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432 LETIRES CANADIENNES 1998 SUI notre temps, en passant en revue des textes de Pascal Bruckner, Philippe Sollers, Milan Kundera, Roland Barthes et Jean-Pierre Richard. Brulotte se penche dans 1a troisieme partie sur les CEuvres d'auteurs contemporains teIs que Perec, Beckett, Camus et Duras pour aborder, dans 1a quatrieme, deux grandes problematiques, soit celle du surrealisme (en relisant Breton et Bataille) et de 1a levee de la censure (dans les CEuvres de Bernard Noel et Sade). La cinquieme partie est consacree au Nouveau Roman (Sarraute, Robbe-Grillet, Pinget). Dans 1a sixieme partie,l'auteur se $itue au CCEur de l'ecriture contemporaine, ce qui lui pennet de cornrnenter de nombreuses CEuvres recentes. Et enfin, dans la derniere section, Brulotte revient aSollers et aBarthes pour examiner des questions d'esthetique et de langue. Que dire de ce livre de chroniques, veritable livre de livres, sinon qu'il represente un outil precieux pour tout lecteur curieux de la production litteraire, critique et philosophique de cette fin de siecle. On y trouve en effet des conunentaires eclairants et stimulants sur les livres d'auteurs celebres aussi bien que sur des CEuvres mains COIUlues que Brulotte nous donne envie de lire. Ses chroniques sont interessantes, intelligentes et ecrites avec finesse. Elles nous rappellent qu'il existe un lien etroit entre la connaissance et la reflexion: toujours soucieux d'inforrner les lecteurs au sujet des CEuvres recensees, Brulotte entreprend neanmoins une fine reflexion sur les ceuvres qui marquent I'air de notre temps. Et si on aurait aime lire quelques pages de synthese ala fin du volume, qui auraient rendu compte des grands courants et des caracteristiques de la pensee litteraire et critique contemporaine, il reste que ce livre represente non pas des exercices de modestie, comme Ie pretend l'auteur, rnais plutot des lectures qui revelent l'amour du livre et la passion de la connaissance. (JANET M. PATERSON) Etats du polemique, S. la dir. de Dominique Garand et A.ru1ette Hayward Quebec, Editions Nota bene, colI. Les Cahiers$1u Centre de recherche en litterature quebecoise, 327 p., 24$ Qu'exige-t-on d'universitaires lances dans l'analyse de divers etats du polemique? On attend (on souhaite!) des reflexions vives, nuancees (au contraire souvent des polE~miques!), approfondies, roboratives. Etats du polemique, dirige par DominiqueGarand et Annette Hayward, offre, malgre certaines lacunes, une abondante matiere a reflexion et une dynamique mise en relation de concepts et de« cas ». Tout d'abord, pourquoi des etats du polemique? Annette Hayward y repond dans I'exorde ason article, ou elle etablit une distinction entre une polemique et Ie discours polemique, « c'est-a-dire les elements au marques specifiques qui distinguent Ie discours polemique des autres types de SCIENCES HUMAINES 433 discours» (<< Pamphlet, polemique et querelle: Le cas des regionalistes et des II exotiques" »). Et, de preciser Hayward, « [l]a polernique n'est pas un genrel mais un fait historique, une serie d'actes discursifs publiquement poses, et peut inclure des textes d'a peu pres tout genre imaginable. Le discours poIemique ne constitue pas non plus un genre, une forme lith~raire, rnais un type de discours qui peut traverser de nombreuses formes ou genres, litteraires ou autres ». On Ie constate: Hayward, al'encontre de Catherine Kerbrat-Orecchioni, s'eleve contre cette notion de genre, qui cree une confusion dans les categories semantiques. Elisabeth Zawisza partage cette lecture theorique: «[L]e paratexte des Lurnieres constitue done un terrain d'observation privilegie pour cemer la polemique et Ie polemique: un episode historique et un type de discours» (<< L'anatomie d'une pohhnique au de la difficile ascension du roman»). Par ailleurs, la polemique est indissociable du duel. La manzarinade bordelaise de 1650 que commente Marie-France Wagner met aux prises un« dialogueI duel entre SCEurs ennemies qui se prolongera eneelui des freres ennemis» (( Dne figure emblematique de la polernique :la justice dans une mazarinade bordelaise de 1650 »). Un double duel: par Ia parole et par les armes. 1hierry Belleguic dynamise «la bipolarite oppositionnelle d'un "agressseur" et d'un "agresse"» (<< Palissot Ie poIemiste au du scandale comme un des beaux-arts»). Mais, ce duel, ce «corps acorps subjectif» (Belleguic), se joue a... trois! Comme Ie souligne Zawisza, «Ie paratexte polemique des Lumieres revele ce principe discursif qu'articule bien une boutade de Diderot: il faut etre trois pour exprimer Ie rapport adeux ». Et, d'ajouter l'analyste: «( Les exegetes du discours polemique n'ont pas toujours ete sensibles au role du "tiers" dans une pratique pen;ue longtemps comme bipartite ». Les choses ant change, sije me fie aux« Propositions methodologiquespour l'etude du polemique » de Dominique Garand, au il conceptualise Ie statut du «tiers» et Ie complexifie: «Si Ia Cible n/est pas I'Enonciataire, celui-ci peut se retrouver en position de Tiers que l'Enonciateur cherche a convaincre. Meme dans Ie cas OU Ia Cible est l'Enonciataire inscrit dans l'enonce, il reste que Ie caractere public du texte polemique fait de la masse des lecteurs des Tiers habilites ajuger. Le Tiers est cette Opinion que Ie discours cherche aseduire. ». Les ouvrages de Marc Angenot (La parole pamphIetaire), de Catherine Kerbrat-Orecchioni et aI. (Le discours poJemique) et de Dominique Maingueneau (Semantique de la polemique) semblent constituer pour plusieurs des poles theoriques attractifs. Toutefois, malgre ces axes convergents de reference, les discours sur Ie polemique se construisent acoups d'avancees discursives qui ne font pas toujours consensus. Des la « Presentation», Garand et Hayward, apres avoir circonscrit quelques enjeux semantiques propres al'utilisation du tenne «discours », conciuent que «[d]evant une telle disparite, Ie lecteur comprendra que nous ayons evite de ranger nos travaux sous la banniere du "discours polemique"», meme si plusieurs 434 LETTRES CANADIENNES 1998 collaborateurs s'yreferent. Ailleurs, Hayward affirme« que ce quiAngenot decrit comme le champ du pamphletaire est en fait une variation precise, extreme, du champ polemique ». Malgre« un certain malaise» (Hayward) decele chez Angenot dans Ie passage du polemique au pamphletaire, Johanne Benard, qui a choisi de laisser «de cote toute discussion sur la definition du polemique en tant que tel» (<< Le discours polemique/celinien »), n'en adopte pas moins «Ie modele d'Angenot qui [lui] apparait operatoire ». Bref, nous pourrions fourni! d'autres exemples de ces divergences theoriques qui, loin de discrediter Etats du poiemique, lui conferent au contraire une profondeur conceptuelle et analytique. les discussions aut~ur des modeles theoriques ne doivent pas occulter les «cas}) a I'etude dans Etats du poIbnique. Outre les articles deja cites, James MacLean s'interesse a «la foncHon de l/argumentation scientifique dans Ie Discou1's sur ['origine et lesfondemen ts de l'inegalite parmi les hommes »; Pierre Rajotte, au «discours polemique ultramontain au Quebec: une rhetorique nouvelle au service de valeurs traditionnelles »; Michel Bujold, au « hockey: entre lejeu et la guerre »;enfin,Jeanne Demers, prenant appui sur deux manifestes quebecois contemporains, Acceptation globale et Manifeste d'un salaudI pose les «limites du polemique ». Les remarques de Garand et d'Hayward a propos des articles m'ont laisse parfois dubitatif. Ainsi, en se referant aux analyses qui portent sur un aspect ou l'autre du XVlII e siecleI ils constatent que les «collaborateurs ne vont pas toujours chercher Ie polemique de cette epoque Ia ou on pourrait s'y attendre ». Dois-je y lire un compliment, en ce que les collaborateurs ont delaisse les sentiers un peu trop battus des sujets convenus pour porter ailleurs leur regard analytique? 5i oui, ne pourrais-je soutenir que Johanne Benard, Pierre Rajotte et Annette Hayward elle-meme n'ont pas fait preuve d'une tres grande originalite en choisissant de dissequer des «polemiques institutionnalisees }) :Ie discours polemique/ celinien, Ie discours polemique ultramontain au Quebec et Ie cas des regionalistes et des exotiques ? En revanche, s'il ne s'agit pas d'une remarque positive, les presentateurs ne minimisent-ils pas des lors l/interet de l'article de James MacLean: «5i James MacLean prepare bien la scene en parlant du Discours sur l'origine et lesfondemen ts de ['inegaliteparmi les hommes deJean-Jacques Rousseau, ilfaut avouer que, ce faisant, il choisit un exemple extremiste du discours philosophique »; «Maclean soutient neanmoins »); « Iill est cependant pennis de se demander»? Je ne cherche pas adenaturer les propos de Garand et d'Hayward, mais leurs precautions oratoires me semblent Ie signe d'un certain malaise... O'autre part, ils precisent que <

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