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534 LETTRES CANADIENNES 2000 Les langues du roman. Du plurilinguisme comme stratégie textuelle, s. la dir. de Lise Gauvin Montréal, Les Presses de l=Université de Montréal, coll. Espace littéraire, 1999, 178 p. La plupart des études rassemblées dans ce volume résultent des travaux du Groupe de recherche interuniversitaire sur les interactions langues/litt ératures (GRILL). Lise Gauvin poursuit ici la problématique du choix de la langue d=écriture qui avait déjà inspiré son recueil d=entretiens L=écrivain francophone à la croisée des langues (1997). Le présent ouvrage se propose d=interroger à travers diverses époques et divers corpus littéraires les modulations romanesques du plurilinguisme, envisagé comme * choix stratégique + inscrit dans le texte. Saisi * du dedans +, ce choix permet d=analyser les enjeux esthétiques et idéologiques inhérents au texte, d=observer comment celui-ci * parle la langue + et, du même coup, comment les * langues du roman + renvoient à une diversité des représentations des langages sociaux. L=étude inaugurale de Ginette Michaud dévoile toute la complexité du phénomène plurilingual à partir de la place stratégique qu=occupent des * effets d=accent + chez James Joyce. Prenant comme point d=appui les aveux de Derrida (dans Monolinguisme de l=autre ou la prothèse d=origine) sur son impossibilité d=adhérer pleinement au français à cause de son accent oral du juif algérien, elle propose de * phonographier + toute la variété des accents dans * Contreparties +, une des nouvelles des Dublinois. L=accent joycien, irréductible à une pure transcription de l=oralité par la graphie, apparaît ici comme un véritable * acte de langage +, capable simultanément d=* accentuer + la violence de l=histoire racontée, de marquer une dimension politique (par opposition entre les intonations et les registres du Nord de l=Irlande, de Dublin et de Londres) et de figurer une étrangeté à soi. Rainer Grutman se penche sur l=espagnolisme de Victor Hugo à partir de l=ambiguïté du titre d=un des chapitres de Notre-Dame de Paris, * Besos para golpes +. Il démontre que la confusion des prépositions por et para n=est pas due à l=exotisme de Hugo ou à sa piètre maîtrise du castillan (mauvaise traduction du français * des baisers pour des coups +), mais qu=elle relève d=un choix délibéré d=un idiolecte intime connotant le statut social de la langue des marginaux allophones dans le roman. Loin du réalisme référentiel ou d=une visée à la * couleur locale +, plaquée de l=extérieur sur le texte; l=hétérolinguisme hugolien prend alors sens et valeur d=un * effet de savoir +, d=une activité connotative orientée stratégiquement sur l=intelligibilité de la différence linguistique par le lecteur. Les articles de Lise Gauvin et de Raoul Boudreau permettent d=observer de près la dimension plurilinguale dans les romans québécois et acadiens. Gauvin étudie le projet réaliste de réproduire soit mimétiquement, soit sur un mode stylisé le * fait de langue + (les éléments dialectaux, populaires, archaïques, mondains, bilingues, multilingues, etc.) par le discours d=un SCIENCES HUMAINES 535 narrateur qui l=encadre, mais qui reste par là même distinct et distant de la parole de ses personnages. Cet * imaginaire de langue + visant à produire des * effets de langue + (comme autant d=* effets de réel +) est dévoilé dans Charles Guérin de P.-J.-O. Chauveau, dans Trente arpents de Ringuet, dans Bonheur d=occasion de Gabrielle Roy et dans Le Survenant de Germaine Guèvremont. Mais dans La Scouine d=Albert Laberge et dans La bagarre de Gérard Bessette, le discours narratif est déjà sensiblement contaminé par le vernaculaire. Chez ce dernier, en particulier, l=hétérogénéité langagière, associée à l=échec d=une écriture réaliste (de trois romanciers fictifs : Ken Weston, Jules Lebeuf et Antoine Sillery), est déjà l=indice d=un état de facticité existentielle collective que les écrivains des années 1960 vont davantage remettre en question. Raoul Boudreau s=interroge à son tour sur...

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