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ESTELLE DANSEREA U Reponses plurielles: la nouvelle quebecoise au feminin ( 1980-:-2000) Refaire sa propre histoire, la reinventer, anotre gout et anotre convenance, generer du nouveau qui ait forme de prospective, c'est bien se situer dans la fiction. Suzanne Lamy, Textes... (1990) On ne ment pas, on se cree des verites. Dominique Blondeau, Fragments d'un mensonge (1993) Ecrites vers 198}, ces paroles de Suzanne Lamy, placees en epigraphe, pourraient resumer les pratiques de la nouvelle quebecoise au feminin telle qu'elles se sont manifestees au cours des derniers vingt ans. Les nouvellieres ont experimente avec ce genre, devenu de plus en plus malleable et polymorphe, pour inventer leurs histoires fictionnalisees, parfois etroitement collees au corps feminin bien que cernant surtout une grande diversite de sujets. Ce que nous voyons en ef£et dans les nouvelles ecrites depuis deux decennies, c'est que, lorsque les femmes ecrivent, elles explorent selon des perspectives et des experiences heterogenes, les constatations et les questions de }'existence humaine, les deboires et les inquietudes tout comme les illusions,les desirs et les reves. Si les themes recurrents sinon obsessionnels des nouvelles au feminin refietent la diversite de la vie des femmes et des hommes de tous les milieux et de toutes les couches sociales, elles presentent souvent des perspectives distinctes sur l'amour, la sexualite,le menu quotidien, la quete d'identite, Ie rapport au corps, ala mere, al'autre, au social, et al'ecriture. Lucie Joubert ecrit ace sujet: «[L]e choix d'accorder ala signature une importance primordiaIe est motive par Ie parti pris suivant: les femmes, par leur position - ou devrait-on dire leur im-position - politique, sociaIe et culturelle, ont une vision du monde differente de celle des homrnes» (Joubert, 1998: 14). Les histoires qu'inventent les femmes s'ajoutent aux histoires que Ies cultures produisent pour se decrire; lorsque les femmes ecrivent en si grand nombre, elles donnent a ces representations des dimensions differentes, dimensions encore apeine cernees, car longtemps absentes des recits culturels. Depuis vingt ans, les recits courts de toutes sortes, y compris les· nouvelles ecrites par des femmes, abondent au Quebec. Les nouvellieres ont fait paraitre pendant cette periode plus de UNIVERSlTY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 69, NUMBER 4, FALL 2000 LA NOUVELLE QUEBECOISE AU FEMININ 827 cent soixante-dix recueilsI , sans compter les multiples recits pubJies dans les revues et les anthologies. Au cours de ces deux decennies, les institutions litteraires ont couronne certains des recueils de nouvelles les plus notables et, de ce fait, ont eleve Ie profil du genre et la renommee de ses pratiquants. Parmi les prix decernes, citons Ie prix du Gouverneur general aAude pour eet impercepti- ,hIe mouvement (1997), Ie prix Stendhal de la nouvelle aClaire De pour Le desir comme catastrophe naturelle (1989), Ie prix Adrienne-Choquette a Monique Proulx pour Sans creur et sans reproche (1983) et a ClaudeEmmanuelle Yance pour Mounr comme un chat (1987). Au Quebec ou les prix lith~raires proliferent d'annee en annee, nous pourrions sensiblement allonger la liste des honneurs venus saluer les productions culturelles de ce genre. Aucune uniformite de style, de themes, de strategies discursives parmi les nouvellieres marquantes de ces decenrues ne suggere une orientation evidente pour cette etude. De plus, les preoccupations generationnelles relatives aux experiences vecues peuvent se manifester dans la creation surtout si, tel que nous Ie faisons, nous estimons que les revendications feministes des annees 1960 et 1970 ont marque les attitudes des ecrivaines d'abord envers Ie social. Les nouvellieres productrices de textes nous concernant sontnees au cours de six decennies differentes: pendant les annees 1920, Moruque Bosco, Madeleine Ferron, Louise Maheux-Forcier et Therese Renaud; pendant les annees 1930, Madeleine Gagnon et Regine Robin; les annees 1940, un nombre eleve des pratiquantes les plus distinguees du genre dont Aude, Lise Bissonnette, Dominique Blondeau, Suzanne Jacob, Helene Rioux, Esther Rochon et France Theoret; les annees 1950, Anne Dandurand, Diane-Monique Daviau, Claire De, Moruque Proulx et Elise Turcotte; les annees 1960, Marie-Pascale Huglo et Helene Monette; et meme pendant les annees 1970, la recemment primee Nadine Bismuth. L'etude de la nouvelle apartir de tendances generationnelles pourrait beaucoup apporter a notre apprehension de...

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