In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • La conquête de Paris. La saga des artistes québécois en France by Louis-Bernard Robitaille
  • Claude Grégoire (bio)
Louis-Bernard Robitaille, La conquête de Paris. La saga des artistes québécois en France, Montréal, les Éditions la Presse, 2010, 256 p.

Installé en France depuis une quarantaine d’années, Louis-Bernard Robitaille, propose, avec La conquête de Paris. La saga des artistes québécois en France, un essai basé sur sa longue fréquentation de la société française, mondes politique et artistique inclus. À titre de correspondant pour le journal La Presse et la revue L’actualité, le journaliste et homme de lettres (on lui doit, notamment, l’incisif Ces impossibles Français), Robitaille a été à même d’apprécier, depuis Félix Leclerc, les hauts et les bas de la difficile conquête de Paris pour les artistes québécois. Avec une plume alerte et la qualité d’observateur qu’on lui connaît, Robitaille montre, surtout chez les chanteurs, les aléas de la conquête du public français, qui apparaît comme [End Page 827] un processus long et difficile. Même si, depuis une vingtaine d’années la voie semble pavée d’or pour les artistes québécois, Robitaille rappelle que, malgré un succès franc pour certains, le nombre d’échecs supplante encore largement le nombre de réussites.

Dès l’abord du cas de Félix Leclerc, la problématique de l’originalité québécoise perce le propos de Robitaille. Si Leclerc paraît au départ juste assez dépaysant et exotique sans être déroutant pour les Français, les Ferland, Léveillée et Julien, par exemple, seront vus comme trop « français », et ne connaîtront pas un succès aussi grand que celui de leur prédécesseur, qui demeure une référence soixante ans plus tard. Pour sa part, Robert Charlebois, peu porté à parler « à la française » et au style plus américain, a brutalement saisi l’imaginaire français initialement, mais, àl’instar d’un Vigneault, par exemple, il se contente depuis une vingtaine d’années de tournées limitées, en petites salles, malgré l’attachement réel que le monde culturel français lui montre. Du côté du cinéma, après avoir exploré le singulier parcours de l’actrice puis chanteuse Carole Laure, Robitaille rappelle toutefois que l’un des succès cinématographiques québécois en France fut le fait de Denys Arcand, avec Le déclin de l’empire américain et Les invasions barbares, qui sont le fruit d’une démarche individuelle, non drapée de fleurdelysé, un peu à l’image, dans le monde de la chanson, de Richard Desjardins, de Jorane, de Pierre Lapointe et de Fred Pellerin.

Mais de tous les artistes québécois dont il aborde la carrière hexagonale, c’est celle de Luc Plamondon à laquelle Robitaille consacre, à juste titre, la plus importante part de son ouvrage. Il rappelle les débuts mitigés de Starmania, que le parolier s’est entêté à remettre sur scène avec le succès que l’on connaît maintenant, puis avec Notre-Dame de Paris. Ses nombreuses collaborations avec d’importants artistes français (Berger, Barbara, Lara, Clerc, pour ne nommer que ceux-là) et québécois (Dufresne, Dion, Boulay), s’étalent sur plus de quatre décennies et ont généreusement contribué à l’établissement de carrières qui ont souvent dépassé le Québec et la France. Dans le même ordre d’idées, le tenace producteur Gilbert Rozon, après avoir fomenté la résurrection de Trenet, a lui aussi tissé de nombreuses associations outre-Atlantique, surtout sur le plan de l’humour et de la télévision.

Jouant sur deux continents, le parolier Plamondon et le producteur Rozon, véritables réseauteurs du monde artistique (plus que le gouvernement québécois ne peut l’être, en fait), sont essentiellement annonciateurs de la plus récente tendance que Robitaille observe dans le monde fran...

pdf

Share