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Reviewed by:
  • (Re)lire Lesage by Christelle Bahier-Porte
  • Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval
(Re)lire Lesage. Articles réunis et présentés par Christelle Bahier-Porte. (Lire le dix-huitième siècle). Saint-Étienne: Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2012. 224 pp.

Précédé d’une précieuse introduction de Christelle Bahier-Porte sur l’état de la recherche et les attentes, ce volume s’articule selon la chronologie des œuvres. Sylvie de Maussion de Favières-Thuret montre comment la réécriture subversive en prose du Don César Ursin de Calderón allège le système de valeurs traditionnelles et accentue les rôles fémi-nins (dont celui de l’ironique Clélie), au profit du désir ancillaire devenu un des enjeux du texte. Françoise Rubellin livre une édition commentée du prologue Les Petits-Maîtres donnéà la Foire en 1712, enéclairant son contexte et sa poétique. Jean-Paul Sermain pré-sente une synthèse de la poétique du roman chez Lesage en relation avec Fénelon, Challe et Galland, auteurs qui puisent dans des fonds livresques différents et en modifient la perception tout en réfléchissant à l’histoire, la composition et la représentation d’un monde incohérent et violent, que tempère la gaieté caractéristique de Gil Blas. Jacques Wagner fait la revue des postures critiques éditoriales depuis Lintilhac à propos de la version de 1715 de Gil Blas, et il examine les justifications aux manquements à la dispositio (réalisme, biographie, charmes du style, roman de formation, micro-unités) avant de conclure sur les strates d’énonciation et l’étonnement amusé du héros-narrateur. Zeina Hakim s’interroge sur la saturation à laquelle aboutissent les excessives précisions temporelles et spatiales de Gil Blas, leurs contradictions et leurs interférences avec la composition lâche du texte, la constante errance du héros et la connivence des avertissements au lecteur. Giovanni Dotoli et Marcella Leopizzi montrent comment l’adaptation en prose par Lesage en 1717 de l’Orlando innamorato de Boiardo se fait selon le filtre du goût du lecteur contemporain en modifiant le plan et l’énonciation, en ancrant le texte dans la vraisemblance et les bienséances au détriment de la noirceur originale, mais en préservant le merveilleux essentiel. Bahier-Porte revient sur la question du merveilleux dans Le Diable boiteux inscrit dans la veine contemporaine des esprits, de la cabale et des génies, dans la lignée de Gabalis et de Guevara, mais auquel Lesage confère un enjeu satirique à travers un Asmodée-Mentor qui interroge la crédulité du lecteur. Jacques Cormier établit à partir de micro-analyses convaincantes un parallèle entre l’attitude de Voltaire vis-à-vis de Pascal dans les Lettres philosophiques et l’adaptation-réappropriation ironique en 1732 du Guzmán de Alfarache de Mateo Alemán. Sylvie Ballestra-Puech s’intéresse au texte méconnu d’Une Journée des Parques… , issu de la tradition cicéronienne du songe [End Page 556] allégorique revisitée et du songe après une lecture illustrée par Chaucer et Quevada, dont Lesage donne une version ludique, satirique et réflexive sur le destin-roman filé par les Parques. Henri Duranton, à partir du pot-pourri du Mélange amusant paru en 1743 en fin de carrière, s’interroge sur l’insuccès de ces ana au filtre de la notion d’oeuvres complètes. Enfin, Francis Assaf présente une étude synthétique de la représentation du clergé (régulier, séculier et ermites) du Diable boiteux à La Valise trouvée de 1740. Après le colloque de 1995 et les ouvrages liés à l’agrégation en 2003, ce beau collectif renouvelle en profondeur l’approche de Lesage et des Œuvres complètes en cours de publication.

Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval
Université Paris-est Créteil Val De Marne
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