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418 LETTRES CANADIENNES 1998 Payette, Denis, Sinon pour for€! Ie silence, Trois-Rivieres, Bcrits des Forges, 59 p. Peloquin, Claude, Dans Ies griffes du messie. CEuvres 1970-1979. Presentation et bibliographie de Roger Chamberland, Montreat Editions Varia, 539 p. Perrault, Pierre, Le visage humain d'rln jleuve sans estuaire, Trois-Rivieres, Ecrits des Forges, 60 p. Perrier, Lue, Faiies Ie necessaire, Saint-Hippolyte, Editions du Noroit, 63 p. Plamondon, Rejean, Portraits rebeIIes d'un cervonaute, Trois-Rivieres, Bcrits des Forges, 86 p. Pontbriand, Jean-Noel, Resonnances, Saint-Hippolyte, Editions du Noroit, 69 p. Psenak, Stefan, Du chaos et de l'ordre des choses, Ottawa, Le Nordir, 64 p. Richard, Nicole, Les marcheurs, Saint-Hippolyte, Editions du Norolt, 71 p. Riviere, Sylvain, Lieux-dits, Ottawa, Vermillon, 73 p. Rousseau, Pierre, Les fillettes du roil Montreal, Guerin, 416 p. Roy, Andre, Vies, Montreal, Les Herbes rouges, 135, p. Roy, Marcelle, Longitudes, Saint-Hippolyte, Editions du Norolt, 69 p. Savoie, Paul, Poemes choisis. Racines d'eau, Saint-Hippolyte, Editions du Noroll, 137P' Souaid, Carolyn Marie, Fille au bord de l'eauI Trois-Rivieres, Berits des Forges, 95 p. Theoret, France, Une mouche au fond de l'ceil, MontreaC Les Herbes rouges, 78 p. Therien, Michel A., Fleuves de mica, Orleans, Les Editions David, 120 p. Tremblay, Clarisse, Brisants, Saint-Hippolyte, Editions du NoroH, 52 p. Tremblay, Tony, Rue petrole-ocean. Montreal, Les Intouchables, colI. Poetes de brousse, 71 p. Trepanier, Laurent, La parole au nair, Montreal, Triptyque, 56 p. Vaillancourt, Marc, Almageste, Montreal, Triptyque, 91 p. Van Schendel, Michet Bitumes, Montreal, l'Hexagone, 107 p. Vanier, Denis, Le bapteme de Judas, Montreal, Les Herbes rouges, 69 p. -, Tu me trompes avec un oiseau, Montreal, Les Herbes rouges, 78 p. Vigneault, Gilles, L'armoire des JOIlrs, Montreal, Nouvelles Editions de I'Are, 220 p. Theatre MARIEL O'NEILL-KARCH Parmi les textes de theatre publies en 1998, quelques-uns font etat de« monstres » de divers genresI allant du personnage handicape d'Archambault jusqu'aux «monstres sacres» de Jovette Marchessault, de Philippe Soldevila et de Simone Chartrand. Des fantomes du passe hantent les . ceuvres d'autres dramaturges, et non des moindres, comme Michel Marc BouchardI Andre rucard, Hermenegilde Chiasson, Michelle Allen, Carole Frechette,Jean-CIaude Germain etMichelTremblay. Chez RobertMarinier, c'est, comme d'habitude, l'humour qui prime. Les enfants sont bien servis par des pieces de Louise Bombardier et de Luc LeBlancetLouis-Dominique THEATRE 419 Lavigne. Un texte de Pascal Poirier, joue en 1875 et publie pour la premiere fois cette annee, nous fait mieux connaitre Ie patrimoine theatra] acadien. Enfin, 1a maison Boreal lance ses deux premieres analyses de pieces de theatre dans sa collection « Les classiques quebecois expliques ». D'autres textes ne nous sont pas parvenus, ceux de Dramaturges Editeurs. Dans son discours, lars du lancement de cette maison d'edition en 1996, Yvan Bienvenue declarait que son but etait «de publier Ie plus grand nombre d'ceuvres dramatiques et en rendre la diffusion efficace en ciblant mieux la clientele». II faut croifE~ que les lectrices et les Iecteurs de notre revue ne sont pas perc;us comme une clientele digne d'etre ciblee puisqu'on nous refuse Ie service de presse. Nous avons pourtant accorde beaucoup deplace a Dramaturges Editeurs dans les deux derniers numeros de UTQ. Serait-ce alors parce que Ia revue emane de Toronto? J'ai peine a y croire, mais apres plus d'une lettre restee sans reponse, je dais me rendre al'evidence. Heureusement que toutes les autres maisons d'edition du Quebec et du Canada fran~ais repondent a l'appel. *** Le jrny du prix du Gouverneur general a couronne, cette annee, une piece qui souleve plusieurs questions de fac;on inhabituelle sans etre inedite. Dans Quinze secondes (Lemeac), Fran<;ois Archambault met en scene un triangle amoureux forme de deux £reres, Claude et Mathieu, et Charlotte, la maltresse de CIaude que convoite Mathieu. Ce qui change tout, c'est que Mathieu est atteint de paralysie cerebrale. Comment faire pour attirer Charlotte dans des conditions pareilles? Lorsque Claude 5'en fatigue, Mathieu s'engage a payer Ie loyer de son frere chomeur si Claude accepte de continuer acoucher avec Charlotte pour donner aMathieu Ie temps de l'apprivoiser. Situation assez tordue, souvent cocasse, d'un realisme troublant, surtout que Ie role de Mathieu a ete tenu par Dave Richer qui souffre de la meme maladie que son personnage. Lorsqu'il affirme, par exempIe , qu'il refuserait de devenir « normal» si on lui en donnait la chance, il nous force aconfronter la problematique de l'identite: «Mon handicap, ~a fait partie de ce que je suis. Si j'etais pus handicape, je serais pus moi. c;a m'a pris vingt ans al'apprivoiser, aIe surmonter, aapprendre am'aimer dans ce corps-lao J'aime <;a, ce que je suis devenu.» Mathieu ne reussira pas aattirer Charlotte dans son lit, mais il se fera une amie de celle qui, acause de lui, voit mieux, voit au dela du handicap: «C'est camme si tout Ie mande etait moins etranger.» En 1971, Ie dramaturge tarontois David Freeman, Iui-meme atternt de paralysie cerebraIe, avait electrifie son public avec Creeps (joue en 1981 ala Salle Fred-Barry sous Ie titre Les tout croches) en l'obligeant a faire face, litteralement, a des personnages handicapes lucides, forts, grinc;ants, et a les voir comrne des etres humains a part entiere. Voila deux preuves qU'une bonne cause peut faire du bon theatre! 420 LETTRES CANADIENNES 1998 Jovette Marchessault poursuit son etrange dialogue avec des «rnonstres » du passe, ces femmes qui ant effraye leurs contemporains par leur talent, leurs passions et leur fougue, telles Violette Leduc, AnaYs Nin et Emily Carr. Dans Madame Blavatsky, spirite (Lemeac), c'est Ie tour d'Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891), cofondatrice de la Societe theosophique (1875) dont les buts, la fraternite universelle sans distinction de sexe, de race ou de elasse, }'etude comparee des religions et l'exercice des pouvoirs latents de }'etre humain pour entrer en communication avec Ie monde cache, en effrayerent plus d'un. Parmi les vingt-six personnages de cette piece se retrouvent Anubis, conducteur des ames tr«?paSSees, grand laveur de reves, Sophie Rostopchine, alias la Comtesse de Segur et elle aussi d'origine russe, Cadichon, Ie petit ane de la Comtesse, une rnomie egyptienne, la Rimpoche, sage des solitudes du Tibet, et Ie jeune Mohandas Gandhi, futur leader du mouvement nationaliste. Ces persOIUlages jouent sur deux plans. Le premier, ou se trouve une table ronde, represente la realite concrete, au Helena ecrit ses Iivres, rec;oit des invites, assiste ades reunions. Le second, un peu plus eleve, est celui de I'Astral, ou Ie passe peut renaitre et ou figurent les personnages des mythes, contes et legendes qui habitent Helena et qu'eUe peut materialiser. Jovette Marchessault a ainsi n!ussi adonner une expression ala dualite qui regne ala fin du dixneuvieme sieele, alors que l'industrialisation et I'atheisme grandissant rencontrent une certaine resistance de la part des Symbolistes, par exemple, ainsi que de ceux qui se tournent vers les astrologues, les magiciens, les magnetiseurs - je pense au Horia de Maupassant - pour trouver des reponses aux questions qui les hantent. Vers la fin de sa vie, Madame Blavatsky ne peut plus lutter car, affirrne-t-elle, «rna defense devant les tribunaux entrainerait l'examen de mysteres psychiques et comme je me suis engagee ane jamais repondre acertaines questions, mon refus sera interprete comme une offense autribunal. }) Pourtant, meme les ennemis de Madame Blavatsky ant dli reconnaitre l/influence qU'elle a exercee sur la pensee occidentaleen repandarit certaines croyances fondamentales venues de l'Inde et du Tibet. lovette Marchessault, en faisant renaltre Madame Blavatsky etson monde, permet au public de saisir les paralleles entre la fin du dix-neuvieme sieele et ceUe fin de millenaire ou coexistent Ie materialisme dominant et de nombreuses sectes qui repondent au besoin fondamental de spiritualisme. Ce sont trois hommes que Philippe Soldevila et Simone Chartrand ressuscitent dans Le miel est plus doux que Ie sang (VLB), Luis Bunuel, Federico Garcia Lorca et Salvador Dati. Le texte est traverse d'eclairs de genie qui emanent a la fois des diverses citations qui emaillent les dialogues, mais aussi de l'etOImante mise en scene dont nous avons, dans Ie texte imprime, des traces didascaliques. Nous sommes aMadrid, au debut des annees 1920, alors que la jeunesse est secouee de courants anarchiques. Partageant leur temps entre le cabaret du Ritz et leur chambre THEATRE 421 dans une residence etudiante, les trois persOImages se decouvrent alors qu'ils explorent, chacun a sa fa«;on, la revolution surrealiste. Le texte est intelligent, drole, et d'une grande force drarnatique. La mise en scene est depouillee et surtout choregraphiee, un peu a la maniere d'un Robert Lepage, avec qui les auteurs ont deja travaille, ou d'un Gilles Maheu. Deux exemples saisissants. Chacun des gan;ons a sa chambre, mais, sceniquement , il s'agit de la meme chambre qu'lls occupent, comme si chacun etait seui. « lis n'entrent jamais en collision, lit-on, mais il s'en faut de peu. » La scene la plus etormante est sans doute celle OU on voit Ie processus qui aurait pu presider a la creation du court metrage, Le chien andalou de BuflUel, dont l'unique but, pretend-il, est de provoquer. Nous sommes en pleine repetition et des scenes plus cauchemardesques les unes que les autres sortent tout droit de l'inconscient des createurs qui pratiquent, a leur fa<;on, I'ecriture automatique en excluant toute manifestation de la raison. Cela donne un spectacle grinc;ant et drole ala fois d'ou est exclue la pudeur et ou triornphe une poesie ala fois grotesque et anarchiste. Le tout est enchasse dans une piece brillante ou scintillent les idees. Les fantomes du passe hantent aussi Michel Marc Bouchard qui en peuple ses pieces, la derniere encore plus que les autres. Le chemin des passes-dangereuses (Lemeac) nous conduit dans les courbes mnemoniques du passe de trois £reres, reunis quinze ans apres la noyade de leur perepoete qu'ils avaient d'abord provoquee et qui n'ont rien fait pour l'empecher . Lorsque Victor,l'aine, annonce a la fin qu'il a deliberement invite ses deux freres ase joindre alui pour celebrer Ie triste armiversaire en provoquant un second accident mortet nous comprenons tout ce que cette rencontre peut avoir de definitif. Michel Marc Bouchard, en situant}'action de sa piece apres I'accident fatal qui transforme les trois freres en spectres, nous rend conscient que Ie theatre Iui-meme est, en quelque sorte, un art spectral, puisque, comme l'a theorise Tadeusz Kantor, tout interprete est W1e apparition qui avance vers les vivants, l'acteur etant Ie spectre du persOImage, emmure dans les pages du texte. Bouchard se place aussi dans 1a lignee de Baudrillard, pour qui la «realite» n'existe plus: «Peine et bonheur. Des impressions 1 Famille, freres. Impressions de ressemblance. Rien que des impressions. Impression de guerre au tele-journaL [...] Impression d'un accident sur une route deserte. Impression d'une riviere, d'un pere disparu. » Ce derapage de Ia realite est renforce par 1a scene finale, alors que les trois freres, seuis dans Ie no-man's land du chemin des passes..:.dangereuses, voient leur propre carnion qui fonce sur eux: « Sons d'un carnion qui derape violemment. » La fin vient done rejoindre Ie debut, Ie cercle est ferme. Cette structure circulaire est reflechie dans les propos des personnages qui non seulernent se repetent, mais se font souvent echo. La premiere replique de Carl est exemplaire : « Des heures. J'ai rnarche des heures en ligne dIoHe. Comment j'ai fait pour revenir ala meme place? Comment j'ai fait pour tourner en rond " en marchant tout droit sur un 422 LETTRES CANADIENNES 1998 chemin tout droit? )} Quelques pages plus loin, lorsque Victor reprend la merne repUque, il ajoute: «Dans la courbe, c'est 13 que j'ai senti lll1 dejavu . » Ce deja-vu peutse lire aau moins deux niveaux: celui du personnage, qui reconnait Ie lieu auson pere est mort, et celui du lecteur/ spectateur qui a deja entendu cette replique. Et lorsque, quelques pages plus 10inJ les trois freres recitent ensemble Ia meme replique, ils ajoutent: « Un deja-vu ». Cette repetition structurale et semantique trouve un autre echo dans des extraits de poemes paternels, surtout Ie dermer, celui que lisait Ie pere au moment meme au ses fils ant decide d'un comrnun accord, mais sans s'etre concertes , de Ie pousser 3 se lancer dans la riviere alors qu'il ne savait pas nager : « De tous les biens, de peu de biens, / des biens de peu... / De taus les biens que je possede, / Trois fils, les miens, oublies. » Cette piece, tout en nuances, construite selon un savant reseau de repetitions, est tout ala fois mordante et poetique. Une autre noyade sert de pretexte aAndre Ricard qui, dans Les champs de glace (VLB), sonde les pulsions intimes de trois membres d'une famille qui en pleurent tm quatrieme. Fran~ois-Yves et son ami J er6me s'entramaient, l'hiver, a faire de la plongee sous-marine lorsqu'ils sesont fait prendre sous les champs de glace. Apres de longues recherches, on retrouve un corps en partie decompose, puis un autre. Ses parents, Thomas et Celine, et sa sceur, Raphaelle, doivent, chacun asa fa~on, composer avec cette perte. « Le roi des Aulnes », une balladede Gcethe mise en musique parSchubert, mettant en scene tIDe chevauchee emportant un enfant vers la mort, sert de contrepoint acette histoire dont Ie fond se decouvre peu apeu, par bribes, ala rnaniere de Marguerite Duras, dans L'amante anglaise, et de Normand Chaurette, dans Fragments d'une [ettre d'adieu Iue par des geologues. Thomas passe son temps ala fenetre, aregarder «les champs de glace. Et entre les glaces, l'eau qui tourne, noire comme une laque.» Hypnotise par I'eau meurtriereJIe pere se sent cornrne dans un des derniers tableaux de Borduas , fige dans Ie nair. Pour sa part, la mere surprend, dans son miroir,« la mort aux aguets ». Comrne son fils, comme son mari, elle n'arrive pas a traverser Ia surface dure. Raphaelle aussi sonde les profondeurs d/ou elle re~oit des lettres de Fran~ois-Yves: « Moi, je dors sous la lune, et les etincelles froides sur l'eau crepitent autour. Toute la nuit, que les phoques, les vaches marines aboient, c'est atoi que je pense, retenue ala niche.» La mort et la vie communiquent donc dans cette piece, comme dans Les fous de Bassan d'Anne Hebert. Ricard a Sil faire une reuvre poetique OU l'image dominante des champs de glace lui permet de plonger sous la surface pour reveler« la richesse [de] la peine qui n'aura pas de fin n. On retrouve la glace dans Alienor d'Hermenegilde Chiasson (Editions d'Acadie), une piece dense et poetique au expropriation, morts et viol se jouentdans la foret et se dejouent dans un palais de justice. Etienne Landry, accuse d/inceste par quatre chasseurs qui sont entres dans Wle cabane abandonnee pour y decouvrir un pere couche sur la fille, vit dans la foret, THEATRE 423 camme une betel depuis une quinzaine d'armees. Sa femme est morte en accouchant de sa troisieme fille. La premiere s'est noyee dans une riviere et la deuxieme, pourchassant un animat est ason tour poursuivie par un chasseur et abattue. Etienne revoit ses fiUes dans ses reves: «Je marche sur la glace, quelqu'un se met afrapper SOllS mes pieds. Je me penche et je vois rna fille [...J. Je vais pour la prendre dans mes bras, mais je peux pas. II y a Ia glace entre nous. » Quant ala deuxierne fille, il imagine qu'elle est partie avec un animat gu'ils se sont maries, et qu'elle reviendra un jour lui presenter des petits-enfants atete de renard. Nous sommes en plein conte... et en plein cauchemar. Car Etienne est en prison, et ses histoires de foret, de riviere et de mariage avec tin animal font douter de sa capacite asubir un proces. L'intervention d'une psychiatre, elle-meme issue de la foret et, nous Ie decouvrons pIus tard, elle-meme victirne de viol, fera enfin sortir la verite et liberer Etienne Landry. Cette etrange et sombre histoire fait comprendre«que la bete In']est jamais loin, et qu'il faut la faire boire, l'habiller, lui dire que \a ira mieux, meme quand elle se couche dans des cavernes chauffees al'electricite.» Michelle Allen, dans Le jeu des oiseaux (Lanctot), projette des personnages de la meme trempe dans un vide existentiel tapisse de fragments disjoints d'un passe commun. Ariane remante, apres vingt-deux ans d'absence, Ie fil qui la relie a sa jumelle Dominique, emmuree vivante dans la maison familiale depuis la mort de leurs parents (suicide?) dans un accident de la route. Les persOlmages de Michel Tremblay (Carmen, Manon, Leopold et Marie-Louise) ne sont pas bien loin, mais Michelle Allen donne une tout autre texture acette piece, comme l'indiquent deja les didascalies ou Ia maison figure, avec les jumelles, sur Ia liste des personnages: « [D]ans les anciens jeux de parchesi,la zone centrale ne 5'appelait pas 'Ie paradis,' mais· 'la maison'.}} Les pieces de cette maison, rebaptisees par Dominique au cours d'un des nombreux jeux dont il est question, s'appellent « Ie salon de l'attente, la galerie des douleurs, [...] Ie refuge des pensees ». Poursuivant ses gouts ludiques, Dominique vend les meubles par ordre alphabetique:«la balayeuse,le balai,Ie Bolero de Ravel, Ie moulin a cafe... [...Jun Braun! » Le jeu Ie plus significatif est celui du titre, annonce des Ie debut par de multiples references au toit qui figure dOllblement et simultanement dans la derniere scene, sur film, un vieux super-8 egratigne OU on voit deux adolescentes, et sur Ie plateau, auAriane et Dominique se retrouvent, enHn convaincues que fumer des plumes d'oiseau sechees ne leur permettra pas de voler. Pourtant,I'une des deux se retrouvera dans Ie vide, Ie filde sa vie definitivement Tampu. Comme Alice au pays des merveilles qui cherche une potion magique pour retrouver ses proportions d'origine, l'herolne de La peau d'Elisa (LemeaclActes Sud) de Carole Frechette veut renverser l'expansion grotesque de son epiderme qui envahit, peu apeu mais inexorablement, tout son espace vital. Un jour, dans lID cafe, un jeune homme lui confie la 424 LETTRES CANADIENNES 1998 formule magique: pour se refaire la peau et 1a maintenir en sante, il faut raconter des histoires d'amour. Mais pas n'irnporte queUes. De vraies. Des histoires qui donnent des frissons, font battre Ie CCEur, couler la sueur. L'aerobic des passions, quoi. Dans ce quasi-monologue, Elisa livre, en pieces detachees, une dizaine de ces histoires fremissantes, en consultant souvent Ie public pour savoir si c;a marche, s'iI y a assez de details et surtout si Ie frisson est au rendez-vous. Elle tend aussi au public Ie meme miroir dans lequel elle suit les progres de son epiderme pour que Ie spectateur puisse se reconnaitre dans ce personnage dont la sante depend de l'amour vecu et surtout bien raconte. Les paroles se bousculent. Se rappellent avoir ete des perceptions de parfwns, de sons et de couleurs. Puis les mots d'amour basculent en souvenirs perceptibles et les images creees par leur agencement permettent aElise de rajeunir et memes de repartir azero. Carole Frechette a ecrit ce beau texte dans Ie cadre d'un projet de creation intitule «Ecrire la ville ». Apartir d'interviews menes avec dix Bruxellois et Bruxel10ises prets alui livrer des souvenirs amoureux rattaches ades Heux precis de leur ville, l'auteure a produit un texte d'une grande originalite et d'une grande force. Et qui donne des frissons_ Suivant une formule mise au point dans ses nkits autobiographiques, Michel Tremblay, dans Encore unefois, si vous permettez (Lemeac), nous fait revivre, en neuf temps, la gestation de sa relation avec sa mere, modele de 1a grosse femme et muse de toute I'ceuvre de son fils dont elle forma l'ame creatrice. CeUe piece adeux personnages, ecrite pour feter les trente ans des Belles-s(Eurs et les cinquante ans du theatre du Rideau Vert, met en scene Rita Lafontaine, comedienne fetiche de Tremblay, et Andre Brassard qui joue, en plus de son role habituel de metteur en scene,le narrateur-auteur de dix avingt ans. NOllS sommes en pays de connaissance, devant une Nana «dramatique» qui trouve que «les affaires sont jamais assez interessantes pour qu'on les conte telles quelles» et qui se lance dans de grands monologues ou elle analyse, dans Ie detail et avec des exagerations epiques, des evenements aussi disparates que Ie minable recital de ballet de sa niece Lucille et Ie jeu sublime d'Huguette Oligny dans une piece de Tchekhov. Vers la fin, consciente de l'effet produit sur son fils, Nana exprime Ie regret de l'avoir trop laisse rever. Tremblay saisit l'occasion pour rendre hommage asa mere: «Tout ce que j'ai, j'Ie tiens de toi l Moi aussi chus dramatique, moman, moi aussifme fais des grands monologues pour m'etourdir, moi aussi chus pret ame moquer de tout pour eviter de faire face aux choses! C'est pas un defaut, moman, c'est une qualite, pis c'est peut-etre c;a qui va me sauver ! » Ala toute fin, Ie narrateur utilise son«art» pour « sauver)} sa mere qui se meurt d'un cancer, en lui reservant une sortie on ne peut plus theafrale, dans la lignee directe de 1a pastorale et de la piece amachines: «Une magnifique musique se fait entendre [...] pendant que des cintres et de 1a coulisse surgit un superbe decor en trompe-l'ceil, machineries et fausses perspectives, representant la plaine de THEATRE 425 Saskatchewan avec, au fond, un lac dont les vagues bougent.}) Nana decouvre l'envers du spectacle, mais Ia magie y est toujours, puisqu'elle va manter au del, dans les dntres abord une nacelle de rotin, soutenue par une enorme paire d'ailes. Bel hommage d'un auteur qui reconnait ses sources. Jean-Claude Germain remonte, quant a lui, aux sources memes de l'histoire du theatre quebecois dans sa nouvelle piece, Le miroir aux tartuffes (Lanctot) au des extraits d'ceuvres de Marc Lescarbot, de Moliere et de Joseph Quesnel emaillent Ie texte d'un auteur contemporain fictif qui fait jouer asa troupe un divertissement qui presente ala societe qw?becoise un miroir pour lui permettre de comprendre, au moins Ie temps d'une soiree, aquelpoint Ie theatre est vital. Car telle est la these de Germain qui fait dire aLescarbot que «Ie Nouveau Monde est un mirage et [qu']il va Ie demeurer tant qu'on l'aura pas cauche par ecrit dans Ie lit d'un.livre ou d'une piece de theatre ». Ensuite, Germain imagine que Frontenac, aqui Monseigneur de Saint-Vallier a interdit, en 1694, de manter Ie Tartuffe de Moliere, fait jouer un extrait de la piece dans ses appartements car il croit, dit-il,«comme Moliere qu'une societe sans theatre est une societe sans miroir ». Enfin, c'est un autre genre de tartufferie que I'on trouve dans 1a comedie de Joseph Quesnel, L'anglomanie au Ie souper al'angZaise, publiee en 1805. Quelques extraits nous font voir Ie ridicule de ses personnages dont seuies les manieres anglaises sont dignes d'imitation. Enfin, des extraits de l'operette Colas et CoIinette (1808), jusqu'en 1860, la piece la plus «populaire » du repertoire (elle a ete jouee six fois !) vont clore ce retour au passe. Jean-Claude Germain, qui nous a habitues aun theatre gouaillant, fanfaron, riche en allusions intertextuelles, reflechissant sur lui-meme, comme dans Un pays dont la devise est je m'oublie, ne de~oit pas. Son «charivari)}, une soiree de theatre dans Ie theatre qui en derangera plus d'un par Ie bruit tumultueux des huees dirigees contre Ie pouvoir, est aussi, en d'autres moments, une sarabande joyeuse OU les comediens font revivre divers personnages qui ont marque, surtout en retrospective, l'histoire theatrale duQuebec. Une comedie d'un autre ordre et resolument moderne, A la gauche de Dieu (Prise de parole) du dramaturge franco-ontarien RobertMarinier, nous fait visiter dix chambres acoucher dans divers domiciles en compagnie d'une agente d'immeuble et de son amant qui profitent de l'absence des proprietaires pour faire acte de presence dans leur lit. Ce qui commence dans Ie plaisir d'un lit defait se termine, au dixieme episode, devant un lit nu, sans drap, alors que les amants, resignes, attendent que mantent les rejoindre leurs conjoints et enfants qui soupc;onnent un peu que quelque chose de pas tres catholique vient de se produire. Beaucoup de passion dans ces rencontres, beaucoup d'humour aussi, car Robert Marinier sait manier les dialogues au Ie quotidien fait echo au cinema. Par exemple,«Elle» reve depuis des annees aBetty Davis tandis que « Lui» fantasme au 426 LETTRES CANADIENNE5 1998 sujet d'un film de Preston Sturgess, imaginant que leurs conjoints se retrouveraient, deviendraient arnants eux aussi, et qU'une fois l'affaire connue, que tous se mettraient a rire. Si les personnages, a la fin, ne trouvent pas drole d'etre obliges de renoncer aleur passion, les spectateurs conservent leur sourire devant cette piece mettant en scene deux grands enfants qui jouent au Monsieur et ala Madame dans des lits empruntes. * * * Le monde de I'enfance est evoque dans un cadre a la fois paisible et epouvantable par Louise Bombardier qui, dans Le champ (Lanctot), plante trois persOImages sans nom mais ires individualises :un enfant, un homme et un gnome, qui fait Ie pont entre les deux. D'abord }'enfant, venu d'on ne sait au ill depuis quand, les pieds blesses d'avoir trap marche, rencontre, dans un vaste champ de bIe, son premier etre humain. Mais, combIe de malchance, l'homme a l'air farouche, Ie regard dur et, sans parler, menace Ie nouvel arrivant de son fusil. AI'exterieur de sa cabane d'OU proviennent de multiples sons animaux, allant du glapissement au ronronnement, il garde attache un gnome reduit presque ai'etat de bete. Vne etrange amitie se noue entre l'enfant et cet etre, les deux etant de la meme tailIe et ayant la meme soif d'affection. Tout autour grondent les bruits d'une guerre sans treve livree aux animaux sauvages qui se font litteralement prendre au piege dans eet etrange champ de bataille. L'homme pourtant 5i mena<;ant se revele l'ami des betes,'les sauvant quand il peut, les enterrant quand leurs blessures les emportent. L'homme si tendre avec les petits blesses cache sa propre vulnerabilite derriere un mutisme agressif, fon;ant l'enfant adialoguer avec lui-meme pour tenter de percer Ie mystere de I'existence hurnaine. Texte etrange ou les didascalies poetique5 (<< Lumiere: celle de la memoire »; «une rumeur animale, au plutot sa metaphore») introduisent des scenes dignes du theatre de I'absurde ou un homme en tire un autre par une corde alors qu'au loin les coups de feu se multiplient jusqu'a ce que Ie champ soit finalement reduit aun cimetiere au l'homme ira rejoindre ses animaux bien-aimes. L'enfant se verra donc oblige, comme nous tous d'ailleurs, de continuer sa route sans avoir reussi adejouer Ie mecanisme de sa vie piegee. Une histoire plutot sombre qui donnera des cauchemars aux petits. Beaucoup plus rassurante est l'histoire mise en scene dans La chaise perdue (Editions d'Acadie) de Luc LeBlanc et Louis-Dominique Lavigne. Mathieu, inconsolable depuis Ia mort de son grand-pere, s/est barricade dans sa chambre avec sa tristesse et une lettre de sympathie de Sophie qui termine enecrivant:« Ilove YOU», envoi qui a pour eifet d'irriter profondement Ie destinataire de cette declaration. Son grand-pere lui a laisse en heritage une vieille chaise sur laquelle Mathieu s'asseyait pour ecouter les histoires racontees au lues par son aieul, y compris celles qui se trouvent THEATRE 427 dans un beau livre ou il est question de valeureux chevaliers, d/une belle princesse et d'un vilain dragon. Pour tenter d/oublier son grand-pere, et surtout Ie chagrin que sa mort lui cause, Mathieu lance Ia vieille chaise dans Ie fond de l'armoire au s'entassent des jouets qui ne l'interessent plus. Mysterieusement, I'armoire se met a bouger, la voix du dragon se fait entendre et Mathieu entre dans I'armoire au il decouvre une fenetre ouverte qui Iaisse entrer Ie vent qui fait bouger la chaise, entrainant Mathieu malgre lui dans d'etranges aventures ou, camme il fallait sly attendre, la realite se transforme en reve et les objets-temoins de son passe heureux - les jouets - comme celm de son malheur present - Ia chaise reparaissent dans les mains de personnages hauts en couieUr qui ressemblent etrangement a sa maitresse d'ecoIe, au maitre de musique, au depanneur du coin et aSophie. Comme dans Ie livre de contes qu'il a rec;u de son grand-pere, Mathieu rencontre une serie d'obstacles, rec;oit trois objets accompagnes de formules rnagiques, et une lettre de son grand-pere qui lui ecrit: «Je suis prisonnier de ta peine, Mathieu. Un jour ou }'autre, il faut accepter de combattre son dragon! Viens me delivrer!» Mathieu reussit done afaire mourir (de rire) Ie dragon qui empechait son grand-pere de reposer en paix et de sauver la princesse aqui il n'a plus peur de dire:« I love you. »Cette piece forte, intelligente et chaleureuse devrait connaltre un franc sucees dans les ecoles, tant aupres des jeunes qui ont des deuils a vivre qu'aupres des enseignants et des enseignantes qui vont se rejouir de la qualite du texte. *** La decouverte de l'annee est la publication d'une piece hors eategorie, longtemps cru perdue, d'un jeune Pascal Poirier (1852-1933) qui devint, a la fin du siecle dermer, Ie premier senateur acadien. Sa piece, une tragedie en cinq actes et en vers intitulee Les Acadiens aPhiZadeZphie (Editions d'Aeadie), a eu sa premiere aOttawa en 1875, lors d'une soiree benefice au cours de laquelle on a recueilli 1a somme, enorme pour I'epoque, de 1 240 $ pour veniT en aide aux emeutiers de Caraquet qui avaient proteste contre la 10i King qui interdisait I'enseignement du eatechisme. Cette premiere publication de la·piece, conservee dans les archives des peres eudistes de Charlesbourg, et deposee en 1979 au Centre d'etudes aeadiennes de l'Universite de Moncton, revele une CEuvre dejeunesse (I'auteuravait vingt-trois ans). Dans un style evoquant par moments celui de Corneille, mais frisant aussi Ie melodrame, elle met en scene un noble vieillard et ses valeureux enfants pris dans un. mortel combat entre honneur, passion et trahison sur fond du Grand Derangement. Parmi les prisonniers acadiens aPhiladelphie , prives de nourriture et menaces d'etre vendus en esc1avage, Rene LeBlanc et sa fiUe Marie attirent l'attention du gouverneur Morris, l'un par son courage, l'autre par sa beaute. La jeune fille, deja fiancee, forcee par la 428 LETTRES CANADIENNES 1998 ma1veillance de Elder, conseiller du gouverneur, achoisir entre la mort de son pere et le mariage avec Morris, faiblit. Mais Ia trahison de Elder, qui poignarde Ie vieillard, entraine aussi sa mort et celle du gouverneur. Marie, sauvee par son frere Jacques, retrouve son fiance et les jeunes gens accompagneront 1a depouille de Rene LeBlanc en Acadie. Nous devons l'edition de'cette piece du patrimoine aJudith Perron qui la fait preceder d'une introduction et qui, dans le genre de l'edition critique, met en ceuvre un appareil permettant de tenir compte des biffures, des passages juges illisibles et des variantes retrouvees dans les marges du manuscrit. EIle a aussi normalise l'orthographe de certains mots ainsi que I'usage des accents et des signes typographiques. Apart quelques phrases ou j'ai l'impression qu'elle a mallu Ie texte,l'edition est de toute evidence fidele au rnanuscrit. Enfin, presque enpost-scriptum, nous trouvons une deuxieme piece inedite de Pascal Poirier, Les accordailles de Gabriel et d'Evangeline, «saynete champetre» qui n'a qu'une valeur documentaire. *** Les Editions du Boreal viennent de faire paraltre, dans leur tres utile collection « Les classiques quebecois expliques» qui s'adresse aux professeurs, aux eleves du collegial et aux etudiants du premier cycle universitaire, deux etudes de pieces de Michel Tremblay. Yves Jubinville a choisi Les belles-slEurs et Louise Vigeant, A toi, pour toujours, fa Marie-Lou. Une meme grille decoupe les analyses en trois parties: 1) Acces aI'ceuvre; l'auteur, l'ceuvre dans la litterature quebecoise, Ie contexte, la forme et Ie genre, les seuils; 2) etude de I'CEuvre: la structure et la composition, les themes et les motifs, I'ecriture, Ie fond et la forme; 3) synthese :dissertation, exposes et debats, la reception critique de l'ceuvre et propos de l'auteur, bibliographie. Yves Jubinville m'a paru particulierement inspire lorsqu'il analyse deux metaphores structurantes: Ie ceremonial de la messe et la metaphore baroque du theatrum mundi. Louise Vigeant, pour sa part, ouvre d'interessantes pistes de reflexion lorsqu'elle analyse la didascalie initiale, l'incipit, ainsi que les figures du discours. Les deux etudes se fondent sur la theorie dramaturgique conternporaine et donnent Ie gout de relire les textes ala lumiere de leurs analyses. Cela devrait inciter les professeurs a mettre ces pieces au programme. OUVRAGES RE(:US Allen, Michelle, Le jeu des oisea!lx, Lanctot editeur, Outremont, 128 p., 12,95$. Archambault, Fran<;ois, Quinze secondes, Montreal, Lemeac, 84 p., 11,95$. Bombardier, Louise, Le champ, Outremont, Lanctot editeur, 68 p., 11,95$. Bouchard, Michel Marc, Le chemin des passes-dangereuses, Montreal, Lemeac, 96 p., 12,95$· Chiasson, Hermenegilde, Alienor, Moncton, Editions d'Acadie, 105 p., 12,95$. SCIENCES HUMAINES 429 Frechette, Carole, Les quatre morts de Marie, Montreal, LemeaclActes Sud. -, La peau d'Elisa, Montreal, Lemeac/Actes Sud,}2 p., 9,95$. Germain, Jean-Claude, Le miroir aux tartuffes. Un charivari quebecois, Outremont, Lanctot editeuT, 1}5 p., 12,95$. Jubinville, Yves, Une etude de « Les belles-scrurs », Montreal, Boreal, 115 p., 12.95$. LeBlanc, Luc et Louis-Dominique Lavigne, La chaise perdue, Moncton, Editions d'Acadie, 67 p., 9,95$ Marchessault, Javette, Madame Blavatsky, spirite, Montreat Lemeac, 100 p., 12,95$. Marinier, Robert, Ala gauche de Dieu, Sudbury, Prise de parole, 107 p. Poirier, Pascal, Les Acadiens it Philadelphie suivi de les accordaiIles de Gabriel et d'Evangeline, Moncton, Editions d'Acadie, 129 p., 19,95$ Ricard, Andre, Les champs de glace, Montreat VLB editeur, 11} p., 14,95$. Soldevila, Philippe et Simone Chartrand, Le miel est plus dOllX que Ie sang, Montreal, VLB editeur, 245 p, 21,95$· Tremblay, Michel, Encore unefois, si VOllS permettez, Montreal, Lemeac, 72 p, 10,95$. Vigeant, Louise, Ul1e etude de « Atoi, pour toujours, ta Marie-Lou)}, Montreal, Boreal, 129 p., 12,95$· Sciences humaines Pierre Nepveu, Interieurs du Nouveau Monde: essais sur les litteratures du Quebec et des Ameriques Montreal, Boreal, colI. Papiers colles, 384 p., 27,95$ Gaetan Brulotte, Les cahiers de Limentil1us: lectures fin de siccle Montreal, XYZ editeur, colI. Documents, 352 p., 16,95$ Les ouvrages de Pierre Nepveu sont bien connus tant au Quebec qu'a l'etranger. Auteur de nombreux essais, de recueils de poemes et de romans, Nepveu represente une des voix les plus stimulantes et influentes dans Ie dornaine des lettres quebecoises contemporaines. A cette ceuvre deja imposante vient s'ajouter un essai magistral, Interieurs du Nouveau Mande, qui a merite Ie prix du Gouverneur general en 1999. C'est d'abord par son originalite que cet essai se dernarque. Car si .le theme de l'Amerique a suscite ces dernieres annees plusieurs etudes etoffees , celle de Nepveu apporte un ec1airage nouveau sur une des grandes problematiques de notre epoque. Original, l'ouvrage l'est tout d'abord par Ie choix des ceuvres abordees puisqu'il s'agit des litteratures du Quebec et des Ameriques. Or c'est la premiere fois, a rna connaissance, qu'un critique se penche sur certaines visions de l'americanite telles qu'elles se revelent dans les textes d'ecrivains quebeCOiS, americains, franco-ontari~ns et haltiens. Sans nommer tous les auteurs etudies, il est utile de preciser que Ie livre se divise en trois parties. La premiere, intitulee « Recluses», se ...

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