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  • À la gauche du Christ : les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours by Denis Pelletier, Jean-Louis Schlegel
  • Gerd-Rainer Horn
Denis Pelletier, Jean-Louis Schlegel (dir.). - À la gauche du Christ : les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours. Paris, Éditions du Seuil, 2012, 614 pages.

Le livre édité par Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel deviendra un classique de la littérature sur le catholicisme de gauche en France. C'est indiscutable. Et c'est un accomplissement considérable parce que la période traitée est une période compliquée. C'est la période qui va de 1944 à 1981, de la Libération à la victoire de l'union de la gauche, qui est au centre des préoccupations de la quinzaine d'auteurs. Plusieurs générations de militants catholiques sont traitées de part et d'autre de la coupure de 1962, qui marque la centralité de Vatican II. Le Concile a ouvert de nouvelles perspectives aux générations antérieures, qui avaient nourri d'immenses espoirs, surtout au milieu des années 1940, et avaient connu, assez tôt, de profondes déceptions. Le caractère inattendu de Vatican II donnait un deuxième souffle à leurs aspirations.

L'espace d'un compte rendu n'est pas suffisant pour commenter chacun des chapitres. C'est dommage, parce qu'ils apportent tous - ou presque - des contributions utiles, que ce soit pour les spécialistes ou pour les lecteurs sans grande connaissance du sujet. À cet égard, les brèves notes explicatives à la fin de chaque chapitre au sujet des individus clés (par exemple : « L'abbé Pierre était-il de gauche ? »), des thèmes ou des événements centraux (par exemple : « Lip : un messianisme autogestionnaire ? ») constituent d'excellents compléments aux textes.

La première partie, qui couvre la période 1944-1962, s'attaque - par ordre d'apparition - aux contributions de la Résistance, du syndicalisme ouvrier, ainsi qu'à la mission ouvrière, à certaines filiales de l'Action catholique spécialisée, aux engagements des catholiques de gauche en politique, aux protestants, aux intellectuels et à la guerre d'Algérie. La deuxième moitié (1962-1981) traite de mai 68, de la jeunesse, du protestantisme, de l'autogestion, du féminisme chrétien, du tiers-mondisme chrétien, de la géographie de la gauche catholique et du renouvellement de la théologie durant les années 68 en France. Des introductions précises et précieuses des directeurs du volume, ainsi qu'un épilogue stimulant de Jean-Louis Schlegel, encadrent excellemment cet ouvrage dorénavant indispensable. [End Page 134]

Quelques mots sur la première moitié du livre. Il y a presque vingt ans qu'Yvon Tranvouez a expliqué, dans Le Mouvement Social17, ce que Denis Pelletier dans son introduction appelle « la forme originale d'articulation entre engagement intellectuel, apostolat de terrain et travail théologique » (p. 39), même si peut-être Pelletier a en tête quelque chose d'un peu différent du milieu dont parlait Tranvouez. Celui-ci précisait en 2001, dans l'ouvrage que j'ai dirigé avec Emmanuel Gerard sur le Left Catholicism : « À la fin des années 1940 et au début des années 1950, il est évident que le catholicisme de gauche en France peut être compris seulement dans son interaction avec deux phénomènes : d'un côté, l'influence du PCF dans la vie politique nationale et, de l'autre, la conscience aiguë de la déchristianisation de la classe ouvrière. Aucun de ces phénomènes n'est unique. Le premier existe en Italie, le deuxième en Belgique. Mais la conjonction des deux ne se produit qu'en France, et c'est cette particularité qui provoque le phénomène du progressisme chrétien, dont aucun parallèle ne se rencontre ailleurs »18. On peut discuter de la portée du progressisme chrétien même en France ; on peut aussi se demander si des productions intellectuelles comme Humanisme intégral ou Jalons pour une théologie du laïcat19 peuvent être considérées comme des produits...

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