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SCIENCES HUMAINES 505 rebute pas le lecteur moins savant mais curieux de poésie : on peut parcourir l=ouvrage en musardant ici et là, comme dans une anthologie, goûtant du meilleur et du pire de dix-huit mois d=écrits poétiques à l=orée du pacte confédératif. (JACQUES PAQUIN) André Gervais, Petit glossaire des * Cantouques + de Gérald Godin suivi de Deux * cantouques + retrouvés Québec, Nota bene, Poche, 169 p., 12,95$ Lorsque l=on examine avec le recul l=œuvre poétique de Gérald Godin, on se rend compte que tout, dans son œuvre poétique, suscitait le recours aux dictionnaires Si les Chansons très naïves (1960), encore imprégnées d=une encre d=écolier, et bien qu=alimentée par * les caresses de voix lointaines étrangères + étaient encore * de trop livresque mémoire +, la poésie de Gérald Godin, tout en restant ancrée dans l=attrait qu=exerçait chez elle la langue médiévale, a trouvé rapidement son sel dans l=usage des langues étrangères et des mots inventés, dont on trouve les premières occurrences dans Poèmes et Cantos (1962) : * les seintelets maria c=est des seins de jeune fille / oui c=est un mot nouveau oui c=est moi qui l=ai trouvé / il était dans ta blouse +. Toutefois, malgré la dénomination de cantos, Godin n=a pas encore écrit les cantouques qui le feront remarquer, de manière mitigée, il est vrai, sur la scène poétique des années 1960. Ce n=est qu=en 1963, avec la parution de Nouveaux poèmes, que le mot viendra coïncider avec la chose. Dans la section intitulée * Les cantouques +, qui ouvre le recueil, l=amour des mots pousse Godin à inventer son propre usage du vocable (* Cantouque : dans les chantiers, outil qui sert à trimballer des billots. Ici, poèmes qui trimballent des sentiments +.) André Gervais a eu l=idée de créer un glossaire des particularités langagières de ces cantouques étalés sur trois recueils entre 1962 et 1972. Dans sa * Présentation +, l=auteur, contre toute attente, ne justifie pas la création d=un tel glossaire : pour lui, il semble aller de soi que l=on crée, pour une œuvre particulière, un glossaire qui permette d=accompagner et d=éclairer les particularités lexicales ou sémantiques d=un écrivain. Au départ, on pourra trouver l=idée curieuse : quel besoin avait-on de dresser une liste de mots à partir non seulement d=un seul auteur, mais d=un fragment de l=œuvre ? Puis, petit à petit, en lisant l=ouvrage de Gervais, on se rappelle certains moments passés à décrypter le sens d=expressions qui, pour être vaguement familières, restaient confinées au domaine de l=impression . Ainsi, notre bagage personnel de québécismes suffit-il à aider à traduire ces vers : * et c=est tiré par mille spannes de sacres / que je partirai retrouver mes pères et mères / à l=éternelle / chasse aux snelles + ? Au demeurant, avant Godin, trouve-t-on un écrivain québécois qui ait pris un tel plaisir à jouer avec la langue populaire et qui ait forgé, chemin faisant, 506 LETTRES CANADIENNES 2000 son propre dictionnaire ? Prenons pour exemple la célèbre mais controvers ée liste botanique de * Retable + qui emprunte largement au frère MarieVictorin ; songeons aux poèmes traversés par les envies de départ sur mer (Godin, ne l=oublions pas, a vécu la première partie de sa vie dans une ville portuaire), qui déploient une terminologie maritime extrêmement précise. Les intitulés eux-mêmes ont donné lieu à des démêlées avec les éditeurs. Le choix de Sarzènes pour identifier le recueil de 1983 constitue à lui seul tout un programme; Godin cite une fois de plus le dictionnaire pour éclairer son lecteur. L=objet, comme le mot, avaient une saveur d=étrangeté qui plaisait bien à ce traqueur de termes exotiques. Essentiellement, comme le précise André Gervais, ce livre * n=a d=autre but que...

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