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théâtre 33 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 Théâtre MARIEL O=NEILL-KARCH Au cours des deux dernières décennies surtout, plusieurs théoriciens ont insisté sur l=aspect performatif du théâtre, laissant assez peu de place, dans leurs écrits, au texte. Les éditeurs doivent composer avec cette nouvelle réalité, et plusieurs le font en incluant, avec les répliques, des didascalies fort détaillées ainsi que des photos, tirées de la première production. C=est donc à un * spectacle dans un fauteuil + (Musset) que nous convient les éditeurs québécois et franco-ontariens dont nous recensons ici les pièces publiées en 2001. LANCTÔT Lire, dans la foulée du 11 septembre, Les soifs du désert (Lanctôt) de Myriam Houle et Marie-José Normand infléchit, de façon vertigineuse l=interprétation de cette pièce étrangement prophétique où on imagine qu=un oiseau qui passe par une fenêtre fait exploser une tour qui tombe dans le désert. Trois femmes vivent en symbiose une relation à la fois trouble et créatrice. Trouble, car un rapport de dépendance manipulatrice s=établit entre une femme et ses nièces jumelles qu=elle a kidnappées à leur naissance et séquestrées, depuis, au milieu d=un désert. Sont-elles vivantes ? Sont-elles mortes ? Chose certaine, dans une telle atmosphère, les personnages ont une soif terrible. Pour assouvir la sienne, la tante utilise ses nièces comme muses, insistant pour qu=elles lui racontent des histoires dont elle veut faire une œuvre littéraire. Un homme arrive dans ce gynécée, sans que l=on sache ni comment ni pourquoi, et lui aussi est pris du désir de créer, car il sent, dit-il, une présence étrange qui lui a inspiré l=envie de peindre. Pourtant, la page de la tante reste blanche, tout comme la toile de l=homme. C=est que l=homme est la création des femmes qui l=ont, jusqu=à un certain point, façonné à leur image. Dans la lignée d=Alfred Jarry, des Surréalistes et d=Eugène Ionesco, Claude Paiement dit ses quatre vérités à l=absurdité de la vie dans une série de pièces publiées avec le concours de l=École nationale de l=humour. La flotte de la reine ... (Lanctôt) réunit une farce tragique et un divertissement mystique, * deux courtes comédies en forme de pied de nez à l=univers + où l=on fait le procès de l=homme avant de le torturer dans un rituel qui rappelle, par certains côtés, les absurdités de l=Inquisition. Les deux se terminent par la désagrégation du langage où les mots, écartelés comme le pauvre patient, ne riment plus à rien. Écœuré, le Grand Rien abandonne sa création * dans le lent naufrage de la solitude éternelle +. Cette solitude tourbillonne drôlement dans L=ahurissant voyage de M. Maelström (Lanctôt), qualifié de * variations jazzées sur un thème iones- 34 lettres canadiennes 2001 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 quien +. Pourtant, on ne peut s=empêcher de penser au Malade imaginaire de Molière, alors que le patient fait venir chez lui une série de charlatans dont il espère un miracle. Mais alors que chez Molière, le * malade + est hypocondre, celui de Paiement est bel et bien mourant et nous comprenons, petit à petit que la ronde effrénée de personnages loufoques sort de son cerveau qui ramollit au même rythme que ses selles, le tout formant un brouet immonde qui véhicule ses angoisses existentielles. Enfin, enchaînant avec Le petit cirque de Barbarie (Lanctôt), Claude Paiement nous sert, toujours avec un humour noir, grinçant, des propos clownesques sur l=absurdité de la guerre. Un vieillard, un officier et une jeune femme attendent un train qui ne vient pas. Pour passer le temps, le vieillard les entraîne dans un jeu de cartes... sans cartes, où chaque...

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