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474 LETTRES CANADIENNES 2000 Le livre ne peut être pris en défaut d=une connaissance précise de la littérature critique sur son sujet; il y adjoint une maîtrise de celle sur les instruments méthodologiques. Il est aussi sérieux et minutieux dans ses analyses, non sans que pointe l=humour. Pour ceux et celles qui se retrouvent dans son orientation méthodologique et dans son intérêt pour La Fontaine, le livre de Catherine M. Grisé ne sera pas sans fruit. (ÉRIC VAN DER SCHUEREN) David Trott, Théâtre du XVIII e siècle. Jeux, écritures, regards. Essai sur les spectacles en France de 1700 à 1790 Montpellier, Éditions Espaces 34, 304 p., 149 FF. Disons d=emblée toute la passion qui anime l=ouvrage de David Trott, grand connaisseur du théâtre du XVIII e siècle, qui nous livre ici le fruit de longues et minutieuses recherches. Cette passion n=est pas seulement celle de l=auteur pour le théâtre c=est aussi celle du lecteur qui, au sortir de ce texte généreux, envisage avec enthousiasme toutes les pistes de recherche qui ont été suggérées. Le propos, de l=aveu même de l=auteur, est * théâtrologique +, c=est-à-dire qu=il considère les conditions essentiellement matérielles, pratiques de la représentation théâtrale au XVIII e siècle. Qu=en est-il du jeu des acteurs (de leur diction, de leurs costumes), des conventions en vigueur (interdictions frappant le théâtre de foire, etc.), des échanges entre sphère officielle et sphère non officielle (théâtre officiel, théâtre de collège, théâtre de société, théâtre de la foire, etc) ? Qu=en est-il, tout aussi bien, de l=espace théâtral, qu=il s=agisse de l=espace scénique (décor, présence du public sur la scène, rôle des décors, etc.) ou de ce que l=on pourrait appeler l=espace spectatoriel (statut du parterre, etc.) ? Qu=en est-il, aussi, de la complexe dynamique des genres dramatiques, qui voit disparaître, émerger ou se modifier tel ou tel champ de représentation, à la faveur des circonstances les plus variées et parfois les plus infimes ? Voilà autant de questions essentielles auxquelles cet historien du théâtre tente de répondre, avec humilité et rigueur. La démarche de l=auteur procède d=un double constat. Le premier concerne un poncif de l=histoire littéraire : selon la vulgate critique héritée du XIX e siècle, et qui prévaut encore bien souvent de nos jours, le XVII e siècle serait en effet l=âge d=or du théâtre français, et le XVIII e siècle celui du roman, essor dont le théâtre aurait été la victime. Or il n=en est rien, ce que l=auteur nous rappelle avec érudition. Entre 1700 et 1789, près de 12 000 créations théâtrales verront le jour. À la suite des travaux de Philippe Vendrix sur l=Opéra-Comique, de ceux de Françoise Rubellin sur Marivaux, ou encore de ceux de Martine de Rougemont sur Louis-Sébastien Mercier dramaturge, Trott nous propose de prendre la mesure de l=effervescence créatrice d=un siècle des Lumières dont on a trop longtemps offusqué la richesse SCIENCES HUMAINES 475 dramaturgique. Loin de n=être qu=un fade moment de transition entre la grande tragédie classique et le corpus romantique, le XVIII e siècle a marqué une considérable intensification du * phénomène + théâtral, tout autant qu=une profonde transformation de ses structures et de ses modèles. Le second constat vise à reconsidérer la spécificité * orale +, labile, variable du théâtre du XVIII e siècle, à un moment de son histoire où émergent les premières grandes initiatives éditoriales. L=accès aujourd=hui * naturel + au théâtre par le biais d=un texte écrit fait en effet trop souvent oublier ce que le texte doit aux pratiques scéniques. C=est ce déploiement polymorphe et cette transformation...

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