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Reviewed by:
  • Théâtre d’amour by Delisle de Sales, and: L’Art de foutre, ou Paris foutant by Baculard d’Arnaud
  • Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval
Delisle de Sales, Théâtre d’amour et Baculard d’Arnaud, L’Art de foutre, ou Paris foutant. Édition présentée, établie et annotée par Thomas Wynn. (MHRA Phoenix, 3). London: Modern Humanities Research Association, 2011. 230 pp.

Avec cette édition, le lecteur contemporain dispose enfin du recueil complet de Delisle de Sales (huit comédies érotiques d’un acte, un dialogue érotique, un récit en prose et un monologue) auparavant morcelé dans des anthologies ou des ouvrages sur les théâtres clandestins, même si quelques articles traitaient globalement du texte. L’ajout de la parodie de Baculard souligne la diversité des textes théâtraux érotiques et pornographi-ques et la différence des destinataires. L’Introduction de Thomas Wynn se signale par l’hypothèse du dialogue libertin comme source historique, mais surtout par l’étude documentée sur la personnalité essentielle du commanditaire (le prince d’Hénin pour le recueil de Delisle) et sur le choix de l’auteur Delisle, moins pour les liens avec le reste de son œuvre que pour sa traduction des Douze Césars de Suétone en 1770, qui lui permet de surenchérir sur les sources érotiques de l’auteur latin. Wynn propose une chronologie convaincante du recueil dont la Bibliothèque de l’Arsenal conserve une copie manuscrite, remaniée par Delisle, faisant référence à la mort du prince en 1794 et à celle de Mme de Saint-Huberty en 1812, ce qui date la copie entre 1812 et 1816, année de la mort de Delisle. Wynn en déduit que le recueil a été composé en deux temps: d’abord les cinq premières pièces antiques commandées par Hénin, sans doute lues et jouées selon les modalités complexes de ce type de textes, puis les autres. L’ensemble tire son unité d’une atemporalité et d’une uchronie effectives, qualifiées de ‘pornotopie’ selon le concept théorisé par Steven Marcus, en dépit des didascalies fictionnelles. Outre les motifs récurrents de la flagellation, de la sodomie et de la bisexualité, sont étudiées les questions de mutabilité et d’équivalence sexuelles, les échanges de rôle et les figures emblématiques de Ganymède, Ariel et Pâris. La pièce de Baculard, représentée dans la maison close des Porcherons le 1er janvier 1741, décalque de manière parodique et pornographique le prologue de l’opéra-ballet L’Europe galante d’Antoine Houdar de la Motte et André Campra. Le texte reprend l’édition de 1747 conservée dans un recueil de l’Arsenal, comme celui de la Bibliotheque Cushing d’Austin au Texas, les éditions de 1741 ayant disparu. L’originalité réside dans la confusion entre acteurs et personnages pour les prostituées et le commissaire soudoyé auquel il est fait allusion, ce qui explique l’interdiction de la pièce et l’embastillement de son auteur et de son imprimeur après l’enquete diligentée par Maurepas, preuves du caractere contestataire de la parodie. Assurément, cette édition savante (pourvue d’excellentes notes) du célèbre recueil manuscrit de Delisle de Sales, ainsi que d’une des rares pièces pornographiques dont la répression policière permet de suivre le destin théâtral et éditorial, ravira les curieux comme ceux qui s’intéressent aux théâtres privés et à la théâtromanie du siècle.

Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval
Université Paris-Est Créteil Val de Marne
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