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532 LETTRES CANADIENNES 2000 leur valeur sociohistorique, comme témoignage à la fois personnel et collectif d=une communauté minoritaire en lutte perpétuelle contre l=aliénation. À une échelle universelle, c=est aussi l=apologie de la lecture des siens. Le recueil est infléchi par l=impératif discret qui incite à cultiver l=art de vivre. Il est traversé par la notion du * métier de vivre + qui serait marqué et alimenté par la lecture. Voilà qui semble a priori un autre cliché, tout comme la métaphore du voyage; mais Major ne recule point devant les clichés. Au contraire, les images devenues clichés sont porteuses. Elles véhiculent, selon lui, * une réelle charge de significations + susceptibles d=être découvertes et réinvesties de nouveauté. Bref, il y a promotion de la culture, mais aussi la valorisation d=une érudition honnête, sans prétention. On voit cela dans l=essai * Lectures et recherches +, écrit du point de vue d=un administrateur (Major est aussi doyen associé à la recherche de la Faculté des arts à l=Université d=Ottawa) qui fait état des modes et des contraintes qui provoquent des tensions dans le domaine de la recherche contemporaine. Finalement, qu=il s=attarde sur l=histoire de la revue Parti pris, avec un intérêt particulier porté sur son réseau de collaborations et son impact percutant, ou qu=il se penche sur la botanique délirante du poème * Arbres + de Paul-Marie Lapointe, c=est toujours à la jonction de l=art et de la vie que se situe Robert Major. L=art de vivre l=exige. Il exige aussi, pour reprendre l=observation de l=auteur à l=égard d=André Major, une * intense fidélité à soi et au passé +. Major a même su étendre jusqu=au présent la portée de sa réflexion. Cela en soi est le garant de la grande pertinence du texte. Mais je me demande si cette même vision, qui a conféré à ce livre beaucoup de sa cohérence et de sa solidité, peut aussi stimuler une intense fidélité à l=avenir, c=est-à-dire aux auteurs qui annoncent et qui préparent ce qui adviendra. (STÉPHANIE NUTTING) Lise Gauvin, Langagement. L=écrivain et la langue au Québec Montréal, Boréal, 254 p., 24,95$ Les littératures francophones sont-elles * pensables + hors de leur contexte linguistique ? À la suite d=un étrange paradoxe, la France, les États-Unis et le Canada anglais ont-ils contribué B linguistiquement et symboliquement, et à leur insu sans doute... au développement et à l=essor de la littérature québécoise ? Ces questions ne sont certes pas nouvelles, mais les réponses proposées ont généralement été déterminées par le contexte politique et social : dites-moi comment vous votez et je vous dirai quelle langue vous parlez (ou écrivez). Lise Gauvin, dans son nouvel ouvrage, a tenté de réinscrire ces mêmes questions dans un contexte littéraire, en les considérant , justement, du point de vue littéraire, c=est-à-dire selon la perspective des écrivains, et tout particulièrement des écrivains de la Francophonie. Deux hypothèses traversent l=ouvrage. La première touche tous les écrivains SCIENCES HUMAINES 533 francophones écrivant hors de France : ils témoigneraient d=une surconscience linguistique, née des rapports, le plus souvent conflictuels, entre langue dominante ou de * grande culture + (le français * de France +, dans le cas qui nous occupe) et langue(s) dominée(s), c=est-à-dire les langues * locales + (ou leurs écarts par rapport au français standard). Quelle langue écrire, donc : le * français +, le français mâtiné de couleurs locales (en intégrant les québécismes, par exemple), ou une autre langue, distincte ? La seconde hypothèse dérive de la première, et propose de considérer le développement de la littérature québécoise selon une sorte d=* évolution + de cette sur-conscience linguistique. Après avoir traversé une période de * tourment de langage + et de difficiles questionnements identitaires et linguistiques, les écrivains québécois seraient aujourd...

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