérie (Jean Pomier), 6 novembre 1951, Fonds Pomier, El. M. Toulouse. 50 Spring 1986 A dam devait réduire à deux le nombre des concurrents (ibid), le romancier avait été éliminé. D’ailleurs, en 1951, le Prix n’avait pas couronné un roman mais une étude de Georges Marçais sur La Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen-Age,6 Le Grand Prix Littéraire de l’Algérie étant alors triennal, Mouloud Feraoun pose à nouveau sa candidature en 1954. Bien que, assez curieusement, son nom ne paraisse pas sur la liste des 43 concurrents de 1954, deux lettres inédites de janvier 1955 attestent non seulement que le romancier avait présenté La Terre et lesang,7paru en 1953 et couronné la même année, en France, par le Prix Populiste, mais encore qu’il comptait de chaleureux partisans parmi les membres du jury. Ces lettres manu­ scrites, à la signature illisible, addressées au Président de l’Association des Ecrivains Algériens, Jean Pomier, qui était aussi l’un des trois rapporteurs à la commission du Prix, semblent émaner d’une personne étrangère au jury, fonctionnaire attaché au Cabinet du Gouverneur Gén...

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