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university of toronto quarterly, volume 70, number 3, summer 2001 MARCEL OLSCAMP Présentation: Montréal vue d=en bas Depuis longtemps B et singulièrement depuis 1992, année de son 350 e anniversaire de fondation B Montréal a fait l=objet de très nombreux ouvrages à caractère littéraire. Écrire à Montréal; Montréal dans le roman canadien; Montréal des écrivains; Montréal en prose; Montréal est une ville de poèmes, vous savez; Montréal imaginaire; Montréal 1642B1992. Le grand passage; Nouvelles de Montréal, Promenades littéraires dans Montréal. On ne compte plus les études savantes qui auscultent l=image de la plus grande ville du Québec et les anthologies qui accumulent pieusement les fragments de littérature qui lui sont consacrés. Or Montréal, de par son statut, exerce aussi, depuis toujours, une fascination spéciale sur les écrivains des autres régions du Québec et du Canada français. Ces liens un peu ambigus entre le centre et la * périphérie+ peuvent prendre une infinité de formes. Pour certains Québécois, la métropole représente le cœur atypique, quasi étranger, d=un pays qui ne s=y retrouve guère. Pour d=autres, la ville est perçue à tort comme l=instrument de mesure de la francophonie continentale : les yeux fixés sur cet improbable baromètre, l=auteur venu d=ailleurs guette le signal par lequel il devra commencer à s=inquiéter de la disparition de sa langue maternelle. Lieu de déception pour certains auteurs qui y cherchent une illusoire mère-patrie linguistique (pensons à la jeune Gabrielle Roy dans La détresse et l=enchantement), Montréal et son intolérable métissage conviennent parfaitement à une catégorie d=écrivains de la * diaspora + qui y retrouvent une impureté, une hybridité familières : sur ce plan, les points communs entre Montréal et Sudbury peuvent sembler plus nombreux qu=entre Montréal et Québec. Cette familiarité contribue par exemple à expliquer la fortune critique du dramaturge Jean Marc Dalpé, Franco-Ontarien d=origine, qui rencontre dans le public métropolitain un auditoire réceptif au langage de ses héros mal aimés. À l=inverse, les écrivains des milieux minoritaires peuvent aussi être confrontés à une étrangeté encore plus grande : une grande ville nord-américaine où l=on parle français sans même s=en apercevoir, comme si la chose allait de soi. Enfin, la venue à Montréal prend parfois aussi les allures d=une sorte de traversée du miroir identitaire, comme chez ce personnage de Gérald Leblanc qui, dans Moncton Mantra, voit son existence même d=Acadien mise en doute par un indépendantiste québécois! 696 marcel olscamp Certains écrivains vivant loin de Montréal éprouvent donc des sentiments d=amour-haine envers ce carrefour obligé du monde littéraire. À cause de son poids institutionnel considérable, il est difficile, en effet, pour un auteur ou pour un éditeur francophone de faire abstraction de la métropole dans les stratégies d=émergence qu=il doit adopter pour se faire reconnaître B dans la mesure, évidemment, où le terme * stratégie + est ici approprié. Les nombreuses institutions montréalaises B éditeurs, universit és, associations d=écrivains, médias d=information, organismes subventionneurs B transforment la ville en une place forte, une citadelle à investir par autant de Rastignac venus de province... On peut aussi choisir de tourner le dos à ce carrefour ou tenter de l=ignorer B c=est ce que permettent aujourd=hui, dans une certaine mesure, les multiples centres littéraires francophones qui bourgeonnent au Québec et au Canada. Tôt ou tard cependant, au détour d=un lancement, d=une demande de bourse ou d=un prix littéraire, la centralité montréalaise finit par rattraper le téméraire praticien des lettres B si peu ambitieux soit-il B qui cherche à s=autosuffire. * On est toujours le Montréalais de quelqu=un+, écrit Gilles Pellerin quelque part en ces pages. Cet ensemble d=études résulte, pour une bonne part, d=un colloque tenu lors...

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