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120 lettres canadiennes 1999 que l'institutionnalisation des nouveaux modes de lecture, par exemple leur impact sur l'enseignement nouveau qu'elles suggèrent, mériterait tout autant qu'on s'y arrête. (PASCAL MICHELUCCI) Jacques Pelletier, Situation de l'intellectuel critique. La leçon de Broch Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 1997, 227 p. Jacques Pelletier n'aura sans doute surpris personne lorsqu'il a publié ce recueil d'essais en 1997. Après Les habits neufs de la droite culturelle (VLB, 1994) et Au delà du ressentiment. Réplique à Marc Angenot (XYZ, 1996), ouvrages plus polémiques, Pelletier nous propose cette fois, sur un tout autre ton, une analyse B mais on parlerait mieux, contre les Julien Benda et les Salvatore Schiffer, de la défense et de l'illustration B de la situation de l'intellectuel critique. Comme si, après avoir *engagé+ ces deux essais B comme son nom B dans les *débats+ qui l'opposèrent entre autres à Jean Larose et à Marc Angenot, Pelletier avait voulu faire le post mortem de ces expériences B c'est-à-dire de son engagement à titre d'intellectuel critique B en s'interrogeant sur la condition de l'intellectuel contemporain (au Québec et en Europe). Car il y a aussi une part de témoignage dans ces textes écrits pour la plupart entre 1994 et 1997. Au delà de l'analyse socio-historique souvent descriptive de la figure de l'intellectuel, c'est aussi son portrait qu'esquisse ici Jacques Pelletier, son propre parcours, singulier certes, mais tout de même représentatif d'une génération qui aura connu les années plus *tumulteuses + de la Révolution tranquille. Ce qui ne va pas sans affect, on s'en doutera, cet investissement autobiographique trahissant en effet une nostalgie B mais aussi une certaine amertume (*aurait-on pu agir autrement ?+, demande-t-il) B pour ces *années ``glorieuses''+ de vie militante dans les mouvements de la gauche socialiste: *Écrire l'histoire de ces expériences, c'est en effet écrire l'histoire d'un échec+, confie Pelletier. Ce n'est pas dire pourtant que cet ouvrage se limite au seul bilan critique de ces années de syndicalisme de *combat+ (Pelletier y fait plus essentiellement retour dans la troisième partie de son essai, *Autoportrait politique d'un intellectuel petit-bourgeois des années soixante et soixantedix +). La première partie, consacrée à la *Situation de l'intellectuel critique +, se présente en effet davantage comme une étude descriptive de l'évolution et de la condition actuelle des intellectuels (*L'intellectuel est-il mort?+, *Y a-t-il encore des intellectuels aujourd'hui?+, s'interroge l'auteur d'entrée de jeu). Le tour d'horizon, pour succinct qu'il soit, a néanmoins le mérite de saisir avec une certaine profondeur le champ historique qui aura vu évoluer cette figure changeante depuis la fin du XIX e siècle. La perspective adoptée par Pelletier B rigoureuse mais attendue B, balaie ainsi, depuis Zola et l'affaire Dreyfus, le XX e siècle des surréalistes comme celui de Sartre, mais aussi, du côté québécois, les années qui auront suivi la sciences humaines 121 parution de Refus global (1948). L'évolution de l'intellectuel, en France comme au Québec, aura ainsi été l'histoire du passage de l'intellectuel humaniste ou engagé (que Sartre, *intellectuel total+, aura le mieux incarné) à l'intellectuel expert, *ingénieur voué à l'entretien et à la lubrification de la machine sociétale+. D'où les questions soulevées avec insistance par Pelletier: les intellectuels, ainsi *réduits à une fonction de plus en plus instrumentale, peuvent-ils échapper à cette condition qui les marginalise, les transformant en experts inoffensifs ou, ce qui n'est guère mieux, en amuseurs publics, en ``fous du roi''? Sont-ils en mesure de renouer avec la tradition critique qui les définissait naguère?+ Sans remettre en question la pertinence ou la justesse de l'analyse que nous propose ici Pelletier, il est difficile de ne pas se demander s'il n'aurait pas été utile de d...

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