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Lettres canadiennes 1998 SODS LA DIRECTION DE MICHEL LORD. Roman 1 / PIERRE KARCH Avant de presenter la production romanesque de 1998, je dois d'abord confesser que je n'ai tenu compte que des livres re<;us, ce qui reduit sensiblement la valeur de monhypothese. J'avance tout de meme que deux courants me paraissent plus caracteristiques de cette annee: il ya d'un cote les romans de l'enfermement (prison ou asile), de l'autre, ceux de la liberation de soi grace aune spiritualite qu'on croit renouveler en ne lui donnant pas toujours de nom precis, ce qui la distingue d'un engagement religieux qu'on semble voir comme un carcan, ce qui nous ramenerait aune autre sorte d'enfermement. Les autres romans trouvent leur place dans des moules plus profonds, plus anciens, soit ceux du polar, du roman d'apprentissage, du roman historique, politico-social ou autobiographique aforte dose d'overdose. ROMANS DE L'ENFERMEMENT Le plus remarquable dans Ie dernier roman de Bruno Roy, Les calepins de Julien (XYZ editeur), c'est sa fac;on de nous presenter les «orphelins de Duplessis» comme a dules voir Ie journaliste Gaston Pellerin qui longe les couloirs de la creche Saint-Paul eprouvant« une vague nausee)} devant un tableau aussi horrible. lei, des personnages historiques (Maurice Duplessis, Ie cardinal Leger) cotoient les personnages fictifs dont certains rappellent des gens qui ont passe al'histoire. Je pense entre autres aGaston Pellerin dont les initiales sont celles de Gerard Pelletier qui a decouvert, en 1950,les«images insoutenables» qu'il decritdans Lesannees d'impatience 1950-1960. Ce sont ces images qu'anime Bruno Roy en les peuplant de sadiques, de pedophiles et de profiteurs. L'opposition au la resistance vient d'un pretre, d'une maItresse lalque au grand cceur et de quelques religieuses qui marchent sur Ie leur pour ne pas s'apitoyer plus qu'il ne faut sur des destins qu'on juge moins importants que les briques des institutions qui les enferment. Le lecteur suit l'un de ces destins, celui de Julien Lenoir qui echappe ala folie par I'ecriture. .UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 69, NUMBER 1, WINTER 1999/2000 360 LETTRES CANADIENNES 199B Un « roman d'amour», lit-on sur la couverture de Marie-Helene au mois de mars (Triptyque) que signe Maxime-Olivier Moutier qui tient a preciser, dans une note, gu'il n'est « ni un biographe ni un historien», meme si Ie gros de ce recit, ecrit alors qu'il etait« interne al'h6pital Saint-Vincent-dePaul de Sherbrooke », en 1995, est raconte ala premiere personne par un certain Maxime, lui-meme interne a ... Le lecteur n'a pas adeterminer la part de verite dans ce roman. II lui suffit d'y reconnaltre assez d'authenticite et de vraisemblance pour etre fascine par Ie recit bien mene du sejour volontaire du narrateur dans un institut psychiatrique au it espere retrouver assez de paix interieure pour,poursuivre une vie, somrne toute ordinaire , qui I'a pourtant tout afait deboussole. Au moment ou il mesure la distance entre les faits et sa reaction aux evenements, Ie narrateur, sur la voie de la guerison, s'ecrie : «rai envie [...] de me rentrer la tete dans un refrigerateur et de refermer la porte plusieurs fois de suite, question de me rafraichir les idees}). Cela fait, il reconstruit son passe, irnrnediat d'abord, mais ensuite tout son passe, depuis sa petite enfance. C'est ainsi que Ie personnage retrouve son unite et assez de patience pour faire face al'idiotie des autres et attendre l'heure de sa liberation. ROMANS DE LA LIBERATION DE 501 Les blonds de type seandivane ont de quoi plaire aux femmes, dit-on. Mais lorsque Lenore, sur 1a cote Nord pour s'y donner 1a mort, renconLTe un Indien de }'Ouganda, elle reprend gout a1a vie et Ie ramene aQuebec comme un souvenir de voyage. Si Jacques Poulin, par exemple, avait ecrit La Matamata (L'instant meme), Ie roman aurait pu se terminer sur ce retour qui boucle un trajet. Mais France Ducasse a I'espritplus tordu. C'est apartir de cet instant meme que les chases se compliguent, avancent dans toutes les directions a la foist meme si cela veut parfois dire reeuler. lei, on retrouve Ie milieu familial de Lenore ou Solange, sa seeur infirme, occupe trop de place. La, on decouvre l'Inde de Thomas-Mann alias Manu, OUt par hasard, Ie destin de Lenore croise celui de sa fille, Linda, tentee comme elle par Ie suicide. Pour compliquer les choses, deux voies narratives tricotent Ie recit, I'une aussi importante que I'autre. Et entre les rnailles, Ia Matamata, la tortue rouge qui, comme « Ie masque de la Mort rouge » d'Edgar A. Poe, guette et attend I'heure OU on laissera tomber l'une d'elles pour mettre Ie feu au tissu familial. La proie des autres (XYZ editeur) est Ie premier roman de Daniel Pigeon, rnais non pas son premier livre, puisque l'auteur s'est deja fait une reputation enviable comme nouvelliste (Hemispheres etAbsurderies ant paru chez Ie meme editeur, dans la collection defunte« L'ere nouvelle »). Nicole et Robert forment un couple aussi ordinaire que leurs noms, mais ils ont une fille cornpliquee dont les reves s~nt, pour elle, une « seconde vie», pour reprendre l'expression de Gerard de Nerval. Le lecteur passe d'une vie a ROMAN 361 l'autre, du Quebec au Bresil, d'une culture mondiale aune culture tribale, celle des autres qui semblent avoir trouve en Sophie leur « proie », d'OU Ie titre de ce roman qui est une decouverte. Si Dieu a garde Ie silence depuis les enseignements du Christ, ce n'est pas paree qu'il est mort comme I'ont pretendu certaines mauvaises Iangues; c'est qu'il etait en conge sabbatique. Le journaliste de Fran<;ois Harvey Ie retrouve et Ie fait sortir de son repos. Dieu, apprend-on, n'est plus tout a fait celui de }'Ancien Testament; e'est un Dieu post-Warhol qui a droit ases quinze minutes de gloire. On fait done de lui une vedette et c'est pourquoi on lui accorde un entretien. Ce sont plus ou mains les premisses de L'interview avec Dieu. Manifeste pour un troisieme millenaire (Triptyque). Cela aurait pu donner un roman fort amusant. Mais ce que nous avons ressemble as'y tramper aun petit catechisme, apeine nouveau genre ou les questions «(Qu'est-ce que Ie bien?», « Est-ce que Ie peehe existe?»,« Sommes-nous immortels?», «Pourquoi souffrons-nous?», «Qu'est-ce que la religion? ») sollicitent des reponses sibyllines que d'aucuns jugeront poetiques, car Ie principe de Dieu, qui se prononce sur la metaphysique, la morale, la religion, la politique, la medecine, I'economie et les questions sodales de l'heure, est Ie suivant: «Ie donne aqui la veutla comprehension de mes vers ». Cela etant, chacun en retirera ce qu'll peut. Sur la couverture, deux lignes se croisent: l'illustration, que l'on doit al'auteur, dit tres bien, mais de fa<;on visuelle, ce qu'est une interview. POLAR5 Trois enfants ant disparu alors qu'ils revenaient de l'ecole Hillary de Khumjung. La population locale « eroit qu'ils ant ete enleves par Ie yeti», un animal diabolique mieux connu sous Ie nom d'abominable homme des neiges. Le petit Bouddha confie au heros du roman de Daniel Saint-Onge, Trekking: une aventure de Michel Q'Toll au Nepal (Triptyque), qui doit se rendre dans Ie Solu Khumbu, une mission impossible, celle de decouvrir Ie vrai coupable. Ce qui suit est un recit captivant ou les descriptions pittoresques et exotiques rivalisent avec ce que Jules Verne a fait de mieux. Quant au heros, deja connu des lecteurs de Llanganati: une aventure de Michel O'toll en Equateur (1995), il bent a1a fois de James Bond par son audace, de Nestor Burma par son pouvoir de seduction (Bimla, Pamela, Marie Vestal, chacune atour de role) et son franc parler qui lui fait dire de dures verites a des hommes puissants mais sans scrupules, d'Hercule Poirot et de Sherlock H

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