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146 lettres canadiennes 1999 perspective, et cette dernière peut conclure avec beaucoup de sagesse, en déclarant: * je pencherais plutôt à croire que Gabrielle a entraîné à jamais dans la tombe le secret de son ``reniement''. Et sans doute a-t-elle bien fait. Accordons-lui au moins cette part d'ombre; ne serait-il pas la trahir aussi que d'arracher toutes les fleurs de son jardin secret? + Cet ouvrage possède de très belles qualités littéraires et morales, c'est sans doute ce qui en fait actuellement un succès de librairie. (RÉGINALD HAMEL) Yvan G. Lepage, Germaine Guèvremont: la tentation autobiographique Ottawa, Les Presses de l'Université d'Ottawa, coll. Œuvres et auteurs, 1998, 205 p. Plus d'un demi-siècle après la première publication du Survenant de Germaine Guèvremont, le *Grand-dieu-des-routes+ continue à captiver les lecteurs et à attirer les chercheurs. Yvan G. Lepage, le grand spécialiste de l'œuvre de Guèvremont, nous a déjà procuré de remarquables éditions critiques du Survenant et de Marie-Didace dans la prestigieuse collection * Bibliothèque du Nouveau Monde+, ainsi qu'une édition de poche du premier roman. Il nous offre ici un excellent état actuel des connaissances sur la romancière, lequel paraît dans une nouvelle collection dirigée par Robert Major, lui-même auteur d'une importante étude sur l'érotisme dans Le Survenant (Convoyages, p. 199B228). L'ouvrage de Lepage se donne pour objectif *d'éclairer l'œuvre entière de Germaine Guèvremont+ et le critique tient promesse. Les quatre chapitres de la première partie renouvellent modestement la biographie de la romancière, que Rita Leclerc avait démêlée dès 1963, et examinent dans le détail les écrits autobiographiques et journalistiques de Guèvremont, notamment En pleine terre, en les rattachant aux deux romans à venir. Les six chapitres de la seconde partie abordent les deux romans, en analysant minutieusement le décor, les personnages et la structure des récits, sans oublier le lyrisme et l'humour qui caractérisent ces textes. Connaissant à fond les écrits de son auteure, Lepage ajoute des informations inédites (p. 86) et n'hésite pas à identifier des inadvertances (p. 68). Finalement le critique retrace la réception de l'œuvre romanesque auprès de la critique, mais en nous cachant discrètement ses jugements sur les cinq monographies qui avaient précédé la sienne. Le seul point faible de cette excellente initiation à l'œuvre de Guèvremont serait peut-être la conclusion, intitulée *À l'ombre du père+ (p. 187B199). Il s'agit d'une *brève incursion dans le monde de la psychocritique +, annoncée dans l'avant-propos. Selon cette interprétation, le Survenant serait un *double+ du père de la romancière, Joseph-Jérôme Grignon, tandis qu'Alphonsine et Angélina seraient des *doubles+ de l'auteure ellem ême. L'œuvre entière serait *d'abord et avant tout une forme d'exorcisme , de thérapie+ qui résulterait en partie de *l'attachement érotique de sciences humaines 147 Manouche [Germaine] à son père+. Sans d'autres documents à l'appui, beaucoup de lecteurs resteront sceptiques. Tout le monde sait que les éditeurs d'aujourd'hui préfèrent les manuscrits brefs et succincts, avec le résultat que certains développements sont nécessairement laissés de côté. Il est évident que l'universitaire Lepage a beaucoup réfléchi sur la question des influences littéraires qui auraient laissé leur empreinte sur les fictions de Germaine Guèvremont. Nous lisons par exemple que l'un des contes d'En pleine terre serait *conçu à la manière de certains des contes de Daudet+, qu'Angélina *n'est pas sans rappeler Eugénie Grandet+ et que l'emploi des régionalismes dans les dialogues fait penser *à la manière de George Sand dans ses romans champêtres+. Cependant d'autres noms (Gorki, Reymont, Hemingway) sont évoqués sans commentaire et le rôle du Yearling de Marjorie Rawlings, dont la relecture aurait *ébloui+ Guèvremont continue à piquer notre...

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