In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’impasse amérindienne. Trois commissions d’enquête à l’origine d’une politique de tutelle et d’assimilation 1828–1858 ed. by Michel Lavoie and Denis Vaugeois
  • John A. Dickinson (bio)
L’impasse amérindienne. Trois commissions d’enquête à l’origine d’une politique de tutelle et d’assimilation 1828–1858, présenté par Michel Lavoie et Denis Vaugeois, Québec, Septentrion, 2010, 499 p, 39,95$

Avec le mouvement « Idle no more », on constate dans la presse tous les jours que la question « amérindienne » est toujours d’actualité au Canada. Quelle est la politique des gouvernements, canadiens et provinciaux, vis-àvis des Amérindiens? Quelle est son origine? Est-ce vraiment une impasse ou le résultat de dénis successifs à reconnaître la « souffrance due au colonialisme » comme vient de proclamer François Hollande concernant l’Algérie et plus largement, l’ancien empire français? Voilà des questions essentielles auxquelles ce livre apporte une modeste contribution en éditant des enquêtes du XIXe siècle qui sont le fondement de la politique canadienne poursuivie jusqu’à ce jour.

Après la Guerre de 1812, le gouvernement impérial était confronté à un problème de taille : comment honorer les engagements pris envers les alliés militaires amérindiens alors que la perspective d’une nouvelle guerre avec les États-Unis s’éloignait et que l’opinion publique britannique estimait que l’impérialisme coûtait trop cher? Les trois rapports d’enquête publiés in extenso ou en partie (préférer la première partie du rapport Bagot plutôt que la dernière qui contient une synthèse et les recommandations méritait d’être mieux justifiée) dans ce volume élaborent des tentatives de réponses à ces questions et ont profondément influencé la politique des autorités impériales et coloniales. Le souci de faire des économies dans le budget de l’État – la période actuelle n’a rien inventé – dominent les considérations dans les trois rapports qui dressent des tableaux révélateurs de la condition des autochtones. Et les économies passent par le transfert de l’administration militaire – toujours très coûteux – à l’administration civile que les coloniaux payeront.

Le rapport Darling, dressé en 1828, analyse succinctement la situation des Amérindiens dans les deux Canada et pose surtout la question de la pertinence de subventionner ces peuples avec des dons annuels. Il conclut qu’il faut maintenir le système en place, mais préconise la substitution d’outils aratoires aux fusils et munitions afin de « civiliser » ces peuples afin de mieux les assimiler. Le rapport Bagot qui suit de près les Rébellions, plus ambitieux, dresse le portrait des peuples autochtones vers 1840. Des progrès sont réalisés, notamment dans les communautés où un pasteur protestant favorise l’accès à l’école, mais il faut veiller au grain car les autochtones sont sujets à tous les désordres. Le rapport Pennefather de 1858 reprend les constatations de ses prédécesseurs en constatant l’échec de la politique de civilisation. Mais les autorités avaient une telle foi dans la valeur rédemptrice de la « civilisation »—un peu comme George W. Bush et ses comparses sur la démocratisation de l’Afghanistan — qu’elles ne [End Page 798] changèrent rien à la démarche impériale. Les clés de cette politique, affirmées dès 1828, étaient la sédentarisation (adoption d’un mode de vie agricole et artisanale), la moralisation (abandon de boissons enivrantes) par la conversion au christianisme (protestant de préférence) et l’assimilation totale à la société coloniale anglaise par l’école (de préférence en pensionnat comme c’était l’usage de l’élite anglaise de l’époque). Ces politiques, issues d’une conjoncture coloniale particulière, sont à l’origine de la loi des Indiens (1876) et ont dominé la vision qu’avait le gouvernement fédéral des Amérindiens de 1867 à 1969, au moins. Un échec monumental qui nous conduit à l’impasse actuelle.

On aurait pu s’attendre à une édition critique de ces trois enquêtes importantes mais...

pdf

Share