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POE5IE 39 Poesie ROGER CHAMBERLAND Une annee de production en poesie ne peut certes se resumer en quelques pages meme s'il me semble que Ie rythrne de publication paraHs'etre accru. II y a quelques annees encore, on publiait plus de cent cinquante titres par annee, sans compter les nombreuses parutions paralleles, compte d'auteur au editeur d'un seullivre, au les editions luxueuses et a faible tirage qu'il devient difficile de repertorier. Faire la tournee de tous ces titres serait un travail fastidieux et risquerait de nous forcer a redire continuellement les memes choses. Aussi ai-je choisi, comme les annees precedentes, de faire un survol par editeur en commen<;ant par parler des recueils laureats des nombreux prix de poesie existants au Quebec et au Canada. On peut certes contester I'attribution d'un prix a un tel auteur et preferer une ceuvre a une autre; dans ce domaine, camme dans plusieurs autres, la subjectivite est reine et Ie copinage tient souvent lieu de critt"re d'excellence, comme nous I'a demontre Robert Yergeau dans une etude eloquente. Quoi qu'il en soit de ces considerations, je prefere accorder Ie benefice du doute au jury et croire encore que ces ceuvres primees valent Ie prix qui leur a ete accorde. De tous les prix decernes en poesie, celui du Gouverneur general est sans doute Ie plus convoite et rapporte ason auteur une bourse de 10000$ et la notoriete publique. Les regles d'eJigibilite des ceuvres sont ainsi faites que tous les recueils parus entre Ie l er oetobre d'une annee jusqu'au 30 septembre de I'annee suivante peuvent "tre soumis. Pour I'annee 1999, Ie gagnant a ete Hermenegilde Chiasson pour Ie recueil Conversations (Editions d'Acadie) que nous avons commente avec beaucoup de reserves dans ces pages I'annee derniere. Les autres finalistes etaient Claude Beausoleil, pour son recueil Le chant du voyageur (Les Herbes rouges), Pierre Ouellet pour Dietl sait quoi (Editions du NoroH), I'un et I'autre recueil ont aussi ete discutes dans la revue de I'annee derniere, Nicole Brossard pour Musee de I'os et de I'eau (Editions du NoroH et Cadex) et Carole David pour La 111aison d'Ophelie (Les Herbes rouges). En somme, sur les cinq recueils en lice, trois sont parus a la fin de 199B et faisaient partie de notre repertoire de cette annee-Ia. Reste les titres de Nicole Brossard et de Carole David. Publie en coedition entre Ie NoroH et Cadex Editions, Musee de I'os et de /'eall de Brossard est divise en sept parties d'inegales longueurs qui nous transportent dans plusieurs lieux en Allemagne, en italie, en France, aux Etats-Unis, au Mexique et ainsi de suite qui sont comme autant d'avancees personnelles de la poete dans sa prise de conscience d'une realM qu'elle tente de domestiquer. Entre I'os qui charpente Ie vivant et I'eau qui Ie compose presque entierement, la peeteaffine sa sensibiliteau monde et aux gens qui l'entourent, mais eUe en transcende aussi la condition immediate 40 LETIRES CANADIENNES 1999 pour atteindre it une lecture plus spirituelle de son existence: "I'horizon puise en nous / sa couleur et i'etendue du reye / Ie monde doit n§pondre / au visage que nous offrons / bouche abyssale ». Tout autre est Ie projet de Carole. David qui, dans La maison d'Ophlilie (Les Herbes rouges), s'inscrit dans ce que I'on pourrait appeler une poesie de la domesticite, c'est-it-dire que la poete interroge son univers inunediat et sonde Ie mystere contenu dans chaque objet, bibelot, meuble, piece et autres. Le long poeme " En eau profonde» qui ouvre Ie recueil donne Ie ton it i'ensemble et pose clairement la poetique developpee dans les pages subsequentes : "Me voila / avec pour seule fuite des poemes / qui s'ecrivent entre deux phrases / it peine nees, apeine construite [...] Oh mon Dieu ! / faites que je sois poete ». Des lors, « Metamorphoses» et «Mysteres insolubles », les deux autres parties, investigueront l'ordinaire de la poete, ou la television occupe une place preponderante si I'on se fie aux titres des poemes qui renvoient al'une ou I'autre emission, publicite, film ou chaine specialisee: « Ma sarciere bien-airnee» cotaie « Twilight Zone », « L'homme invisible» et" Canalfamille ». Bref, la poesie de Carole David sonde les profondeurs de i'humain en investiguant la surface de i'ecran du televiseur ! Je ne suis pas certain que Ie lecteur y trouve son compte, ni meme qu'il puisse totalement avair acces aeet univers singulier. Mais n'est-ce pas Ie Lot de bien des poetes que de proposer des univers singuliers, entendu que chaque persorme compose lui-merne son prepre rnonde ? Ces cinq ceuvres, finalistes au prix du Gouverneur general, etonnent par leur tres grande heterogeneite tant au plan de i'ecriture que de la thematique. On peut facilement imaginer Ie processus de deliberations qui a amene les membres du jury achoisir Ie recueil de Chiasson plutot que tel autre recuei!. Le prix Emile-Nelligan, devolu a I'ceuvre d'un poete de moins de trentequatre ans est aussi l'un des plus convoites. Les Fran~ois Charron, Elise Turcotte, Serge Patrice Thibodeau au Carole David, pour n'en nommer que quelques-uns, ont vu leur ceuvre couronnee. C'est Papillons refractaires (Ecrits des Forges) de Jean-Eric Riopel qui a re<;u ce prix cette annee. Cette ceuvre est construite autour des themes du desir, de l'amour et de La douleur de vivre, et temoigne d'une preoccupation tres grande de I'auteur pour I'image percutante au detriment d'un parcours poetique clairement affiche. Cetteabondance metaphorique n'estpassans maladresse et confine parfois aune certaine facilite voire a des formules obscures dont on doute de I'efficacite:" rare eclipse / / japonaise d'hier / plus belle qu'internet »ou encore "baume qui brUle / nos carcasses de tOles / alitees au centre d'achats». En revanche, la derniere partie,« des pages aretourner }}, semble plus accomplie, Ie langage y etant plus epure et mieux en accord avec la sensibilite vive du poete. Nous devrons attendre les recueils subsequents de Riopel pour mesurer la portee de cette poesie. Depuis quelques annees existe Ie prix de la TerrasseSaint-Sulpice-Revue Estuaire qui, au fil des ans, a acquis une certaine notoriete. Les cinq titres POESIE 41 qui etaient en lice montrent bien la valeur de ce concours: Au presenl des veines de Nicole Brossard, [nlimefaiblesse des mortels de Paul Chamberland, Veliver de Joel Des Rosiers, C'esl encore la guerre d'Etierme Lalonde et Des humains qui bruissenl d'Alexis Martin. Le prix a ete deceme aPaul Chamberland pour Inlimefaiblesse des morlels (Editions du Noroit), un recueil qui est ni plus ni moins qu'un journal tenu du temps qui passe, une meditation sur Ie langage et l'entreprise du vivant comme Ie souligne amerveille Ie poeme de quatrieme de couverture: "Je rnedite simplement I en vers ou en prose, I en prose et en versoJe respire, je porte attention I ala charge des mots. I I Le vivant palpite, flamboie I et se rompt : toujours, I fut-ce en depit de soi, II se donne n. Chamberland nous a habitues ace type de discours depuis Le multipleevenemenl lerreslre. Geogrammes 1, paru en 1990, qui, sous Ie couvert de la prose poetique, jetait un regard critique et parfois acerbe sur Ie devenir des mortels. L'inlime faiblesse des morlels se nourrit aussi bien de l'actualite mediatique et de I'observation immediate du quotidien que d'une reflexion plus large sur Ie langage et la condition humaine. Poesie et philosophie sont en relation de vases communicants dans ces textes qui forcent Ie lecteur a entreprendre lui aussi sa propre reflexion et II se remettre en question. Tel est aussi Ie projet de Nicole Brossard qui, dans Au presenl des veines (Ecrils des Forges, Editions Phi et Editions Grand Ocean), s'interroge sur son propre devenir en regardant Ie monde vivre qu'il soitau Quebec ou ailleurs . Ces poemes ecrits entre 1981 et 1993 sont encadres par deux sections composees entre 1997et 1999, rnais cet ecart dans Ie tempsest imperceptible tant la demarche poetique de Nicole Brossard semble s'inscrire dans la duree. En eHet, Au presenl des veines exprime la perception vivante et immediate d'une realite conviviale apeine marquee par I'eventualite que cela puisse aller mal, comme nous pouvons Ie lire dans Musee de ['os el ['eau, dont nous parlons plus haut: "je pourrais tres discretement entre les paupieres I rapprocher l'avenir en belles images fluides l ne rien faire pour detecter la barbarie n. Celte consignation du presentne risque-t-elle pas de s'abolir dans une autobiographie du monde sensible? La realite pour Etienne Lalonde est beaucoup plus conflictuelle comme I'indique Ie titre de son recueil C'esl meore la guerre (Herbes rouges). Le poete s'insurge c~ntre }'hostilite du monde, vitupere c~ntre ceux qui s'en font les representants et s'autoproclame Ie peete dechu et dec;u, celui par qui Ie monde pourra etre sauve: «Je ne perc;ois mon corps I qu'll I'image du Christ I qui habille Ie votre". Plus modeste est Ie projet d'Alexis Martin qui, dans Des humains qui bruissenl (Triptyque), se met aI'ecoute de la vie qui bat, mais pas n'importe laquelle, plutot celie du ,, [...] petit peuple des marges I quand Ie solell retire aux arbres I sa lurniere fratemelle". Mais c'est aussi Ie poete qui cherche I'amour, Ie petit geste amoureux qui lui fera aimer la vie plus que la femme. Si ce premier recueil de Martin manque d'organisation en general, il n'en demeure pas moins que plusieurs poemes 42 LETTRES CANADIENNES 1999 repn,sentent de belles n'ussites. Joel Des Rosiers publie pour sa part Vitiver (Triptyque), un recueil qui nous renvoie aux territoires de I'enfance et du pays natal, mais qui nous transporte aussi dans I'Haiti moderne et au cceur du destin du poete-medecin. Le motif premier it Ia source de ces textes est Ie vetiver, cette plante odorante que I'on utilise en pariumerie, et qui represente pour Ie poete une «herbe mythique, lieu de toutes les possibilites Iyriques ». C'est dire que Des Rosiers nous conduit dans son pays natal , remonte quelques generations et revit son enfance jusqu'it aujourd'hui. Ces poemes se font volontiers prose narrative et se rapprochent parfois du recit epique tant Ie souci de raconter double parfois les envolees Iyriques. Asouli~er la belle facture de ce :-ecueil. Les Editions du NoroH et les Ecrits des Forges sont les deux e(iiteurs majeurs en poesie; I'un et I'autre publient une vinglaine de recueils de poesie par annee dans diverses collections et parfois en coedition avec des edileurs europeens. Le tour d'horizon de celte production abondante resle un defi de taille que nous sacrifierons au profil de quelques recueils qui nous semblenl offrir des avenues originales et un langage singulier. Aux Editions du NoroH, la directrice lilteraire, qui a par ailleurs cede sa placeen decembre 1999, a publie deux recueils dont I'un esl une reedition de deux titres deja parus, mais revus et corriges. Helene Dorion est sans doute devenue l'une des poetes majeures du Quebec el publie aussi bien au Quebec , en France el en Belgique qu'en traduction en Allemagne, en Espagne, en Italie, aux Etats-Unis et en Roumanie. Un tel rayonnement international donne it penser que cette poete parvient it rejoindre des lecteurs d'horizons culturels bien differents; seuls les Gaslon Miron, Roland Giguere, Claude Beausoleil el Nicole Brossard font partie de ce groupe. L'issue, la resonance du desordre suivi de L'empreinte du bleu (Ie NoroH) est la reedition de deux tilres: Ie premier avait vu Ie jour en 1993, en Belgique, puis en 1994 au Quebec, tandis que Ie second n'etail disponible qu'en livre d'artiste depuis 1995. Commenl ne pas apprecier la force de I'expression el I'economie de moyens deployes dans ce double recueil ? Commenl ne pas suivre ce parcours poetique clairement developpe dans chacun de ces doublets? La poesie sonde les echos de la voix arnoureuse qui a conduit a« la resonance du desordre» el qui se situe it I'origine de la parole creatrice dans un premier temps, tandis que Ie bleu, au cceur de « la mer, l'horizon, Ie regard», ouvre sur l'espace de la memoire et du jeu des couleurs dont aucune ne possede la force d'attraction de celle qui alaisse une empreinte si profonde. C'esl avec Pierres invisibles (Editions Tarabuste, France), qu'Helene Dorion a remporte Ie prix Alienor '999; il etait donc approprie que les Editions du Noroll I'inscrivent it leur calalogue et Ie reeditent. II y a une certaine felicile dans cette ecriture malgre la profondeur des questions qui y sonl posees. Le poeme est cetle pierre que la poete porte en elle, et qu'elle souleve sporadiquement pour soupeser la densite du monde qu'elle symbolise. C'esl aulour de cetle metaphore de la pierre qU'est construit Ie recueil: «Tu POESIE 43 souleves la pierre / ou se lenail Ie poeme. / / Une premiere eloile se mel a briller. / Bient61 Ie ciel / enlier se decmre: poussiere de mOls / amas de pierres minuscules / qui gravissenl la monlagne / / Tu vois l'arbre / ella feuille el Ie bourgeon / - loules choses que jamais encore / tu n'avais vues ». Des ce poeme liminaire, Ie Ion esl donne ella poetique mise en place. Cel eveil de I'autre, ce «tu» qui devienl parfois un «nous », debouche sur un nouvel apprentissage de la vie, de I'amour, el d'une dimension inedile de la nature qui a partie liee avec notre presence au monde. Chaque poeme ici se suml a lui-meme, mais s'inscril aussidans une synergie melaphorique avec les aulres de sorle que chaque lecture se nourril de la precedenle , comme chaque poeme se nourril des aulres poemes. Pierres invisibles : une poesie accomplie, une parole qui habile son lecleur. Dorenavanl vous pousserez loules les pierres avec volre pied ala recherche du poeme perdu... Le recueil de poesies de Claudine Bertrand, Tomber du jour (Ie Noroil), dedie «A I'ame voyageuse », esl un long voyage au dela des hisloires simples devenues des epopees. Si Claudine Berlrand nous avail habitues aune ecriture echeveh~e, eile propose ici lll1e ecriture retenue, proche de I'ascese ou du delachemenl, malgre quelques emporlemenls ou debordemenls charnels el sensuels. Celte poesie se plail it nommer Ie corps feminin en faisanl reference aux mondes animal el aquatique.Corps nomade qui se donne car les «Seins nus t'implorent », corps gonfle qui « s'abandonne aux dIs nomades» au encore ce corps envoute qui vit « Dans tul corps acorps, Plus nue que nue », la narralrice du lexle s'offre, dans un momenl de veritable lension, a des parlenaires plutol fuyanls el fanlomaliques, des gilans de passage souvenl erranls, themes recurrenls chez Claudine Berlrand. Sion peul parler de douleur exacerbee quoique elouffee, voire conlrolee, dans les poemes, il s'agil d'une douleur decalee, dans Ie sens OU elle esl decrite camme derriere Wle vitre. Le corps sert aI'autre derriere Ie masque de la parole, un peu comme dans Ie film de Kubrick, Les yeux grandsfermes; il joue ce role de speclaleur el de speclacle, il n'esl pas aclanl, mais joue sans pourlanl etre jouet. Paradoxalemenl, il ne s'agil pas de souffrance, mais bien d'une douleur qui« s'inslalle / semblable Ii une boule de plasma brulanl» . Les douleurs, acel egard, sonl multiples el ponctueUes. Qu'il s'agisse de la mal mariee, des corps laceres ou dechires, la frontiere entre I'image et la jouissance que procure celte image esl forI mince. Autremenl dil, ce n'esl pas Ie passage a I'acle qui comple, au meme la veracile de I'anecdole, mais Ie fanlasme el ce qui resle du fanlasme. En ce sens, Ie fanlasme de la douleur devienl la douleur elle-meme, loul comme les personnages d'un reve sonl de vrais personnages. CelIesingularile du sexe qui explose lanlol en paroles amoureuses, mais errantes, tantot en mouvements spirituels, mais ancres dans un monde perceptible el dechiffrable, celIe singularile des etres el des choses eclalees en 44 LETTREs CANADIENNEs 1999 son noyau, ce rapport tres intime done, entre Ie reel du corps et Ie subtil des passions imaginees, se frottent aux mots et aux poemes afin de les exorciser taus deux en les nommant. Le monde n'existe qu'a la condition qu'il soit nomme. Et cela vaut aussi pour la poesie. Finalement, dans ce recueil, il y a negation de ce qui a ete et de ce qui est au profit du desir: «Mais nier tout / jusqu'a la fin". En revanche, il y a peut-etre meme aussi une ouverture nouvelle et inattendue ace qui est avenir et demeure encore inconnu. Ce recueil peut surprendre, pour qui connal! l'ceuvre de Claudine Bertrand . Poesie davantage sabre et mains eclatee, les vers s'additionnent sans toutefois s'accumuler, les poemes etant plutOt descriptils et contemplatils. Poesie loin d'etre narrative, ces vers reserves n'en laissent pas moins passer des emotions de lecture; Ie travail tout interieur qui se fait laisse place aune sensibilite secrete dont on n'avaitpas toujours conscience ala lecture de ses autres recueils. Ainsi, par moments, cette apparente froideur cache un volcan inextinguible, la douceur des peaux et la fragillte de la narratrice. Jean-Paul Daoust poursuit ses Saisons de range (Ie Noroil) en publiant Ie deuxieme tome, deux ans aPIeS avoir publie Ie premier. « L'automne» et ({ L'hiver » sont les deux poles autour desquels Daoust a construit son recueil , chacun comportant un nombre egal de poemes et developpant un reseau intertextuel puisque taus les textes sont inities par une citation d'un ecrivain parlant des anges. Le poete se fait ala fois Ie fin observateur d'une nature bien presente et Ie chroniqueur d'une existence plutot discrete ponctuee par Ie desir amoureux. Le cinquieme recueil de Paul Belanger reprend des themes, des images et des leitmotive qui nous sont familiers. Peripheries (Ie NoroH) explore les lieux, reels ou lictifs, peu importe, qui ant marque Ie poete et qui sont paIteurs qui d'Wl souvenir, qui d'une sensation, qui d'un sentiment, qui d'une experience singuliere. A la difference de plusieurs livres publies au. NoraH, nous sommes ici en presence d'un recueil de poesies, entendu comme la mise en forme d'un ensemble de poemes qui ne sont pas necessairernent traverses par une thematique commune, mais qui ont la caracteristique de traduire un certain etat d'ame. La majorite des poemes de Peripheries s'organisent autour d'un endroit et cherchent a en rendre l'esprit, la sensibilite, voire !'impression qu'il a pu laisser sur Ie poete, que ce soit dans l'enfance, en phases amoureuses ou en tourisme: «Je veux du plus loin saisir l'ancetre / visage des heures, la voix tonique / du malecite qui denoue les nceuds de l'air. / / Je ne veux pas me quitter pour me perdre / je veux, entite nouvelle, franchir les cols / et laisser quelques dates sur les totems / du paysage ». On aurait aime parfois un peu plus de retenue dans la surenchere metaphorique. Neanmoins Ie recueil nous fait participer aun parcours poetiqueou les paysages sont des fenetres ouvertessur Ie langage. Cette presence marquee du paysage se retrouve egalement dans L'empreinte d'un visage (Ie Noroil) de Jacques Gauthier, cet ecrivain d'une rare prolixite qui, depuis 1978, a publie pas mains de 22 recueils de poesies, POESIE 45 essais et recits. Le paysage revet une symbolique spirituelle pour ce poi?!e catholique qui puise a meme Ie spectacle du monde un enseignement privilegie confinant I'ecriture poetique au silence et ala contemplation de la creation du Tres-Haut. II est heureux que les Editions du NoroH reeditent L'autre rivage (Ie NoraH) d'Antonio D'Allonso, une ceuvre jadis parue chez VLB editeur en 1987. Dans sa note liminaire, I'auteur Mcrit avec justesse les objectifs de cet ouvrage ami-chemin entre la paesie et I'essai: «Ce livre de vers brises, de pensees bridees, apropos de sentiments brises. Ceci, un cahier sans debut ni finl rien qu'un courant menant al'etre, au devenir. Contradictions, explications . » D'Alfonso interroge,bien avant que eela ne devienne une certaine mode, I'attitude du neo-qui'becois etcherche adonner un sens ases racines italo-quebecoises. Ces textes d'une rare sincerite posent plus de questions qu'elles n'apportent de reponses, mais elles ant au mains I'avantage de clarifier les sentiments de I'ecrivain. Aux cotes de ces poetes de metier, la collection «Initiale» offre I'opportunite ade nouveaux poetes de se faire connaHre. Parmi les quatre qui ant ete publies cette anne., deux d'entre eux meritent un detour. Retirons de prose (Ie Norolt) de J. F. Dowd est Ie plus surprenant et affiche une rare maltrise de la prose poetique. Des textes denses et lourds de sens, qui desamorcent Ie processus meme de l'ecriture, naus entrainent dans leur sillage et nous convient a une lente et patiente vivisection de la realiti'. Le poete multiplie les evenements etles personnages qui peuplent son univers depuis pres d'une vingtaine d'annees sans craindre la facture bigam,e de I'ensemble et I'arbitraire de toute forme de regroupement. Le lecteur n'a qu'a bien se tenir et a lire puisque la poesie n'a pas a "' pondre de I'ordre, mais de la beaute sensible du monde per~ue par Ie poete. Le deuxieme recueil de Claire Rochon, La ville bleue (Ie NoroH), paralt dix-sept ans apres Ie premier et, visiblement, il porte la marque d'une maturite qui faisait tant defaut au premier. Des Ie poeme liminaire, Ie ton est donne: «II fallait en venir a cette histoire. Traverser ce torrent qui porte a jamais et fierement ton nom. Oublier Ie lieu, Ie point de l'horizon au je me cogne. Prendre la voix qui deraisonne » . Cette «ville bleue », c'est Ie cycle d'un amour lesbien qui se noue et se denoue au fil des lieux et du temps et dont les mots deviennent les vestiges. Le souvenir des corps, des regards et des gestes emprunte les voies du poeme et trouve des accents Iyriques qui participent de cette visite introspective. A la difference de plusieurs autres recueils qui traitentdumeme theme, celuide I'amour perdu, Rochon a su eviter I'operation cathartique du langage; tout est ici entierement assume et se presente comme une «histoire» qui aurait eu un debut, un milieu et une fin. On publie aussi d'abondance aux Ecrits des Forges, mais sans atteindre ala quaJite de ce qui se fait aux Editions du NoraH. Certes, quelques titres parviennent a se hisser au palmares des grands prix de poesie, mais 46 LETIRES CANADIENNES 1999 l'ensemble de la production est d'interet tres inegal, voirenegligeable. D'un recueil it l'autre, on retrouve les memes irritants dont celui, fondamentai, de croire que I'accumulation d'images fait la poesie. Toutefois, quelques titres, mais ils sont rares, ont retenu mon attention. Poemes du lendemain # 8 (Ecrits des Forges), cosignes par Anne-Marie Cizeau-Lemercier et Julie Dorvai, la premiere etant laureate du prix Piche de Poesie de l'Universite du Quebec it Trois-Rivieres pour «Mers blanches", la seconde ayant re, u la premiere mention pour «Ta chemise bleue ". La suite de CizeauLemercier prend d'abord la mer it temoin du «fond de [sJon exil" puis apprivoise ses signes·qui sont «la memoire du monde » jusqu/au present amoureux. «Ta chemise bleue» plonge quant aelle directement au cceur d'une relation amoureuse eten exprime les moments privilegies et les lieux choisis avec sensibilite et eloquence. Donald Alarie est un vieux routier de }'ecriture, un auteur qui a touche au roman, ala nouvelle etalapoesie. Avec notrefragilite ardinaire (Ecrits des Forges et Grand Ocean) s'attarde it saisir Ie quotidien et la vie partagee avec ses joies et ses bonheurs, rnais aussi ses plus grandes angoisses existentielles. Meme si Ie malheur rode et Ie desastre est Ii portee du regard, Ie poete ne perd jamais de vue la dimension essentielle de son present: l'amour. Aline Poulin a aussi quelques recueils a son actif dont certains ont ete couronnes de succes: Dans la glaee des autres (1995) s'est classe deuxieme au Grand Prix litteraire de la Ville de Sherbrooke , La viole d'lngres lui a valu Ie prix Gaston-Gouin (1991) et Tetes itreintes Ie prix Alphonse-Piche (1990). Fureur lavande (Ecrits des Forges) n'est certes pas Ie plus accompli de ses recueils publies jusqu'it maintenant. On y decele un certain encombrement, un trop-plein metaphorique qui edulcore Ie propos et I'empikhe de coller a cette «fureur lavande » qu'annonce Ie titre. Puisant comme Alarie it meme son vecu, la poete de la region de Granby possede Ie don de la formule poetique, mais son argumentaire reste trap en surface pour etre convaincuant. Autre vieux routier de la poesie, Bernard Pozier publie Les pyramides du ereur (Ecrits des Forges, Grand Ocean et Phi), un recueil construit autour de la figure de la pyramide et qui nous presente un poete attentif a ce qui se passe autour de lui et it ce qu'il vit interieurement. Malgre des images evocatrices et un souci formel evident, Les pyramides du ereur echappe au lecteur quelque peu exigeant. Au chapitre des reeditions, lmiconciliabules (Ecrits des Forges) de Pierre Perrault, paru grace aux bons soins de la revue L'Action nationale en 1995 mais qui avait peu circule, connait une nouvelle vie. Poesie de I'engagement social et politique, ces textes de Perrault portent Ie sceau de la denonciation et de la prise de parole et nous rappellent I'existence d'une ecriture de la resistance qui a parfois peu a voir avec la poesie. AI'inverse, Corps et graphies (Ecrits des Forges, L'Orange bleue editeur) de Gatien Lapointe, dont la prime edition date deja de 1981, ramene sous les feux de I'actualite ce poete majeur de la litterature quebecoise dont on attend toujours I'edition des (Euvres completes. En attendant, on peut relire cette POESIE 47 ceuvre importante du poete fondateur des Eerits des Forges OU Lapointe explore les possibilites du langage et met en relation les formes du vivant. Les Herbes rouges est un "diteur important dans Ie domaine de la poesie meme si son rythme de production est moindre. Avec ses poetes qui lui sont fideles et ceux, plus jeunes ou nouveaux, qui se joignent 11 I'ecurie deF' constituee, cet editeur ne manque d'etre representatif des grands courants de la poesie quebecoise contemporaine: cote valeurs sures, Jean-Pierre Guay, Claude Beausoleil et Denis Vanier, cote nouvelle poesie, Jose Acquelin, Elisabeth Vonarburg et Alain Fisette. Jean-Pierre Guay a fait un retour en poesie en 199710rsque les Herbes rouges ont reactualise deux anciens recueils, passes inaper~us au moment de leur parution au debut des annees 1970, mais que les poetiques semblent avoir rejoints. Porteur d'os et 6 ['homme, respectivement dates de 1974 et 1975, sont des ceuvres dont la spiritualite se laisse interpreter plus aisement qu'il y a vingt-cinq ans. Le premier poisson rouge (Les Herbes rouges), son demier recueil, questionne {( L'instant saisi)} camme l'exprime amerveille Ie paeme d'ouverture. La poesie se met au service d'une interrogation de I'existence et de ses petites realites au regard d'une conscience sensible qui en cherche une signification echappant au sens commun: «Quand I'esprit survient, qu'est-ce qu'une table? », demande justement Ie poete. «Ta bouche vomissait / des fleuves noirs / de poesie »; c'est avec cette affirmation pour Ie moins deroutante que s'ouvre Ie recueil Exile (Les Herbes rouges) de Claude Beausoleil ou le «tu »de reference renvoie probablement au «je» Iyrique. La poesie pour Beausoleil est, it la maniere de Nicole Brossard, une maniere de vivre par procuration dans 1a mesure ou Ie langage poetique devient un succedane de la vie reelle. Cette notion d'exil auquel renvoie Ie titre se developpe en fonction d'une prise de distance par rapport it un vouloir-vivre fondamental plutot que dans la conscience d'etre un etranger en terre inconnue. Le poete creuse inlassablement les memes questions de la solitude et du desir qui l'habitent depuis tant d'annees et dont il ne parvient pas it trouver un modus vivendi satisfaisant. Denis Vanier, quant a lui, ne pose pas de questions: illes abat, simplement et directement. L'uril!e des forets (Les Herbes rouges) porte de nouveaux assauts a la metaphore-assassine: « Issu de sperme nair/ la vie m'interpelle en se tordant, / un site d'enfouissement / que nous briilerons / camme de vieux pneus». Poete de la vie en sursis, du delire demoniaque app",hende, Vanier attend sa sortie finale, conscient que la vie est pourrie, comme celui qui est cense I'avair creee. En publiant La 0" finit fa terre (Les Herbes rouges), Jose Acquelin confirme son importance en poesie quebecoise et apparait COmme une figure nouvelle sur laquelle il faudra desormais compter. On pourrait Ie qualifier de poete du quotidien exacerbe, entendu ici comme celui qui regarde Ie monde et ceux qui I'habitent comme des curiosites dont la realite ne tient qu'a la relation qu'ils entretiennent avec leur environnement. 48 LEITRES CANADIENNES 1999 Recomposez la nature de ces relations et vous obtiendrez une realite de poete, Wle n~alite acquelienne: «j'ai mis rna tete dans une mangeoire d'oiseaux / j'ai compris pourquoi je ne savais pas voler: / j'avais les yeux plus grands que Ie ciel». Acquelin se fait tantot observateur, tantot il se place au CCEur du monde qu'il observe, mais peu importe ou il se place, il sait maintenir cette distance critique avec laquelle il contemple et interprete I'univers qui I'entoure. Cela nous donne de belles envolees Iyriques, des reflexions dont la profondeur naus renvoie aune certaine metaphysique du texte, mais aussi, malheureusement, des poemes pas aboutis qui distraient Ie lecteur et diluent Ie propos. Quoi qu'il en soit, ces scories sont peu nombreuses et n'invalident en rien la pertinence de ces textes. Un projet plus ou moins similaire anime Alain Fisette dans La vie est pratique pour ranger ses souvenirs (Les Herbes rouges) meme si la forme est differente et Ie propos, plus leger, voire avec des touches humoristiques:«A quand un couvre-feu sur I'intimite / des amourettes avec des nains/ & des coups de CCEur pour du betail ?» Elisabeth Vonarburg, qui a beaucoup pubJie de romans, s'aventure du cote de la poesie avec 1£ lever du recit (Les Herbes rouges). Ce premier recueil represente ,des Hes a la surface de la mer imaginaire», dixit Ie justificatifde quatrieme de CQllVerture, et chacW1e d'elles approfondit Ie mystere de la creation et de I'ecriture. Vonarburg mele avec bonheur les formules lapidaires et les metaphores explicites afin de deconstruire Ie processus creatif et I'imaginaire de celle qui Ie porte. A souligner en terminant ce survol des Herbes rouges, la reedition de ehaque heure a son visage (Les Herbes rouges) de Medje Vezina, avec une presentation de Carole David, dans la collection Five O'clock, unique recueil de cette poete qui, des 1934, pose les premieres assises d'une poesie au feminin. Cest dans la toute nouvelle collection «Mains libres», dirigee par Jacques Allard, des Editions Quebec/Amerique, que Normand de Bellefeuille a publie son recueil de poemes La marche de /'aveugle sans son chien (Quebec/Amerique). Si la poesie n'a jamais ete Ie chef-lieu de cet editeur, pas plus d'ailleurs que l'un de ses domaines d'interet, force est d'admettre que Ie premier recueil qu'il endosse est I'un des meilleurs a etre paru en 1999. Bien sur, de Bellefeuille n'est pas un nouveau venu en poesie, mais son recueil affiche une maitrise singuliere de l'ecriture et un reel souei de developper une problematique de choc entierement axee sur la douleur. Divise en trois sections de trente poemes chacune, et suivi d'un epilogue qui est en fait devenu une chanson de Sylvain Lelievre, La marche de /'aveugle sans son chien s'articule autour de la douleur comme foyer d'irradiation de I'existence. De la naissance a la mort, la vie n'est en effet qu'une suite enchevetree de douleurs plus ou moins profondes, mais qui laissent neanmoins leurs marques, la, au profond de l'etre. De Bellefeuille nous redit cette verite en prenant appui plus fermement sur l'axe Eros- POESIE 49 Thanatos, I'amour et la mort, nceuds gordiens de la douleur des etres. L'amateur de poesie n'est livre qu'a lui-meme dans la lecture de ce recueil dont I'acces n'est certes pas facile. L'un des poetes inspires du formalisme des annees 1970, de Bellefeuille n'a pas renonce a cette exigence d 'ecrire une poesie OU I'on tord un peu plus la langue en se tenant adistance de i'emotion brute: la poesie passe d'abord et avant tout par I'ecriture; au lecteur d'en saisir i'emotion poetique. La poesie n'est pas non plus Ie domaine de predilection des Editions Boreal: Le blanc des yeux (Boreal) d'Helene Monette est Ie seul recueil de poesie que publie cet editeur. Melant poesie et prose selon les besoins de la cause, Monette fait aussi alterner critique sociale, portrait de societe, reflexion personnelle et autoportrait Iyrique afin de scruter dans «Ie blanc des yeux)} ces instantanes de la vie quotidienne auxquels naus avait habitues Plaisirs et paysages kitsch (1997). L'Hexagone et VLB editeur ont deja connu un plus grand dynamisme dans I'edition de poesie, mais depuis quelques annees, ils publient avec retenue deux ou trois recueils par annee. Reve de pierre (VLB editeur) de Madeleine Gagnon, dont Ie titre est emprunte au premier vers du poeme«La beaute» de Charles Baudelaire, est un volumineux livre de poesie consacre presque exclusivement a I'imaginaire de la pierre, dut-il parfois passer par des « reveries» sur Ie vivant. Gagnon ne se cache pas pour nQUS reveler les sources de son inspiration, ces foyers d'irradiation a partir desquels elle a construit ce livre: L'ecriture des pierres de Roger Calliois, Pensees SOliS les nuages de Philippe Jaccottet et Ce qui est de Christian Hubin. Malgre ces reminiscences de prestige, la poesie de Gagnon semble aller dans tOlltes les directions et naus promene dans un reve aussi lisse qu'une pierre, mais tout aussi impenetrable. A I'Hexagone, entre les recueils de Pierre Desruiseaux, de Louise Warren et I'Anthologie de Joseph Bonenfant, Alain Horic et France Theoret, il faut souligner Ie recueil de Gilles Cyr, Pourquoi ,a gondole (I'Hexagone). Cyr nous a habitues a une ,;conomie de mots et it une telle souplesse dans la publication de ses recueils que chaque nouveau titre nous surprend toujours. Pourquoi,a gondole ne fait pas exception it la regie, sauf que cette fois-;:i Ie contenu meme du recueil marque une difference fort appreciable par rapport it ce qu'il avait fait paraitre precedemment. Les poemes de chacune des quatre parties d'inegales longueurs comptent entre huit et seize vers brefs regroupes en distiques et prennent la realite sous rangle furtif du rapport eloigne entre les choses, les evenements et les individus. Cela donne des poemes dont chaque doublet devient distique et acquiert son autonomie tout en maintenant une relation plus au moins circonstandee avec ie distique suivant et ceux qui viennent apres: « La camionnette / bourr';' de branches / / la fourche qui depasse / ai-je pris une pomme? / / oui et je vais / plus loin que les jardins / / Ie chou soudain vous dit bonjour / / qu'on apen;oit / en contrebas / / je note encore / que les poules 50 LETIRES CANADIENNES 1999 bondissent / / quand je sors par I'allee ». Cyr, en bon poete, questionne Ie monde, la fonction de I'univers ou, plus simplement, il celebre la nature pour ce qu'elle est. Pourquoi fa gondole peut ainsi s'entendre comme Ie questionnement incessant de celui qui s'etonne que la terre ne soit pas plate, mais plutot ceux qui I'habitent. Le projet de Mitsiko Miller, dans Le creur en orbite (Planete rebelle) est tout aussi ambitieux puisqu'elle propose dans ce recit poetique de presenter Ie «resultat d'une reflexion portee sur la crainte d'aimer et la complexite des relations amoureuses ». On cherche vainement Ie fil du recit aussi bien qu'un soup~on de metaphore ou I'ombre d'une image. En revanche, on trouve un catalogue d'idees re~ues sur la difficulte d'aimer et l'investissement amoureux. Heureusernent, l'editeur naus a prevenu que «la demarche artistique de Mitsiko Miller s'inspire de la tradition orale (Spoken Word), mariant langues, poesie, monologue et jargon de rue. Le style hybride et I'approche scenique dynarnique de ses performances lui conferent une place unique dans Ie monde litteraire» (couverture 4). Aux Editions Triptyque, la poesie reste un secteur d'edition important. Attachement (Triptyque) de Jean-Philippe DupuiS tend a saisirces moments fugaces qui apportent un reel plaisir d'exister sans relever pour autant de I'extraordinaire. L'etat d'esprit avec lequel on regarde Ie monde devient determinant dans la maniere d'en saisir les subtilites. Tel semble etre Ie message de DupuiS qui ne craint ni de parler d'une belle inconnue, ni de Raymond Fauteux, ni meme de Rotterdam. Robert Giroux, Ie directeur de la maison d'edition, publie Le miroir des mots (Triptyque), un recueil divise en deux parties, «La nuit leve » et «Notes de passages~), qui ramene Ie poete sur Ie territoire de la memoire. Plus pres du recit que de la poesie franche, Le miroir des mots marque une etape decisive dans Ie parcours de Giroux: au dela de cette limite, nous serons dans Ie journal autobiographique . Helene Boisse partage cette thematique avec Giroux: Silence il bout portant (Triptyque), qui lui a valu Ie prix Gaston-Gouin en 1999, porte en sOlls-titre « gerbes posthumes» et s'adresse ala rnemoire de son pere et de sa mere maintenant disparus. Boisse ressasse les souvenirs et remonte Ie cours de son heredite. L'ecriture devient I'exutoire d'un passe compose. Avec Guy Perreault, qui publie Personne n'existe suivi de La mort des mouches (Triptyque), nous abordons Ie theme de la mort que I'auteur conjugue aussi bien au present qu'au futuro Condamnes a mourir, ne sommes-nous pas contraints a devoir apprivoiser Ie present pour Ie rendre habitable meme si nous savons qu'il nous conduit a notre fin derniere? Reste a inventorier la memoir.e qui est Ie meilleur moyen pour se convainere que Ie futur est la somme des petits bonheurs du present, mais aussi de ses malheurs. Les Editions Le Loup de Gouttiere est I'un des derniers editeurs de poesie a Quebec et publie principalement des auteurs de la region. Ainsi POESIE 51 Sylvie Nicolas qui, avec Anastasie au la memoire des forets (Le Loup de Gouttiere), exprime une poesie de I'amour redempteur et du souvenir; tandis que Michel Pleau, dans L'aveu tout simple d'un visage (Le Loup de Gouttiere), lui aussi Ie regard toume sur la memoire, prend acte que la mort est ineluctable d'ou I'importance de mener une reflexion sur la vie. Monique Laforce a choisi la mise en scene propre au theatre pour faire parler ses personnages. Les spectateurs du silence (Le Loup de Gouttiere) nous presente quatre personnages; un homme, une femme, un fils et sa mere, qui doiventnecessairement etre vus etnonunes pour pouvoir exister. Finaiement, Agenouillee dans vas bouches (Le Loup de Gouttiere) de Lyne Richard fait remonter ala surface les vieilles blessures de l'enfance, aussi bien celles de la famille, de l'education que celles de I'amour. Aux Editions Varia, Ghislaine Pesant publie Fracture, double (Varia), un recueil dans lequella poete prend la poesie et les mots abras-Ie-corps et s'interroge sur Ie role et la maniere de communiquer avec l'autre.On peut se demander, Wle fois cette lecture terminee, si la poesie est encore vraiment la meilleure fa~on de questionner I'utilite de l'ecriture. Oublions Deviances poetiques (Dazibao), des contes etpoemes de Cynthia Girard avec des photographiesd'Anne-Marie Zeppetelli, dont la vacuite du propos est avaiee par les recherches formelles. Ou encore Mourir en rand (Trois) de Martin Ouellet qui multiplie al'exces les syllogismes pour nous dire que seule la poesie rend Ie quotidien supportable. II s'agit d'un premier livre pour cet auteur et I'on peut souhaiter qu'il sorte de ce formalisme un peu sterile et desuet. Toujours aux Editions Trois, Nathalie Stephens publie Underground (Trois), une prose poetique qui raconte un episode de la vie d'Ernestine et de Madicole. On hesiterait aplacer cette oeuvre dans la section poesie, n'eUt ete Ie caractere experimental de I'ecriture et, surtout, Ie projet evident d'actualiser une poetique feministe principalement axee sur la relation corps-langage et inconscient. Lanctot editeur commence a occuper une place de plus en plus importante en poesie quebecoise en publiant quelques titres par annee. Outre la reedition de Les petits chevals amoureux (Lanctot editeur) de Michel Garneau, il oflre de ce meme auteur Unepel/etee de nuages (Lanctot editeur). Meme si vingt-cinq annees separent les deux recueils, il n'y a pas de differences notoires entre les deux: Garneau reste Garneau avec ses histoires hallucinantes, ses vers debrides et frondeurs et son petit cote jouissif. La poesie pour Michel Garneau est indissociable de la vie quotidienne et c'est ainsi qu'il veut nous la proposer. Al'inverse, Couvre-feu (Lanctot ectiteur) de Fabienne Roitel repond aun besoin plus profond de sonder I'etre en essayant de comprendre les le~ons de I'histoire ou I'enfance, I'amour, Ie bonheur et Ie destin entrent en conflit avec Ie besoin de liberte. La poesie apparait ici litteralement comme un couvre-feu, c'est-a-dire une mise en securite afin de se proteger des forces occultes et indesirables. 52 LCITRES CANADIENNES "999 Bambote vit au Quebec depuis une vingtaine d'annees, mais la Republique Centrafricaine OU il etait jadis ministre de la Culture et de l'Information , reste toujours presente en lui. Chant funebre pour un heros d'Afrique (Lanctot editeur) est la reedition d'un classique de la poesie africaine paru une premiere fois en 1962, mais ecrit en "958, au moment meme ou Gaston Miron travaillait sur des poemes qui se retrouveront dans L'homme rapaille. Le Chant ." de Bambote est aussi engage que peut l'etre la poesie de Miron. Visiblement, l'auteur a des comptes it regler avec Ie' colonisateur et les forces d'oppression qui exploitent les siens dans son pays. Comme nous Ie soulignions pour Perrault, il est bon de se rappeler que l'engagement en poesie n'est pas d'une epoque revolue: la cible a peut-etre change, mais l'objectif de liberte doit toujours rester dans la ligne de mire. Les Heures bleues sont animees par les Editions de 1'Instant meme et les 400 coups, deux editeurs de Quebec, qui s'unissent pour publier un recueil de poesie dans une edition plutot luxueuse comprenantentre autres choses des illustrations en couleur. La passante de /frusalem (Les Heures bleues) de Julie Stanton est agremente de treize illustrations de Gernot Nebel. Son sous-titre nous revele la thematique d'ensemble: "Chant d'amour et de mort», Amour et mort sont en effet etroitement lies puisqu'une femme mourante s'adresse it I'homme qU'elle aime pour lui exprimer la profondeur de sa douleur qui la rejette loin des vivants et la condarnne it 1'errance, it la maniere de la Passante de Jerusalem, celle qui symbolise la violence du genocide. Ainsi se noue Ie drame de cette femme et celui de tout un peuple que I'Histoire n'oubliera jamais. Une edition somptueuse pour un chant grandiloquent. La poesie en fran,ais n'est pas l'apanage exclusif des editeurs quebecois. Quelques autres situes en Ontario, dans les Prairies et en Acadie essaient tant bien que mal de publier de la poesie. Les Editions d'Acadie ont connu de tels deboires financiers qu'il y a fort it parier qu'elles en auront pour plusieurs annees avant de s'en remettre et de retrouver un rythme de publication satisfaisant. A Orleans, en banlieue d'Ottawa, les Editions David publient De I'un aI'autre (Les Editions David) d'Andre Duhaime et Carol Lebel. Le defi pour les deux correspondants par courrier electronique etait de donner la replique ason vis-a.-vis en ecrivant un haiku qui serait en quelque sorte Ie condense du moment ou de la sensation la plus importante de la journee.Le resultat est bien sur inegal et verse parfois dans la banalite la plus criante, mais en generalla qualite de ces petits poemes japonais est appreciable. Les Editions du GREF, aToronto, sont toujours aussi actives: Lucienne Lacasse-Lovsted y fait paraitre Puisque lesfleurs nous conduisent (Editions du GREF), Christine Dirnitriu Van Saanen Memoires de la Terre (Editions du GREF) et Philippe Garigue Le temps de /'intelligence (Editions du GREF). Le premier titre ressemble etrangement it un recueil de memoires et de souvenirs ou l'auteur se rememore, dans un langage fort en metaphores, la vie pres du fIeuve ou dans les chantiers ou l'on charriait Ie bois. Le projet POESIE 53 de Dimitriu Van Saanen est nettement plus ambitieux puisqu'elle veut percer Ie mystere de l'origine de la terre en s'inblressant aux souvenirs qu'eUe porte a travers ses elements. Voila probablement I'un des seuls exemples de poesie science-fictionnelle qu'il m'ait ete donne de lire. Quant a Philippe Garigue, il emprunte des formes a la poesie, mais son livre reste un journal de voyage et un journal de vie ou il consigne les grandes preoccupations qui Ie traversent. Aux Editions Prise de parole, trois titres sont aussi parus dont deux sont asignaler. Le pays intime (Prise de parole) de Michel Dallaire est un premier recueil qui en porte it la fois les qualites mais aussi les defauts : I'ecriture denonciatrice aussi bien que.celle plus intime n'est pas exempte de ces cliches auxquels on s'attend au detour. En revanche, Ie poete explore avec finesse la problematique du pays qui prend la couleur du territoire ou il vit, mais aussi de celui qu'il porte en lui. Le recueil ne vient pas seul puisqu'il est accompagne d'un disque compact dans lequelle poete lit de larges extraits de son ceuvre dans un environnement sonore de Daniel Bedard. Patrice Desbiens nous a habitues it un type de discours que I'on retrouve souvent avec bonheur d'un recueil it I'autre. Toutefois, Rouleaux de printemps (Prise de parole) devrait en surprendre plus d'un: il y a un style Patrice Desbiens, mais ici il est empreint d'un tel desespoir et d'une telle tendresse que chaque poeme nous menage son lot d'emotions: "je marche vers elle / je I'aime / je pense a elle / je pleure vers elle / sous la pleine lune / je pleure vers elle sous la pleine lune / de la rue Saint-Denis / / Les larmes me coulent / sur les joues. / Elles n'ont pas d'autres places / ou aller». Mais Desbiens est aussi capable de cabotiner etde faire des pieds de nez ala poesie; et c'est cela qui nous Ie rend sympathique. Cette annee poetique aura ete prolifique comme on Ie constatera en consultant la bibliographie qui suit. S'ilest impossible de couvrir toute cette production, il n'en demeure pas moins que nous avons cherche it deceler les tendances dominantes et les principaux editeurs. Quel sera I'avenir de la poesie, mais surtout de I'edition de poesie lorsque la maltrise du langage informatique sera plus repandue ? OUVRAGES RE<;:US Acquelin, Jose, La ou fil1it la terre, Montreat Les Herbes rouges, 114 p., 14/95$. Alarie, Donald, Avec notrefragilite ordinaire, Trois-Rivieres, La Reunion, Ecrits des Forges, Grand Ocean, 108 p., 15$. Albert, Michel, David McFadden et George Bowering, Poenzes et Qutres baseballs, Montreal, Triptyque, 109 p. Amesse, Josee, Ma douce passion. Textes pottiques, Montreal, Editions Droit au creUf, 55 p. Atwood, Margaret, Le cercle vicie,,", (traduit par Anik de Repentigny), SaintHippolyte , Sudbury, Ie NoroH, Prise de Parole, 168 p., '4,95$. 54 LETIRES CANADIENNES '999 Bambote, Chant flfllebre pollr un heros d'Afrique, Outremont, Lanctot editeur, 64 p., 10,95$· Barrette, Pierre, Avant la Illmiere (dessins de jonathan Plante), Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 72 p., 12,95$. Bauge, Jacqueline et al., L'homme, eet immense trait d'ZlIlioll, Montreal, Editions du CIDfHCA. Beausoleil, Claude, Exile, Montreal, Les Herhes rouges, 112 p., 14,95$. Beausoleil, Claude et Gerald Leblanc (dir.), La poesieacadienne. AntllOlogie, Moncton, Editions Perce-Neige, 213 p. Belanger, Paul, periphiries, Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 128 p. Bergeron, Martin, Delivrances, Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 56 p., 12/95$ Bertrand, Claudine, Tomber dll jour, Saint-Hippolyte, Ie NoroH, 96 p., 1585$. Bertrand, Claudine (dir.), Paris, Quebec (photographies de Guy Godin), Montreal, Editions Trait d'union, 109 p., 39,95$· Berube, Jean-Pierre, Mon clown et.moi. Poe-mes et chansons (preface de Jean Lapointe, photos de Leopold Rousseau), Brossard, Humanitas, 93 p. Bissonnette, Thierry, Circulations. Le don du sang (exercice d'hematoJogie naive), Quebec, T. Bissonnette, 62 p. Blouin, Michel, Survivant de la pleine June (avec six ilIu~trations, techniques mixtes, de Vladislav Ehlers), Ripon, Ecrits des Hautes-Terres, 84 p., 15,50$. Bonenfant, Joseph, Alain Hork et France Theoret (dir.), Lesgrands poemes de la poesie qllebecoise. Anthologie, Montreal, I'Hexagone, 348 p. Boisse, Helene, Silence Ii. bout portant. Gerbes posthumes, Montreal, Triptyque, 88 p., 15$· Boucher, Micheline, La brisllredeschoses, Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 66 p.,10$. Brossard, Nicole, Musee de 1'05 et de l'eau, Saint-Hippolyte, Saussines (France), Le Noroit, Cadex, coIL Resonance, 126 p., 18,95$. -, All present des veines, Trois-Rivieres, Herborn (Luxembourg), La Reunion, Ecrits des Forges, Editions Phi, Grand Ocean, '44 p., '5$. Catalano, Francis, RomanlOr, Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 92 p., 10$. Chamberland, Paul, Intime faiblesse des morteis, Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 62 p., 15,95$· Chatillon, Pierre, A11IolIrellses, Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 156 p., 20$. Christensen, Andree et Jacques Flamand, Litlwc1zronos ou Ie premier vol de la pierre, Ottawa, VermilIon, coIL Rameau du ciel, 99 p., 16$. Cizeau-Lemercier, Anne-Marie et Julie Dorval, Poemes dll lendemain # 8. Laureates du prix Piche de poesie de l'Universite du Quebec a Trois-Rivieres, TroisRivieres , Ecrits des Forges, 54 p., 10$. Cliche, Mireille, LA pierre doree des wines, Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 66 p. Collectif (s.la dir. de julie Huard et jean-Guy Paquin), Le temps est d'abord un visage, Ripon, Ecrits des Hautes-Terres, 106 p., 1485$· Collectif, t.tre femmes. Poemes de femmes du Quebec et de France (presentes par Claudine Bertrand et Patricia Latour), Pantin (France), Trois-Rivieres, Le Temps des Cerises, Ecrits des Forges, '72 p., 15$. Collectif, Les Jrlandaises (poemes traduitsde l'anglaisparAnne Bernard Kearny avec POESIE 55 la collaboration de Nicole Laurent-Catrice), Trois-Rivieres, Marseille, La Reunion, Moncton, :Rerits des Forges, Autres Temps, Grand Ocean, Perce-Neige, 96 p., 10$. Collectif, Trois continents pour Trois-Rivieres, Trois-Rivieres, Berits des Forges, 96 p., 10$. Collectif, Des etoHes aufond de les yellx. Grand prix de poesie 1999, Forges jeunesse poesie [par les eleves de I'Ecole secondaire Chavigny, commission scolaire Chemin-duRoy }, Trois-Rivieres, Eerits des Forges, 51 p. . Corbeil, Marie-Claire, Tess dans la tete de William, Montreal, Triptyque, 92 p. Cormier, Pierre-Paul, L'epouvante, Ottawa, Ie Nardif, 64 p., 13$· Cuerrier, Alain, Premieres heures, Saint-Hippolyte, Ie NoraH, 80 p. eyr, Gilles, Pourquoi r;a gondoie, Montreal, I'Hexagone, 84 p., "4,95$· D'Alfonso, Antonio, L'autre rivage, Saint-Hippolyte, Ie Noroi!, 126 p., 16,95$. Dallaire, Michel, Le pays in'time (livre et disque compact), Sudbury, Prise de parole, 88 p., 25$· Daoust, jean-Paul, Les saisons de range II, Saint-Hippolyte, Ie Noroi!, 150 p., 16,95$. David, Carole, La maison d'Ophetie, Montreal, Les Herbes rouges. De Bellefeuille, Normand, La marclte de l'aveugle sans son chien, Montreal, Quebec/ Amerique, 120 p., 14195$· Desbiens, Patrice, Rouleaux de printemps, Sudbury, Prise de parole, 96 p., 12$. -, L'effet de Ia pluie poussee par Ie vent sur Ies batiments,·Outremont, Lanctot, 189 p. Desgent, Jean-Marc, La Que Soy Ante Nadie. Ce que je 5uis devant personne, Mexico, Trois-Rivieres, UNAM, Aldus, Ecrits des Forges, log p. Desrosiers, Genevieve, Nombreux seront nos enl1emis, Montreal, L'Oie de Cravan, 76 p., 13,75$· Des Rosiers, Joel, V€tiver, Montreal, Triptyque, 136 p. Desruisseaux, Pierre, Graffites ou la rasoir d'Occam, Montreal, I'Hexagone, 78 p., 13-95$· Dimitriu Van Saanen, Christine, Menloires de la Terre, Toronto, Editions du GREF, 73 p. Dore, Kim, La derive des meduses, Montreal, LesIntouchables, coil. Poetes de brousse, 72 P· Dorion, Helene, L'isslJe, fa resonance dfl desordre suivi de l'empreinte du blell (reedition ), Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 104 p. -, Pierres invisibles (avec des encres de Julius Baltazar), Saint-Hippolyte, Ie Norolt, 66 p., 14,95$. Dowd, j. F., Retirons de prose (dessins de Roland Giguere), Saint-Hippolyte, Ie NoroH, 102 p. Duhaime, Andre et Carole Lebel, De {'un Ii l'autl'e, Orleans, Les Editions David, 78 p. Dumais, Nicolas, Desol'dres, peyotl et autres melanges, Montreal, Les Intouchables, coIl. Poetes de brousse, 90 p. Dupuis, jean-Philippe, Attachement, Montreal, Triptyque, 69 p., 15$. Farkas, Endre, Les mots qui survivent (traduction de Marie Evangeline Arsenault), Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 132 p. 56 LETTRES CANADIENNES 1999 Fisette, Alain, La vie est pratique pour ra/1geT Ies sOllvenirs, Montreat Les Herbes rouges, ¢ p., 14,95$. Forgues, Michel. Urle lettre de granite suivi de Couleur: corail, Montreal, Trait d'union, 120 p., 19195$. Gagnon, Madeleine, Reve de pierre, Montreal, VLB, 176 p., 16,95$. Gariepy, Robert, et al., Les mots qui pressent. Jotltes internationales, Trois-Rivieres, Atelier presse papier, 87 p. Garigue, Philippe, Le temps de /'intelligence, Toronto, Editions du GREF, 125 p. Garneau, Michel, us petits cheuals amOllreux, Outremont, Lanctot editeur, call. PCL, 77p· -, Une pelletee de nuages, Outremont, Lanctot editeuf, coIL j'aime la poesie, 189 p. Gaucher Dominique, Solos, Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 102 p., 10$. Gauthi~r, Jacques, L'empreinte d'un visage, Saint-Hippolyte, Ie Noroit, 80 p. Gauthier, Pierre [compile par}, Camets d'amours: voies du bonheur, Quebec, bditions Isabel, 79 p. Germain, Christine, Textes de la soif(livre avec CD), Montreal, Planete rebelle, 88 p., '9,95$· Girard, Cynthia, Deviances poetiques (avec 14 photographies d'Anne-Marie Zeppetelli), Montreal, Dazibao, Centre de photographies actuelles, 64 p., 16$. Giroux, Robert, Le miroir des mots (avec des illustration de johanne B. Sawyer), Montreal, Triptyque, 64 p., 15$· Grise, Yolande et Jeanne d'Arc Lortie, S.C.o. (avec la collaboration de Pierre Savard et de Paul Wyczynski), Les textes poetiqlles dll Canada jrallfais 1606- 1867. Edition inltigrale. Volume II. ,865- 1866, Saint-Lautent, Fides, 984 p., 89,95$. 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