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616 LETTERS IN CANADA 2002 En somme, un petit recueil qui devrait interesser a la fois Ie lecteur curieux et Ie professeur de langue ou de linguistique. (RUSSON WOOLDRIDGE ) Fran!Jois Hebert, POllr orienter les fleches. Notes sur la guerre, la langue et la foret Montreal, Trait d'union, coU. Echappees, 22) p., 24,95$ Le sous-titre de I'ouvrage de Fran~ois Hebert, Noles sur la guerre, la langue ella joret, indique bien Ie traitement qui est reserve aux nombreux sujets que l'auteur aborde dans ses camets. II s'agit de notes, d'impressions (d'improvisations?), de penseeslivrees dans une serie de cinqcamets, a michemin entre Ie journal et I'essai, jamais tres loin de la poesie. Apres une breve premiere partie qui s'ouvre « durant les Jeux Olympiques de Sydney», Ie reste couvre la periode allant du mois d'avril au mois de decembre 2001, qui inclut la saison de la chasse. Celle-ci donne tout son sens au titre: les fleches (terme polysemique) a orientersont d'abord celles du chasseur. Mais quiconque ecrit un camet dont une des intentions consiste a commenter I'actualite durant I'eteet l'automne 2001 nepeut faire abstraction des evenements du 11 septembre. En effet, Hebert s'y attarde longuement, et y revient souvent dans son livre. On a deja decrit Fran~ois Hebert comme un ecrivain primesautier ; I'epithete semble lui convenir parfaitement dans Pour orienler les jleches. Si I'ensemble se lit comme un essai libre, une pensee personnelle pleinement assumee, iI reste inacheve, tributaire en cela d'une structure textuelle quelque peu brouillonne. D'entree de jeu, Hebert se montre critique, voire caustique dans son commentaire sur I'actualite, ecorehant au passage Radio-Canada, Ie Canada anglais, les Etats-Unis. Les pages les plus lucides sont sans doute celles qu'iI a consacrees a I'apres 11 septembre 2001. II ne manque pas de souligner la rhetorique guerriere de I'empereur Bush a la suitede I'attaque, ainsi que les invraisemblancesetles contradictions de sondiscours, comme celles des medias. II s'aventure toutefois'sur un terrain plus glissant en allant au dela d'une condamnation des terroristes islamistes: II faut essayer de comprendre Ie fanatisme.11 ne sert arien de tuer les fanatiques par un fanatisme de rebond. II fautcommencer par se regardersoi-meme dans la glace. LesAmericains Iefont, maisdans uneglacede leurinvention,:t leurimage. C'est la television. Loin de reprendre la desormais celebre phrase de JeanMarie Colombanidans LeMonde Ie lendemain de I'attentat, «Nous sommes tous Arnericains », Hebert tient a marquer clairement la distance qui Ie separe de la culture imperialiste americaine. Au fiI de I'ecriture, Hebert convoque philosophes et theoriciens (Sartre, Bourdieu, Derrida, Lacan, Anzieu) envers qui iI temoigne une certaine UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 73, NUMBER 1, WINTER 200)/4 SCIENCES HUMAINES 617 mefiance et qu'il critique de fa~on assez rapide. En revanche, il repete son amour de la poesie, et s'en sert pour derugrer Ie roman: «J'ai des prejuges contre les romans. S'ils m'ennuient dans leur principe meme, est-ce rna faute?» Hebert prefere donc la poesie, Ie dit, Ie redit, et se lance parfois dans des analyses detaillees, minutieuses d'un vers de Gaston Miron, de Gilles Cyr ou de Denis Vanier. Alors que ses envolees poetiques ne manquent pas d'interet, les parties plus strictement essayistiques convainquent moins. Hebert preconise trop la pensee courte, celie qui ne va pas jusqu'au bout, qui s'arrete en chemin, au moment meme ou elle commen- ~ait a se developper, et qui se termine souvent par une sentence, voire un calembour. Si I'essai est Ie genre ideal pour une pensee inachevee, ici on peut dire que trop d'idees inachevables sont lancees. Par exemple, apres avoir discute de quelques poemes, ilse lance dans une serie de digressions pour en arriver a la proposition suivante: «Le parlement de Dieu ! La democratie veritable serait lit. Son parlage, sa parlation, dirais-je en rna parlure... Autrement, il yale dialogisme, Ie plurilinguisme, Ie metissage, tous ces concepts quelessciences humaines invententpoursecomprendreellesmemes ...»Va pour la critique facile et reactionnaire dessciences humaines, ce n'est pas la premiere fois qu'elles I'entendent...

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