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HELENE RIOUX Sur I'ecriture de la nouvelle }'ai commence par ecrire de 1a poesie, forme privilegiee, chere aI'enfance timide, aI'adolescence idealiste, si souventproche du desespoir. J'en ai ecrit pendant des annees, puis, graduellement, du sonnet au poeme en prose, puis ala prose poetique, je suis passee ala prose tout court. Quelques recits a saveur autobiographique rn'ont menee au roman. Mais, encore une fOist l'autobiographie etait proche, trop proche - je voulais mIen degager. La nouvelle m'a sortie de 1'irnpasse, elle me semblait mains exigeante. Parce que les personnages y vivent moins longtemps, que les situations y sont plus cernees, plus precises - c'est 1a son exigence. Sans que je considere Ie moins du monde1a nouvelle comme un roman ernbryonnaire, voire un avatar du roman, une sorte de compromis ou de pis-aIler, je dirais qu'elle m'a, a son tour, menee au roman, me permettant de sortir ces personnages, ces situations, de mon imaginaire. Je gardais pourtant une sorte de nostalgie de 1a poesie. Dans ces moments-la, il me venait souvent I'envie dI ecrire une nouvelle. La nouvelle se rapproche du poeme- elle se concentre sur un moment, une emotion, un etat d'ame, une aventure. Elle va droit au but, se soucie peu d'explications. Ala fois, elle dit et laisse entendre. Elle n'est pas, comment dire... psychologique . Certaines histoires, d'ailleurs, ne peuvent etre racontees autrement. Eiles ne peuvent faire l'objet d'an roman, ne supporteraient pas ce genre de developpement. Je Ie sais car j'ai essaye, une fois. J'avais l/impression qu/une de mes nouvelles avait tout ce qu'it fallait pour faire un bon roman, que chaque paragraphe donnerait W1 chapitre, que tous les elementsetaient en place. Ils l'etaient, oui. A leur place dans une nouvelle. }'ai travaille pendant des fiois pour arriver a un resultat nul. Un fiasco. Ie n'avais fait que diluer l'intrigue, remplir des vides qui devaient Ie rester, meubler des silences qui ne voulaient pas l'etre. Non pas que les personnages manquaient de l'envergure, de la profondeur necessaires aen faire des personnages romanesques. Ce nI estpas ce que jeveux dire. Dans une nouvelle, les personnages ne sont pas qu'esquisses, iis ant aussi envergure et profondeur . Mais, dans Ie cas dont je parle, ils avaient ete con<;us comme des personnages de nouvelle et ils n'avaient de sens que dans ce cadre. En douze pages, tout etait dit de leur histoire. La nouvelle est austere, et je n/avais fait qU'ajouter de l/inutile. UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 68, NUMBER 4, FALL 1999 874 HELENE RIOUX Et pourtant, on me reproche souvent - est-ce un reproche ?- de meIer les genres. On qualifie mes romans de recueils de nouvelles. Je crois, pour rna part, qu'une nouvelle se suffit aelle-meme, tandis que les chapitres d'un roman sont solidaires les uns des autres, qu'ils ont besoin les uns des autres pour trouver leur sens. Le reste n'est qu'une affaire de construction. Ou de style. L'ecriture de la nouvelle m'a influencee, tout comme l'ecriture de la poesie. Les genres s'entremelent. Et je dirais que c'est tant rnieux. Je crois maintenant que chaque histoire, chaque emotion, contient ou genere sa propre forme. J'ecris toujours des nouvelles et des romans; j'ai recommence aecrire de Ia poesie et je reviendrai peut-etre un jour au recit autobiographique. ...

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